Le député Jean-Michel Clément bientôt exclu du groupe LREM

Le député a annoncé qu’il voterait contre la loi Asile et Immigration.

 Richard Ferrand, un des premiers fidèles d’Emmanuel Macron, va envoyer un courrier au député pour le convoquer à une réunion spéciale du bureau du groupe.
Richard Ferrand, un des premiers fidèles d’Emmanuel Macron, va envoyer un courrier au député pour le convoquer à une réunion spéciale du bureau du groupe. LCP

    Ce sera une première! Selon nos informations, Richard Ferrand, le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale, s'apprête à exclure Jean-Michel Clément, député LREM. Cet élu de la Vienne, issu des rangs socialistes, a, en effet, annoncé – et confirmé dans nos colonnes - qu'il voterait contre le projet de loi Asile Immigration examiné en première lecture au Palais Bourbon et qui sera voté ce week end. « L'accent de ce texte est principalement mis sur des mesures de police et non sur le premier accueil », explique-t-il.

    Richard Ferrand avait déclaré que « si s'abstenir était un pêché véniel, voter contre un texte était un pêché mortel qui méritait l'exclusion. » Jean-Michel Clément avait alors rétorqué en citant Georges Brassens : « Mourir pour ses idées, il y a pire comme sanction. »

    «On peut s'abstenir, mais pas voter contre»

    Richard Ferrand, un des premiers fidèles d'Emmanuel Macron, va envoyer un courrier au député pour le convoquer à une réunion spéciale du bureau du groupe qui aura vraisemblablement lieu le 9 mai. Jean-Michel Clément aura la possibilité de faire valoir ses arguments. « Des heures de débat ont eu lieu sur le texte Asile Immigration, insiste-t-on dans l'entourage de Richard Ferrand. Et les règles statutaires sont claires : tout le monde peut faire valoir ses raisons mais ensuite c'est la position majoritaire du groupe qui prévaut. Sinon c'est l'anarchie. On peut s'abstenir, mais pas voter contre. »

    Interrogé jeudi sur son avenir en cas d'exclusion, Jean-Michel Clément nous avait répondu que la « question n'était pas d'actualité ». Et d'ajouter qu'il ne se considérait pas comme un « frondeur ». Un ou deux autres députés LREM ayant menacé de voter contre le texte pourraient subir le même sort que l'élu de la Vienne.

    Un texte qui dérange

    Le projet de loi porté par Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur, est au cœur de débats très vifs dans l'hémicycle. Au sein même des élus Marcheurs et de la majorité présidentielle. Mais aussi entre la droite et la gauche. Notamment après le vote par le FN de l'article 5 réduisant de 120 à 90 jours le délai de dépôt d'une demande d'asile. « L'alignement » entre la majorité parlementaire, le Front national et l'aile droite des Républicains est un « tournant » historique, s'exclame Valérie Rabault, présidente du groupe Nouvelle Gauche.

    Le texte devrait être voté ce week-end sur la base d'un scrutin public dans les conditions du vote solennel. Une procédure accélérée pour « que le projet soit transmis au plus vite au Sénat », fait-on valoir à la présidence de l'Assemblée. « Une façon de le faire passer en catimini tellement il est dérangeant pour la majorité », selon l'opposition.