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En campagne, Duflot, ministre de l’énergie

REPORTAGE - A quelques jours du premier tour des municipales, la ministre Cécile Duflot, a fait jeudi trois déplacements de campagne. Le tout sur un train d’enfer pour cette écolo qui est aussi fille de cheminot.

Arthur Nazaret , Mis à jour le

Tout commence comme un stand up. Un discours a bien été préparé par son équipe mais ce mercredi soir, à Paris, Cécile Duflot prend quelques libertés. Venue soutenir le candidat des écolos Christophe Najdovski, la ministre du Logement entame alors une tournée de campagne qui ne s’arrêtera que vingt quatre heures plus tard. Devant les militants, le ton se veut léger et la ministre a délaissé pour un temps ses habits gouvernementaux pour adopter un ton plus proche de celui qu’elle pouvait avoir lorsqu’elle était à la tête du parti.

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Le pic de pollution vient juste de se terminer. Et à ceux qui se demandent si les écolos ne doivent pas s’en réjouir pour des raisons électoralistes , Duflot répond : "Le coup de la pollution, non seulement nous sommes contents mais comme nous sommes professionnels, nous l’avons organisé, voyez-vous. C’est ça qui est bien avec les écologistes, depuis qu’ils sont au gouvernement, ils arrivent à faire les pics pollution à trois jours de l’élection", ironise-t-elle.

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La rencontre fortuite avec Cohen

Une grosse poignée d’heures plus tard et Cécile Duflot se rend à Toulouse. Première escale de cette journée de jeudi. Son conseiller spécial, Stéphane Sitbon et son chef de cabinet adjoint, Julien Zloch sont de l’escapade. Il s’agit de soutenir l’écolo Antoine Maurice, un proche du trio. Ce dernier présente une liste autonome face à Pierre Cohen, le maire PS sortant. Le jeune écolo espère un score à "10 + X". Cela valait bien un déplacement dans la ville rose.

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Après une rapide conférence de presse, Cécile Duflot s’engage dans un marché de la ville pour distribuer quelques tracts. L’air de la campagne semble regonfler une ministre qui aime tant cet exercice. A la voir, on ne peut s’empêcher de penser que 2017 la démange déjà. Devant un étal de fruits et légumes, Duflot tente sa chance. "Vous pouvez voter pour mon candidat écolo…". La ministre tente brièvement d’argumenter mais se fait couper les ailes en plein vol d’un définitif : "Mon mari est sur la liste de Moudenc [le candidat de la droite]."

Un peu plus loin, un marché couvert se dessine. Y aller ou pas? Ce genre d’espace se retrouve vite saturé lorsque que les médias s’en mêlent. Mais Duflot et Maurice s’y engagent et tombent nez à nez avec Pierre Cohen. La rencontre semble vraiment fortuite. Le maire de Toulouse discute tranquillement et s’offre, dans ce long marathon électoral, un petit moment de répit joyeusement accompagné de quelques spécialités locales. Les caméras sont là et comme les deux s’estiment, l’heure est à l’accolade.

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Tweet-clash avec Le Pen

Alors que la droite locale rêve de revanche et que Pierre Cohen est loin d’être dans un fauteuil pour cette élection, il glisse tout de même à Duflot un savoureux "C’est plus facile ici que là haut." Comprendre : plus facile d’être ici qu’au gouvernement. Encore quelques pas et le Capitole apparaît. Séance photo obligée pour les candidats de la liste, heureux de pouvoir poser avec celle qui fut longtemps chef de ce parti. Avant de quitter les lieux, un dernier conseil tombe comme un ordre quasi ministériel : "Ne parlez pas sur la photo, comme ça vous n’êtes pas moches", conseille Duflot.

Malgré les bonnes adresses que Jean-Vincent Placé - spécialiste de la carte électorale et de la carte de restaurant - aurait sans doute pu lui indiquer, les délais sont trop justes pour un repas digne de Toulouse. Direction la gare. Destination Montpellier. Quiche, rouleau de printemps, et pousse de moutarde ponctueront donc le trajet. Utilisatrice assez compulsive de son compte Twitter, Cécile Duflot finit par s’asseoir et découvre que Marine Le Pen est d’humeur tweet-clasheuse : "Madame Duflot et les Verts appellent à voter UMP au second tour contre le FN, de mieux en mieux!!" S’en suit un smiley et le hashtag #LaCasteTremble." Le tout ciselé dans les 140 signes réglementaires. Duflot réfléchit. Sonde d’un œil son entourage et tapote : "C’est pas très nouveau ça (cf.21 avril 2002) mais contente que ça vous contrarie #laPMEDeMontretouperdsesnerfs."

14h20. Arrivée dans le chef lieu du Languedoc-Roussillon. Ici, à Montpellier, les écologistes soutiennent le candidat socialiste Jean-Pierre Moure. Face à cet homme aux tempes grisonnantes, se dresse Philippe Saurel. Fraîchement exclu du PS pour avoir maintenu sa candidature face à Moure, il a décidé d’aller jusqu’au bout et de se présenter en dissident. La présence de Duflot place de la Comédie puis dans les rues environnantes vise à mobiliser les électeurs écolos. Un coup de pouce bienvenu pour Moure. Une petite séance photo dans un endroit bucolique fera office de symbole. Ici Vincent Peillon, Benoît Hamon et Robert Hue sont venus prêter main forte.

"Je n'ai presque pas pleuré"

Dans ce scrutin au résultat incertain pour le candidat officiel du Parti socialiste, une tête d’affiche gouvernementale semble manquer. Valls est-il venu? "Non", répond Moure. Mais Moure est un peilloniste quand Saurel fut longtemps soutenu par le ministre de l’Intérieur. De là à imaginer un lien de cause à effet et il est déjà l’heure de repartir. Deux heures, après avoir mis un pied à Montpellier, la ministre du Logement reprend le train direction Paris puis Montreuil. Escale finale pour Duflot qui aura visité 25 villes en 15 jours dont trois ce jeudi.

Alors qu’elle regagne la capitale, Cécile Duflot apprend que sa loi sur le logement, la loi ALUR, est validée dans les grandes largueurs par le Conseil Constitutionnel. D’un coup, son visage se détend. L’humeur se fait guillerette. Les messages de félicitations affluent. Y compris des plus hautes autorités de l’Etat. "Je n’ai presque pas pleuré", sourit Duflot.

Avant d’arriver à Montreuil où la ministre doit soutenir le candidat écolo, elle prend connaissance de la tribune de Nicolas Sarkozy dans Le Figaro . L’humeur badine s’estompe. Il est encore temps de modifier son discours. Ce texte de l’ancien Président n’est, pour Duflot, qu’un nouvel écran de fumée. Et la voilà qui condamne "les pratiques détestables" qu’elles proviennent "d’un jeune loup ou qu’elles soient initiées par un vieux cheval de retour". Après avoir ainsi repeint Copé et Sarkozy, Duflot remercie la puissance invitante, l’actuelle maire écolo Dominique Voynet.

L’ancienne ministre de Jospin a décidé de ne pas essayer de conserver la seule ville de plus de 100.000 habitants que les écolos dirigent. Alors Duflot lui dit "merci" pour ce qu’elle a fait. L’"hommage" qui n’est pas "posthume" - précision utile - ne va pas sans quelques petites taquineries. Par exemple lorsque Duflot dépeint le candidat écolo, Ibrahim Dufriche en homme qui sait être "à l’écoute", alors que précisément c’est le manque de celle-ci qui était souvent reproché à Voynet. Comme quoi, un membre du gouvernement peut aussi déplorer le manque d’écoutes ces temps-ci. 

Source: JDD papier

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