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Yaël David 0

Paris Air Forum : Quelles technologies pour plus de fluidité dans les aéroports ?

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@ Rémi Passedouet (Twitter)

À l’occasion du Paris Air Forum, TOM a assisté à une table-ronde traitant des technologies à mettre en place dans les aéroports pour améliorer la fluidité du parcours des voyageurs. Parmi les points abordés se trouvent la digitalisation des informations de voyage, le partage de données, mais aussi l’importance de la collaboration entre les acteurs du secteur Aérien. 

Hier matin, TOM s’est aventuré dans le toit de la Grande Arche de la Défense afin d’assister à la 5e édition du Paris Air Forum. Un événement organisé par La Tribune en partenariat avec le groupe ADP, dont le thème gravitait autour de l’aviation connectée et des territoires intelligents. L’objectif de ce forum ? Rassembler tous les acteurs de l’Aérien pour discuter et réfléchir à une stratégie globale de digitalisation du secteur.

À cette occasion, le président de Paris Air Forum Max Armanet a animé une table-ronde regroupant trois spécialistes de l’aérien et une experte de la sécurité pour parler des technologies qui pourraient améliorer la fluidité du parcours voyageur.

Comprendre les enjeux pour bien axer l’innovation

Pour Edward Arkwright, directeur général du Groupe ADP et en charge du développement, de l’ingénierie et de la transformation, il est important pour les acteurs de l’Aérien d’avoir une vision d’ensemble sur points de frictions rencontrés par les passagers lors de leur parcours à l’aéroport. « En tant que voyageur, il y a trois endroits où je perds du temps : lors du dépôt des bagages, lors du contrôle de sûreté et au moment du passage aux frontières », a-t-il expliqué. Puisque le trafic des aéroports aura doublé d’ici 15 ans, a assuré Edward Arkwright, il faut aussi que les acteurs de l’industrie cherchent à rendre les processus invisibles aux voyageurs et ce, en exploitant les technologies qui sont à leur disposition.

Véronique Deplace, sous-directrice de la sûreté et de la défense à la DGAC, a naturellement concentré son discours sur la sécurité. Elle a expliqué que puisque les menaces terroristes sont de plus en plus présentes, la fluidité est loin d’être totale : « Il faut réconcilier ces deux paramètres, a-t-elle expliqué. Le voyageur doit pouvoir se déplacer de manière fluide et en toute sécurité. » Pour la spécialise de la DGAC, la sûreté est même devenue un argument commercial, au même titre que la promesse de limpidité du parcours voyageur.  Elle a ainsi encouragé les acteurs de l’aérien à tester des outils technologiques pour ensuite les inclure dans la procédure de sûreté des aéroports et, à terme, étendre ces solutions à davantage de partenaires. Pour autant, Véronique Deplace ne mise pas uniquement sur le digital. « La technologie n’est pas le seul moyen. Par exemple, la biométrie seule ne permet pas d’effectuer les contrôles physiques de sûreté. L’humain, mais aussi les chiens, resteront dans les dispositifs pour assurer les méthodes d’analyse comportementales – en grande partie basée sur l’intuition – et de détection d’explosifs », a-t-elle déclaré.

Il semblerait ainsi que les voyageurs ne verront pas la fin des files d’attentes de sitôt. Kjeld Binger assure cependant que si les spécialistes de l’Aérien et de la Technologie ne peuvent pas supprimer les files, ils peuvent « au moins faire en sorte qu’elles soient moins pénibles. »

À bas le papier

À l’aéroport, le voyageur reçoit d’abord un ticket lorsqu’il gare sa voiture au parking. Il doit ensuite présenter son passeport à plusieurs reprises pour s’enregistrer ou passer la frontière et se voit remettre une carte d’embarquement ainsi qu’une étiquette pour son bagage. Pour Kjeld Binger, directeur général de l’aéroport d’Amman en Jordanie, cela fait beaucoup de papier pour un processus qui pourrait très bien s’en passer.

« Toutes les informations que contiennent ces bouts de papiers pourraient être stockées dans une seule puce, a-t-il affirmé. Cela existe déjà, il suffit de sauter le pas ». Or du fait de la diversité et des facteurs culturels et géographiques, les passagers restent accrochés aux processus traditionnels, regrette Kjeld Binger. « On voit là que l’innovation, au final, n’est pas uniquement technologique, mais aussi humaine et culturelle », a-t-il confié. Si le directeur de l’aéroport d’Amman souhaiterait entamer la transformation digitale de sa structure, il sait que cela lui prendra du temps. « À Amman, seul un faible pourcentage de personnes effectue leur check-in à la maison et viennent à l’aéroport avec leur carte d’embarquement sur leur téléphone », a expliqué Kjeld Binger, qui commence tout de même à investir pour planifier et anticiper les futurs usages digitaux.

Edward Arkwright, lui, a abordé la digitalisation des aéroports de manière plus offensive. « Il faut inciter les partenaires à aller plus vite et plus fort face à l’augmentation du trafic. Car, en conséquence, les exigences deviennent totales et les contraintes augmentent elles-aussi », a-t-il prévenu. Pour le directeur général du Groupe ADP, la technologie vient déjà au secours des aéroports et fait déjà ses preuves. Il a notamment mentionné l’installation de sas PARAFE, dans lequel les voyageurs scannent leur passeport en toute sécurité et de manière autonome. Un système qui permet l’automatisation du contrôle aux frontières et qui a déjà séduit les plus grands aéroports. « Il faut accélérer le passage à la biométrie et rendre de plus en plus de pays éligible à ce type de techno, a insisté Edward Arkwrigh. Il n’est plus possible de devoir présenter son passeport 3 à 4 fois son passeport, surtout si l’on veut avoir le temps de profiter des nouveaux restaurants des aéroports du groupe ADP ! », a-t-il plaisanté.

Vers des aéroports orientés données

Pour Kjeld Binger, il est désormais primordial que les acteurs de l’Aérien collaborent pour améliorer globalement la fluidité des processus en aéroport. « Dans les pays développés et sous-développés, la méthode doit-être collective et doit-être la même, a-t-il déclaré. D’ailleurs, l’ouverture de la data au niveau des frontières devrait déjà être activée… ». Barbara Dalibard, directrice générale de SITA – entreprise dont le cœur de métier est porté sur l’échange de data dans l’Aérien pour améliorer le parcours des voyageurs -, le rejoint sur ce point.

Elle aussi prône le partage des données entre tous les acteurs du secteur et ce, notamment pour faciliter le travail de « la vingtaine d’intervenants (police, personnel au sol des compagnies aériennes. ndlr) que rencontrent les voyageurs lors de leur passage à l’aéroport », a-t-elle indiqué. Couplée à la data, la technologie aide à automatiser le processus et offre donc l’autonomie que la majorité des voyageurs attendent. Comme premier exemple d’usage de la data au profit d’un parcours voyageur fluide, Barbara Dalibard a notamment abordé le traçage de bagages encouragé par IATA. « Air Bahamas a mis en place le tracking de bagages et a divisé par 4 le nombres de bagages perdus », a-t-elle révélé. La directrice générale de SITA a également annoncé placer ses espoirs dans la Blockchain, « une révolution » qui, permettant de partager les informations des voyageurs de manière décentralisée et sécurisée, pourrait participer à l’élaboration de solutions efficaces pour la fluidification des processus.

La naissance d’un nouvel équilibre entre les acteurs du secteur

Selon Edward Arkwright, aucun des nombreux acteurs de l’Aérien n’a seul la clé. Pour lui, il est impératif de rentrer dans une logique partenariale : « Arrêtons de laisser les acteurs isolés et agir de manière indépendante, car le passager lui, fait face à chaîne unique », a-t-il commenté.

En matière de cybersécurité, Véronique Deplace voit elle aussi les bénéfices qu’apporterait une collaboration étroite entre acteurs publiques et privés. Il faut améliorer l’usage des données collectées à titre privé et commercial pour aider l’Etat à anticiper et maîtriser les situations de cyberattaques, a-t-elle déclaré.

Pour conclure, Barbara Dalibard a tenu à mettre l’accent sur les standards dans le secteur Aérien. « Pour collaborer, il faut des standards et il faut se mettre d’accord sur ces standards. Nous devons établir des règles sur l’usage des données et notamment sur la conservation de ces dernières ». À l’ère du RGPD, les acteurs de l’Aérien non plus n’échappent pas à l’obligation de protéger les données des voyageurs.

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Photo de couverture: © pexels

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