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«Mediapart» aussi veut sa «chaîne d'info en continu»

Le site d'information d'Edwy Plenel a encore gagné des abonnés en 2017. Une année bouclée sur un résultat net supérieur à 2 millions d'euros.
par Jérôme Lefilliâtre
publié le 6 mars 2018 à 16h01

Pour Edwy Plenel, 2017 n'a pas forcément été de tout repos. Mais pour Mediapart, le site d'information que le journaliste a cofondé, cette année électorale s'est encore traduite par un exercice en croissance. «Les résultats sont très bons», se félicite le patron de Mediapart, qui organisait ce mardi sa conférence de presse annuelle. Au 31 décembre, le site comptait 140 426 abonnés numériques, contre un peu plus de 130 000 un an plus tôt. Quant au chiffre d'affaires, il est passé de 11,6 millions à près de 13,7 millions d'euros. Logiquement, l'entreprise de 83 salariés a renforcé sa rentabilité. Le résultat courant, qui doit faire rêver beaucoup de patrons de journaux, s'est établi à 2,5 millions d'euros, contre 2 millions en 2016.

Les polémiques de fin d'année autour de Tariq Ramadan et avec Charlie Hebdo n'ont pas affecté la marche en avant de Mediapart, selon Plenel. Si le site est redescendu après avoir approché la barre des 150 000 abonnés au plus fort de la campagne présidentielle, c'est la conséquence naturelle d'un ralentissement lié à une actualité moins forte au second semestre. «L'effet a été moins brutal qu'en 2012 après l'élection de François Hollande. On avait fait une année flat [plate, ndlr]», se souvient le président de Mediapart, adoptant pour l'occasion un langage d'entrepreneur.

Un duo à la tête de la rédaction

Dix ans après sa création, le site d'information – qui fêtera mi-mars son anniversaire avec un festival au Centquatre à Paris – ne sombre pas, malgré son succès, dans l'attentisme. Il a franchi un cap important de son histoire ce lundi en remplaçant son directeur éditorial. On ne parle pas ici d'Edwy Plenel, qui n'évoque même plus l'éventualité de son départ, mais de François Bonnet, qui faisait tourner la rédaction depuis dix ans. «Il faut changer sinon on tombe dans l'automatisme et la pensée réflexe», estime ce dernier. Un duo de journalistes œuvrant à Mediapart depuis les origines lui succède : Carine Fouteau, 43 ans, et Stéphane Alliès, 39 ans. Ces deux-là promettent notamment plus d'enquêtes dans les secteurs de la santé, l'environnement et le sport.

François Bonnet, l'un des quatre cofondateurs, ne quitte pas l'entreprise pour autant. Il va superviser la mise en place, espérée d'ici la fin 2018, d'une «Mediapart TV», une «chaîne d'info en continu» devant notamment être diffusée sur les box des opérateurs télécoms. «La logique de ce projet est de multiplier les canaux de diffusion, d'attirer d'autres publics», explique François Bonnet, qui prévient : «Ce ne sera pas gratuit.» Reste à savoir qui paiera. Les téléspectateurs, directement ? Ou les opérateurs, sous forme de redevance versée à Mediapart ? Imaginer les milliardaires des télécoms et des médias, les Xavier Niel (Free), Martin Bouygues (Bouygues Telecom) et autres Patrick Drahi (SFR, propriétaire de Libération), cibles préférées du discours d'indépendance de Plenel et ses associés, en venir à rémunérer Mediapart ne manque pas de sel… Dans son discours, François Bonnet ne prononce que le nom d'Orange pour l'instant.

Quant à la question de sa structure juridique, que l'entreprise veut faire évoluer pour «sanctuariser» son indépendance, Mediapart en saura davantage fin avril au plus tard. L'administration fiscale a jusqu'à cette date pour dire si elle valide la proposition de l'entreprise de se transformer en «fonds pour la presse libre». Inspirée des fonds de dotation pouvant recevoir des dons défiscalisés, cette forme d'organisation à but non lucratif est soutenue par les quatre cofondateurs, propriétaires de 42% du capital, qui souhaitent en transmettre la propriété à l'entreprise. A défaut, ils étudient l'opportunité d'une évolution en société coopérative.

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