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Sous pression, Donald Trump envisage de rejoindre le traité de libre-échange transpacifique

Un an après son désengagement de l’accord négocié par Barack Obama, le président américain pourrait bien y revenir, sous condition

Par  (New York, correspondant)

Publié le 13 avril 2018 à 03h08, modifié le 13 avril 2018 à 10h30

Temps de Lecture 4 min.

Le président américain Donald Trump dans les jardins de la Maison Blanche, le 12 avril, à Washington.

L’annonce n’est pas officielle, mais c’est tout comme, Donald Trump ayant évoqué le sujet avec des élus à la Maison Blanche. Un an après avoir désengagé les Etats-Unis du Partenariat transpacifique (TPP), le président américain a expliqué, jeudi 12 avril, avoir demandé à ses collaborateurs, le représentant au commerce, Robert Lighthizer, et son nouveau conseiller économique, Larry Kudlow, d’examiner s’il était possible de rejoindre le TPP. « A nos conditions, bien sûr », aurait-il précisé. Cet accord de libre-échange, négocié sous Barack Obama, n’avait pas pu être ratifié par le Congrès, faute de majorité. La candidate démocrate, Hillary Clinton, s’était déclarée contre. Donald Trump, qui avait accusé ce traité d’être « poussé par des intérêts particuliers qui veulent violer [leur] pays », avait fait de sa suppression un de ses premiers actes politiques, le 23 janvier 2017.

Isolement

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Donald Trump ou la tentation du protectionnisme

Promesse de campagne qui se heurte aujourd’hui à la stratégie de Donald Trump. Vis-à-vis de la Chine, d’abord. Le texte, signé en février 2016, rassemblait douze pays du pourtour pacifique (Etats-Unis, Canada, Mexique, Chili, Pérou, Australie, Nouvelle-Zélande, Japon, Singapour, Brunei, Malaisie, Vietnam). Il incarnait le pivot asiatique de Barack Obama et visait à encercler Pékin. M. Trump s’est, depuis, lancé dans une attaque tous azimuts contre la Chine, accusée de violer la propriété intellectuelle américaine. Mais il est seul dans son offensive, même si ses griefs sont largement partagés chez les Occidentaux.

Face à cet isolement, revenir dans le TPP constitue un retour à la stratégie de l’encerclement de son prédécesseur. Cité par le Washington Post, le sénateur du Nebraska Ben Sasse a résumé la position des républicains partisans du libre-échange : « La meilleure manière de repousser les tricheries de la Chine serait de prendre la direction des onze autres pays du Pacifique qui croient à l’Etat de droit et au libre-échange », a-t-il jugé. Car le TPP contenait de nombreuses clauses favorables aux Etats-Unis et résolvait même une partie des griefs de l’administration Trump contre l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) avec le Canada et le Mexique, en cours de renégociation. Il introduisait un début d’exigences sociales pour le Mexique et réduisait les obstacles à l’industrie automobile.

Les Mexicains et les Canadiens se défendent farouchement face à Donald Trump. Le Canada a attaqué les pratiques commerciales américaines devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en janvier et, surtout, rejoint le TPP, que l’on croyait moribond, mais que le Japon a fait renaître.

Fermiers exaspérés

Cette stratégie commerciale exaspère les fermiers américains du Midwest, qui ont fait l’élection de Donald Trump. Or ceux-ci sont de grands exportateurs, vers le Canada et le Mexique, mais aussi la Chine. Ils sont furieux de la politique commerciale de Trump, à six mois des élections de mi-mandat, d’autant que leur revenu, au plus bas depuis dix ans, devrait baisser de 6,8 % en 2018, selon le ministère de l’agriculture. D’une manière générale, l’offensive sabre au clair de Donald Trump, menée à la fois contre la Chine et tous ses alliés, suscite un tollé dans les milieux d’affaires et une grande partie des élus.

Mais un retour dans le TPP provoquerait la colère des cols bleus, comme le montre la déclaration, sur Twitter, du patron du syndicat AFL-CIO, Richard Trumka, immédiatement après l’annonce de jeudi : « Le TPP a été tué parce qu’il trahissait les travailleurs américains, et il devrait rester mort. » Et les ouvriers des Etats désindustrialisés de la Rust Belt (« ceinture de rouille ») ont, eux aussi, plébiscité Donald Trump en 2016.

Faut-il voir dans la réunion de jeudi à la Maison Blanche un changement d’axe politique majeur ? Nul ne le sait. Donald Trump avait déjà, par le passé, lancé quelques perches sur le TPP : « Nous pourrions envisager de négocier [avec les pays du TPP] soit individuellement, soit peut-être en groupe, si c’est l’intérêt de tous », avait-il dit au Forum économique de Davos en janvier. La moitié des sénateurs républicains lui avaient envoyé une lettre cet hiver lui demandant de rejoindre le TPP.

En réalité, entre les négociations multilatérales dans le cadre de l’OMC et des négociations bilatérales, M. Trump préférerait la seconde option. Mais il ne peut s’imposer seul face à la Chine. Il cherche à former une coalition de volontaires, comme celle constituée par George W. Bush pour la guerre en Afghanistan, puis en Irak. Le problème, c’est que M. Trump n’a cessé de maltraiter ses alliés potentiels…

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Les négociations d’accords régionaux sont des plus compliquées. La rumeur avait couru qu’une annonce de préaccord serait faite sur l’Alena lors de la visite de M. Trump au Pérou la semaine prochaine. Mais il n’y aura pas de voyage, guerre en Syrie oblige, et visiblement pas d’accord immédiat. Si la renégociation de l’Alena était enfin scellée, elle servirait de référence aux souhaits des Etats-Unis dans un TPP renouvelé, croit savoir le Wall Street Journal. Le sénateur républicain de l’Arizona Jeff Flake, très critique de Trump, a trouvé le mot de la fin (provisoire) : « Si cela tient jusqu’à cet après-midi, c’est un bon changement. »

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