Cela fait un moment que vous vivez à l’étranger et vous avez l’impression de ne plus savoir parler français ? C’est tout à fait normal, selon BBC News

Lorsqu’on est bilingue, notre cerveau met en place une sorte de “module de contrôle” pour décider quelle langue utiliser selon la situation. Dans un environnement majoritairement anglophone par exemple, on a tendance à penser et à s’exprimer en anglais. Le français vient moins naturellement, ce qui explique parfois les anglicismes ou les phrases grammaticalement incorrectes. De retour en France, ces difficultés disparaissent rapidement, et notre langue maternelle reprend le dessus.

Les linguistes appellent ce phénomène l’“attrition des langues”. Pour la chercheuse Monika Schmid, interrogée par BBC News, c’est un “processus naturel”. “À partir du moment où vous commencez à apprendre un nouveau langage, les deux langues se mettent à s’affronter”, assure-t-elle.

Perdre sa langue natale pour de bon

Mais est-il possible de perdre sa langue maternelle pour de bon ? Pour les enfants de moins de 12 ans, la réponse est oui. À cet âge, le cerveau est “flexible et malléable”, d’après BBC News. Les connexions entre les neurones ne sont pas encore figées, ce qui permet d’apprendre, mais aussi de désapprendre, une langue rapidement. Des études ont ainsi montré que les enfants adoptés dans un pays tiers avant l’âge de 9 ans oublient souvent la langue qu’ils parlaient dans leur pays natal.

Chez les adultes, perdre complètement la maîtrise de sa langue est beaucoup plus rare. Les cas les plus fréquents font suite à des traumatismes importants. Monika Schmid donne l’exemple des Juifs allemands ayant fuit l’Allemagne nazie pour s’installer aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Ceux qui sont partis avant 1938, date du premier pogrom, arrivent encore à parler leur langue, alors que ceux partis après, plus traumatisés, en sont incapables.