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Quatre idées reçues sur… le sperme

Antidépresseur, agent de lutte contre le cancer ou amincissant : tour d’horizon des croyances erronées associées à la semence masculine.

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Publié le 14 août 2018 à 18h02, modifié le 14 août 2018 à 19h45

Temps de Lecture 3 min.

Les mythes sur le sperme ont la vie dure. Un article partagé plus de 10 000 fois sur Facebook qualifie la semence masculine « d’antidépresseur naturel ». Cette affirmation – au même titre que de nombreuses légendes urbaines sur le sujet – n’est pas forcément bonne à avaler. Eléments d’éclairage.

Le sperme, antidépresseur naturel

ÉTUDE peu fiable

« Selon la science, les femmes ne font pas seulement plaisir à leurs partenaires en faisant la fellation mais pourraient également traiter leur dépression », avance le site Santé + Magazine (qui nous apparaît comme peu fiable dans le Décodex). Le site va jusqu’à affirmer que le plasma séminal est un antidépresseur rapide, ayant « la même efficacité que le traitement par électrochocs pour guérir la dépression ».

Cette affirmation fait référence à une étude parue en 2002, dans le journal Archives of Sexual Behaviour. Pour autant, une lampée de liquide spermatique ne remplacera jamais un Xanax. Comme le relève le site britannique NHS, de nombreuses carences méthodologiques viennent entraver la validité de l’étude. Les données ont été récoltées de manière anonyme auprès d’un échantillon peu représentatif de 293 jeunes femmes, toutes étudiantes au sein de l’université de New York. Les chercheurs ont comparé les réponses des participantes au Beck Depression Inventory, un questionnaire évaluant l’humeur des sondées, à leur utilisation ou non du préservatif. Une démarche qui oublie trop de paramètres pour permettre de qualifier le sperme « d’antidépresseur naturel », ou de comparer son éventuelle action à un « traitement par électrochocs ».

Le sperme posséderait des vertus anti-âge

Jamais démontré

En 2013, l’actrice Heather Locklear révélait au site de potins américains TMZ utiliser du sperme en guise de soin pour la peau. Les prétendues vertus « anti-oxydantes » ou « anti-âge » du sperme ont fait long feu : des dizaines d’articles publiés sur des sites peu scrupuleux avancent, sans l’ombre d’une preuve à l’appui, que la semence masculine est à même de remplacer crèmes hydratantes et lotions anti-âge. Sur YouTube fleurissent des tutoriels proposant d’aider les internautes à fabriquer des masques de beauté au sperme, aux vertus supposément miraculeuses pour la peau.

Si l’efficacité de cet ingrédient n’a jamais été démontrée, les masques de beauté enrichis en semence pourraient être dangereux pour la peau. Comme le rappelle Le Figaro dans un long article consacré au sujet, la liqueur séminale est susceptible de contenir des germes, eux-mêmes susceptibles de générer des infections en entrant en contact avec les muqueuses du visage.

Le sperme ferait maigrir

Fausse étude scientifique

Il est difficile de remonter à la source de cette légende urbaine, tant elle semble ancrée dans l’inconscient collectif. La recherche « maigrir grâce au sperme » renvoie, sur Google, à la bagatelle de 143 000 résultats. Au nombre d’entre eux, un article publié sur le site Atlantico, en juin 2013. Ce dernier affirme qu’une étude scientifique menée par Ingrid Fleischer, présentée comme « professeur à l’université de Hambourg », avait mis en évidence le fait que « les femmes pratiquant la fellation et qui avalent le sperme de leurs compagnons réussissent à maigrir jusqu’à deux fois plus vite que les autres ». « Ce n’est pas nous qui le disons, c’est médical ! », ajoutait le pure player à la suite de cette « révélation ».

Mais Ingrid Fleischer n’existe pas. On ne retrouve nulle trace de travaux portant son nom à l’université de Hambourg, pas plus que dans des moteurs de recherche compilant des travaux universitaires dans le monde entier. L’étude censée prouver les vertus amincissantes de la semence masculine a été inventée de toutes pièces – comme le démontrait en 2013 le pure player Slate.

Le sperme protégerait du cancer du sein

Rumeur inventée par un étudiant

« Une fellation chaque matin éloigne le médecin. » Telles sont, à peu de chose près, les conclusions véhiculées par une étude américaine inventée de toutes pièces par Brandon Williamson, un étudiant de l’université de Caroline du Nord, en 2003. Ce dernier avait propagé la rumeur en créant une fausse dépêche de l’agence Associated Press reprise sur une non moins fausse page de CNN. « Les femmes qui avalent du sperme deux fois par semaine ont 40 % moins de risques d’être exposées au cancer du sein », peut-on lire sur cette dernière.

Selon le site de fact-cheking américain Snopes, CNN et l’agence AP avaient alors toutes deux dénoncé une atteinte à la propriété intellectuelle. L’étudiant s’était fendu d’un billet expliquant les motivations de son canular, depuis supprimé. Las, le canular est repris au sérieux par de nombreux médias dans le monde entier depuis quinze ans.

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