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FRANCE

Avec le premier bain-douche non mixte, les femmes SDF retrouveront leur intimité à Paris

À Paris, les femmes sans-abri souffrent de précarité sanitaire. Mixtes, la quarantaine de bains-douches mis à leur disposition leur offrent peu d'intimité. Le Samu social a décidé d’agir en ouvrant un premier établissement non mixte.

Une femme assise sur un trottoir parisien, entourée de ses affaires, le 8 mai 2006.
Une femme assise sur un trottoir parisien, entourée de ses affaires, le 8 mai 2006. Christophe Simon, AFP
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La voix est assurée et un peu rauque. La voix de l’expérience. Elina témoigne de ses quinze années passées à la rue. Prendre une douche, se reposer ou se protéger pendant les règles sont loin d'être des gestes simples du quotidien pour les femmes sans-abri. "Un jour, j’avais 19 ans, et j’avais mes règles. Je suis allée dans une pharmacie. La vendeuse m’a montré une boîte de serviettes hygiéniques mais je n’avais pas d’argent puisque j’étais à la rue. Ce jour-là, je me suis protégée avec du papier journal."

Vivre dans la rue complique l'accès à l'hygiène, en particulier l'hygiène intime. Pourtant, la ville de Paris met à disposition une quarantaine de bains-douches mais beaucoup préfèrent les éviter. "Quand j’y allais, c’était avec crainte. J’avais peur des hommes", raconte Elina.

>> À lire : le visage des sans-abri

Seulement 10 % de la population qui fréquente les bains-douches à Paris est féminine. Souvent victimes d’un passé violent impliquant des hommes, elles craignent pour leur sécurité dans ces lieux mixtes, qui accueillent depuis leur création, au XIXe siècle, les sans-abri et ceux qui n’ont pas accès à l'eau à leur domicile.

Dans la capitale française, peu d’endroits sont destinés à ces femmes. Face à ce constat, le Samu social de Paris a décidé de créer un lieu qui leur est exclusivement réservé, dans le cadre de sa campagne "La rue avec elles", lancée en novembre 2017. Pour financer le projet, la plateforme de crowdfunding KissKissBankBank a été ouverte en avril. Sur les 100 000 euros qui permettraient de pérenniser le premier bain-douche féminin, 30 942 euros ont été récoltés. De son côté, la ville de Paris, qui soutient l’initiative, mettra à la disposition du Samu social l'un de ces locaux.

"Se laver sans risque"

Elina se réjouit de cette initiative qui devrait prendre forme à la fin de l’année 2018. "Les femmes pourront se laver sans prendre le risque que des hommes les attendent à la sortie". Aujourd’hui comédienne, elle connaît bien la situation de précarité sanitaire dans laquelle se retrouvent les femmes de la rue. "La fois où on m’a dit que je puais, ça m’a fait mal. Mon odeur, j’avais fini par l’oublier." Mais l’odeur, c’est le moindre mal que connaissent ces femmes. Les infections dues aux sous-vêtements souillés, le manque de sommeil, le dos cassé par de longues heures d’errance dans les rues, un lourd sac à dos sur les épaules, sont des maux récurrents pour elles.

Avec son projet, le Samu social veut aller au-delà de la mise à disposition de douches. C'est un centre de repos et de bien-être qui leur sera proposé. Elles pourront se laver, bénéficier d’une écoute personnalisée, de massages, des soins pour leurs pieds fragilisés et d’une distribution de vêtements. Ces derniers services se feront en fonction des fonds récoltés, précise Stéphane Delauney, membre du Samu social.

L’idée donne de l’espoir. "Le mot intimité n’existe pas dans la rue", explique Elina. "Un bain-douche pour femmes, c’est le retour de l'intime dans leur vie, pour la rendre plus douce."

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