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Membres du PCF arrêtés en Turquie: "Nous avons reçu plus de 200 menaces de mort dans la nuit"

Ce dimanche 24 juin, une délégation communiste française a été arrêtée en Turquie pendant près de sept heures. Ses trois membres avaient répondu à un appel du HDP, le principal parti pro-kurde, pour surveiller les urnes.

Le chef de l’Etat Turc, Recep Tayyip Erdogan a été réélu dès le premier tour avec un score de 52%. Dans le même temps, une délégation de trois communistes français a été arrêtée dans l’Est de la Turquie pendant près de sept heures.

Ces trois observateurs, invités par le parti pro kurdes pour surveiller les urnes et s’assurer qu’aucune fraude ne soit commise, ont été emmenés au commissariat pour être interrogés à la fin de la visite de deux bureaux de vote. Aucune poursuite n’a été engagée contre eux.

"Ils ont cité le nom de mon fils qui est en France me disant qu’il fallait que je fasse attention"

Pascal Torre, membre du PCF arrêté en Turquie est intervenu ce lundi dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin. Il décrit un interrogatoire "assez dur", sans "violence mais avec des intimidations très fortes. Ils ont cité le nom de mon fils qui est en France me disant qu’il fallait que je fasse attention à l’avenir, notamment avec mes enfants". 

"Aucune charge n'a été retenue contre nous. Dans un premier temps, on nous a accusé de vouloir modifier le scrutin des élections dans la région. Nos documents ont été publiés sur internet et à la télévision turque. On nous a accusé d’être des agents du PKK. Visiblement, ils n’avaient pas l’intention de nous laisser visiter les bureaux de vote".

"Je n'ai jamais vu une fraude aussi massive"

Cette volonté d’opacité, Pascal Torre l’explique par le truquage massif des résultats.

"Je n'ai jamais vu une fraude aussi massive. On a retrouvé dans des bennes à ordures des milliers de bulletins aux noms des différents candidats qui ont été remplacés. Beaucoup de bureaux étaient fermés et des électeurs devaient se déplacer parfois à plus de 50 kilomètres pour pouvoir voter. Ils ont donc truqué massivement les résultats".

"Le Consul de France à Ankara a demandé une protection policière que nous n’avons pas pour l’instant"

Accompagné des deux autres membres du PCF, Pascal Torre devrait arriver en France ce lundi dans la soirée. Un retour prévu sous haute protection.

"Nous avons reçu plus de 200 menaces de mort dans la nuit nous indiquant que nous n’arriverions pas vivant à l’aéroport donc en plus de la délégation qui doit venir nous chercher à l’hôtel où nous sommes confinés, le Consul de France à Ankara a demandé une protection policière que nous n’avons pas pour l’instant".

"Ils veulent faire pression sur des associations ou des partis politiques progressistes"

Pour la sénatrice communiste Christine Prunaud, elle aussi interrogée par les forces de l'ordre turques, cet épisode traduit une dérive autoritaire du pouvoir.

"Ça prouve quand même que c’est un gouvernement très fermé, autoritaire et très militaire. Ça veut bien dire qu’ils veulent faire pression sur des associations ou des partis politiques progressistes qui cherchent la démocratie tout simplement".
Bourdin Direct (avec C.P.)