“Non à la stigmatisation des Comoriens dans la crise à Mayotte”, “Non aux exactions à Mayotte contre les Comoriens”, pouvait-on lire sur les banderoles des quelque 200 manifestants samedi 24 mars, décrit Al-watwan.

Ils étaient réunis à l’appel d’organisations de la société civile et d’artistes, alors que Mayotte est paralysée depuis un mois par un mouvement de contestation sociale. Ce dernier est largement nourri par le phénomène d’immigration clandestine constante en provenance des trois îles comoriennes voisines, où le revenu moyen par habitant est treize fois inférieur à celui du département français.

“Implosion sociale inévitable”

Parmi les responsables qui ont pris la parole, Fatuma Eliyas, présidente de la plateforme Femmes en politique, “n’y est pas allée de main morte”, souligne le quotidien comorien. “Elle a blâmé la politique française à Mayotte, en dressant un tableau chaotique du ‘département français le plus pauvre’.” Les natifs de l’archipel représentaient en 2015 42 % de la population mahoraise, et sont accusés de tous les maux par les habitants de l’île.
“L’implosion sociale était inévitable”, selon la militante, qui juge :

Mayotte renvoie l’image d’un pays sous-développé où flotte le drapeau bleu, blanc, rouge.”

Dénonçant la “traque des Comoriens” et la “politique du chiffre” des autorités françaises pour les expulsions, elle a appelé à mettre fin aux conflits entre citoyens, parce que “les deux communautés ne peuvent pas s’ignorer, elles ont un passé commun, et sont liées par le sang”.

“Déboires” de la France

Colonie française depuis le XIXe siècle, l’île de Mayotte a fait le choix de le rester, alors que les trois autres îles des Comores ont accédé à l’indépendance en 1974. En 2011, Mayotte est devenue le 101e département français.

Lors du rassemblement, le président du mouvement de jeunesse comorien Ngo’shawo, Aït-Ahmed Djalim, ne s’est pas privé non plus d’attaquer l’ex-puissance coloniale :

Que la France assume les déboires de sa politique à Mayotte et ses responsabilités devant ces exactions et ces crimes.”

Le leader s’en est aussi pris à “la politique de lâcheté des autorités comoriennes” qui ont décidé de détruire les usines de fabrique des kwassas (frêles embarcations comoriennes) et de lutter contre le flux migratoire. “Certains de nos dirigeants sont sous la botte de la France”, a-t-il dénoncé.

Moroni refuse d’accueillir les expulsés comoriens

Pour tenter de faire baisser la pression sociale, les autorités de Mayotte ont récemment procédé à plusieurs centaines d’expulsions de personnes en situation irrégulière en direction des Comores.

Mais, le 21 mars, le gouvernement de l’archipel a décidé “de prendre le problème à bras-le-corps en refusant que des Comoriens expulsés de Mayotte soient débarqués” sur ses îles. Une décision qui fait “l’unanimité auprès du peuple, des leaders et des partis politiques”, selon un autre article d’Al-watwan.