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Billet de blog 4 juillet 2018

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Libé «la blanche»?

La rédaction de Libé est-elle «blanche»? Étrange interrogation du quotidien. À ma connaissance, aucun lecteur ne lit un article de blanc ou de noir. Ni de femme. Ou de LGBT. Que cherche le lectorat d’un journal ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

            La rédaction de Libé est-elle «blanche»? Étrange interrogation du quotidien. À ma connaissance, aucun lecteur ne lit un article de blanc ou de noir. Ni de femme. Ou de LGBT. Que cherche le lectorat d’un journal ? Un bon traitement de l’info et une écriture tenant la route. Sans avoir besoin de demander l’ADN de l’auteur(e) de l'article. Ni connaître ses orientations sexuelles. Où tout ce qui n'a pas de lien avec sa mission d'information.  Le texte. Toujours revenir au texte. Bon ou mauvais article. Les seules critères ne devraient être que la qualité. En tout cas pour mon angle de lecteur. Satisfait ou non par le contenu.

     « Dans les derniers mois à Libé, si j’avais eu à choisir entre deux personnes de même compétence, pour un même poste, et que j’en avais eu l’occasion, j’aurais pris une femme noire.». N’en déplaise à l'ancien rédacteur en chef qui, porté par une louable  intention, aurait opté pour un choix contre-productif. Tout autant que «SOS Racisme» ayant conduit au pire communautarisme de ce pays. Manipulation des dirigeants de l'association, pas de la majorité des militants très sincères. Divisant et asservissant symboliquement les plus précarisés pour mieux régner. Et ensuite les renvoyer comme des pantins dans leurs banlieues. Des cités et quartiers populaires où nombre de cocus de la  «Main jaune» végètent entre rage et résignation. Pourquoi ce choix de recrutement me semble une erreur?

     Sans le vouloir, l’ancien rédacteur en chef aurait enfermé la personne recrutée dans une espèce de dépendance psychologique. Comme d'une certaine manière avec le  "Touche pas à mon pote". Ces potes, incapables de se défendre tout seul, avaient besoin d'un chaperon et tuteur. Un assujettissement muet où le recruteur reste d’ailleurs dominant. Et imaginez le candidat apprenant les causes de son éviction : recalé car non noir de peau. D’autre part, la compétence égale est un doux leurre dans une sélection. Une compète pour signer le contrat. Tout employeur tranche en embauchant celle ou celui qu’il considère comme meilleur. Même si l'embauche se joue sur des détails. La direction actuelle de Libé opte pour la meilleure plume.Une plume choisie uniquement pour son professionnalisme.

      Facile de parler comme je parle en 2018. Fort heureusement des décennies de luttes antiracistes et féministes. Important de ne pas oublier tous les combats du passé. Et continuer à lutter contre toutes les discriminations. Sans uniquement se contenter de cacher la forêt des discriminés. Quelle est la bonne solution ? Je n’en sais rien. Mais sûrement pas le cache-misère de la discrimination positive. Créant juste une nouvelle classe de néo-bourgeois colorés. Et qui reproduit exactement le même entre soi que les blancs.

     Quelle est la rédaction de France la moins blanche ? Sans aucun doute le Bondy Blog. Mais je ne le lis pas en pensant à la coloration des visages. De très bons journalistes au sein de ce jeune journal numérique. D’autres moyens. Et certains même mauvais. Le même regard subjectif  que pour votre quotidien. Parfois satisfait de ma lecture. D’autres fois très agacé: «dernière fois que je lis ce canard !». Mais, comme pour France Inter, je suis resté fidèle à Libé. Une fidélité critique depuis des décennies. Mais rares les jours sans Libé.

      Un lecteur se fichant de connaître le pedigree des auteurs. Ni même s’il s’agit de leurs vrais noms ou de pseudos. La  seule couleur importante de l’info est celle qui respecte les faits et son code de déontologie professionnelle. Ne cherchant pas à manipuler son lectorat. Une couleur éthique donnant à penser et interroger le monde. Des articles qui nous poussent à continuer de penser. Et douter. Alimenter notre esprit critique. Pas si simple d'être journaliste. Surtout quand on veut conserver de bonnes relations avec son miroir.

       Pour conclure, j’aimerais cher Libé vous poser une question. En écho avec la vôtre sur la blancheur de votre équipe. Une question qui peut s'adresser aussi à la rédaction de Médiapart et de très nombreux autres organes de presse. Combien de filles et de fils de prolos parmi votre rédaction ? Quel proportion de journalistes, du bas de l'échelle aux  rédacteurs en chef,  sont issus des classes populaires? Toujours les mêmes profils sociaux dans les conseils de rédaction ?  Comme la couleur de peau, l’origine sociale «défavorisée» ne fait évidemment pas de vous un bon journaliste. Ni non plus un mauvais. Comment alors choisir les journalistes ?

      En donnant la parole au talent.

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