Municipales : Ayrault relance le débat sur le «front républicain»

 

Il faut «tout faire pour qu'il n'y ait aucune possibilité qu'il y ait un maire Front national dans une commune de France», exhorte Jean-Marc Ayrault sur Radio J.
Il faut «tout faire pour qu'il n'y ait aucune possibilité qu'il y ait un maire Front national dans une commune de France», exhorte Jean-Marc Ayrault sur Radio J. (AFP/Alain Jocard)

    A trois jours du premier tour, la gauche appelle à unir les forces contre le Front national. Jean-Marc Ayrault, Bruno Leroux et Cécile Duflot ont tour à tour fait des déclarations en ce sens ce jeudi. De quoi faire réagir l'UMP, comme le FN, et relancer le le débat sur le «front républicain». Un classique des veilles d'élections.

    Jean-Marc Ayrault

    a dégainé le premier en demandant, sur Radio J,

    aux républicains de «tout faire pour qu'il n'y ait aucune possibilité qu'il y ait un maire Front national dans une commune de France». Selon lui,

    constitueraient «un échec pour la République, parce qu'on sait bien que le Front national se développe sur le désarroi et les peurs, mais il n'apporte aucune solution». «D'ailleurs, il suffit de se référer aux expériences de mairies Front national, ça a toujours été la gabegie, la magouille, les combines», a accusé le chef du gouvernement. «Ils ont ruiné les communes.»

    «Ce que je reproche à la droite, qui pourrait être une alternative, une droite républicaine, c'est d'être une droite qui court derrière les idées du Front national», a continué le Premier ministre. «Les responsables de l'UMP en particulier - il s'agit d'eux essentiellement - devraient se prémunir des idées de l'extrême droite et pas faire des concessions comme ils le font», accuse-t-il, jugeant que «finalement, ils encouragent leurs électeurs - certains d'eux le font - à voter pour l'extrême droite».

    Bruno Le Roux

    , président du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, a pour sa part assuré qu'il n'y avait «rien à attendre dans les municipalités d'élus Front national», alors que le parti de Marine Le Pen rêve d'un score historique à l'occasion de ces municipales. «Pour ceux qui aujourd'hui se dirigeraient vers cette option, je leur demande quand même d'essayer de se souvenir de la réaction qui a été celle des habitants d'un certain nombre de villes, à Marignane, à Vitrolles, à Toulon où ces municipalités ont terminé dans une gabegie absolument terrible avec des populations dressées les unes contre les autres», a insisté le député PS de Seine-Saint-Denis, sur France 2 ce jeudi matin.

    Cécile Duflot,

    ministre EELV du Logement a de son côté assuré qu'elle appellerait sans «aucune hésitation» à faire barrage à l'élection d'un maire FN. «On a toujours été très clair sur ce point. Je vous rappelle que dans l'histoire, c'est Noël Mamère qui avait appelé dès le soir du 21 avril (2002), le premier, à voter pour Jacques Chirac quand il n'y avait plus que deux candidats dont Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle. Donc on n'a aucune hésitation.»

    Malgré son apparente colère, le FN se frotte les mains. Le secrétaire général du parti,

    Steeve Briois

    , a fustigé des propos «rigoureusement intolérables de la part d'un Premier Ministre» se comportant «en vulgaire godillot socialiste» et jugé «piquant de voir les pseudos défenseurs de la démocratie représentative péter les plombs quand leur quasi-monopole est en passe d'être démantelé». Mais le Front national voit aussi, dans cette sortie du Premier ministre, la confirmation de l'existence de cette «UMPS» contre laquelle il tonne depuis des mois. Et la preuve qu'il est bel et bien au centre du jeu.

    «Ça s'embrasse beaucoup entre UMP Ayrault, PS et Verts à quelques jours des élections : j'adore ! Continuez mesdames et messieurs de la Caste»,

    ,

    Florian Philippot

    . «Mme Duflot et les verts appellent à voter UMP au second tour contre le FN, de mieux en mieux !! #LaCasteTremble»,

    , Marine Le Pen qui y voit un signe de «panique».

    L'UMP n'est pas en reste. Invité du

    ,

    Jean-François Copé

    a jugé les propos du Premier ministre «extravagants». «Jean-Marc Ayrault, en faisant cela, adresse un message très clair : il nous explique qu'il souhaite que le Front national fasse le score le plus élevé possible pour pouvoir s'exonérer de toute responsabilité et nous ressortir la vieille ficelle de la République en danger», «les vieilles ficelles mitterrandiennes», a déclaré le patron de l'UMP. Et de préciser : «Je réunirai un bureau politique dès lundi pour dire que, naturellement, il est hors de question d'accepter la moindre alliance, la moindre fusion avec le Front national. Mais hors de question également de voter pour le PS qui est allié à l'extrême gauche de M. Mélenchon qui n'a rien à envier à l'extrême droite.»

    «Vouloir faire le front républicain, c'est très exactement tomber dans le piège du Front national qui fait l'amalgame UMPS», a de son côté relevé Alain Juppé, invitant, sur Europe 1, Jean-Marc Ayrault à «balayer d'abord devant sa porte parce que si beaucoup de Français aujourd'hui sont tentés par des votes extrêmes, c'est parce qu'ils sont profondément déçus par le spectacle que donne le gouvernement».

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