A l’aide de cette reconstruction, les chercheurs ont notamment pu démontrer que la diminution de la taille de notre bourrelet sus-orbitaire n’est pas directement liée à la pression exercée sur la mâchoire pendant la mastication ou à la place laissée au cerveau. Ces deux explications avaient été avancées par le passé pour justifier la disparition du bourrelet sus-orbitaire. Ces nouvelles observations laissent ainsi la place à d’autres hypothèses, comme les interactions sociales. La diminution osseuse de notre région frontale va de mise avec une augmentation de la mobilité de nos sourcils. C’est ainsi tout le haut de notre visage qui est plus mobile, plus expressif.
Sociabilité accrue
Le mouvement vertical des sourcils serait en effet un messager affectif redoutable, l’homme n’est d’ailleurs pas le seul à s’en servir. Les bonobos, ou chimpanzés nains, sont connus pour nouer plus de liens sociaux avec leurs congénères que leurs proches cousins, les chimpanzés communs. Cette sociabilité accrue est accompagnée d’une augmentation de la mobilité des sourcils et d’une plus grande attention à la zone sourcilière chez le bonobo durant les échanges sociaux.
Selon le directeur du département de l’évolution humaine du Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology, Jean-Jacques Hublin, «ce travail très convaincant bat en brèche l’image «pacifique» qu’on a voulu promouvoir pour «réhabiliter» les hommes de Neandertal et d’autres hominidés à fort bourrelet sus-orbitaire. Cette structure n’a pas d’utilité biomécanique et serait plutôt un signal de dominance et/ou d’agressivité surtout développé chez les mâles».