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REPORTAGE - Pédophilie : comment la Brigade de Protection des Mineurs traque les prédateurs sur internet

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Au sein de la Brigade de Protection des Mineurs, cinq policiers du Groupe Internet ont pour mission de traquer et de piéger les pédophiles, sur Internet. Pour cela, ils se font souvent passer pour des enfants, afin d'appâter les prédateurs. Comment s'effectuent ces filatures sur la toile ?

Le Groupe Internet de la Brigade de Protection des Mineurs
Le Groupe Internet de la Brigade de Protection des Mineurs © Radio France - Sylvie Charbonnier

La Brigade de Protection des Mineurs, on la connait mieux depuis Polisse, le film de Maïwen. Ce sont ces policiers et policières qui traitent de toutes les affaires dont les enfants sont victimes : les viols, les violences intra-familiales, la prostitution, les maltraitances, etc. France Bleu Paris a pu s'immerger dans leur quotidien, au cœur de la traque des pédophiles sur internet. 

Cinq enquêteurs spécialistes du web

Au sein de cette brigade, cinq policiers, à la fois enquêteurs et spécialistes d'Internet, travaillent sur la toile pour piéger les pédophiles. Pour cela, ils se font passer pour des mineurs et appâtent ainsi les prédateurs ou ils se font passer eux-mêmes pour des pédophiles, en quête de nouvelles images, afin de mettre en confiance leurs interlocuteurs et finir par les attraper. Chaque année, ce sont 150 affaires, qui passent par leurs écrans et 180 téraoctets qui sont visionnés, l'équivalent de près de 200 films d'une heure et demie ou de centaines de milliers de photos. 

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Le but : sauver des enfants

Le groupe Internet est dirigé par une femme, Lydie : " Moi, il y a des images qui m'ont marquée, que je n'oublierai jamais, mais, en même temps, je sais que ce sont des enfants que j'ai sauvés". Tous disent la même chose, regarder les images de ces enfants en train de se faire agresser, c'est terrible. Mais le pire, c'est le son. 

"Quand vous faites l'analyse du disque dur d'un pédophile, il y a des images terribles et on est obligés d'écouter, pour identifier la langue et donc l'origine de la vidéo et entendre ces enfants hurler, quand ils se font violer, il faut être solide", confient-ils. Solides et équilibrés, il faut qu'ils le soient, car aucun suivi psychologique n'est prévu pour eux. "Quand ça ne va plus, on s'arrête un moment et on se retrouve à la machine à café". Heureusement, l'équipe est soudée, les cinq policiers s'entendent bien et c'est entre eux, qu'ils parlent, quand cela devient trop dur. 

Des filatures sur la toile

Pour remonter jusqu'aux pédophiles, les policiers doivent s'infiltrer sur les sites et les réseaux sociaux, pour effectuer de véritables filatures sur la toile. "On crée des profils Facebook, on écrit comme le font les jeunes, on met des petites photos et on attend que ça morde", explique Frédéric, commandant divisionnaire à la BPM. En fait, c'est la même méthode que celle des prédateurs, qui eux-mêmes se font passer pour des jeunes dans le but d'entrer en contact avec des mineurs. 

Mais cette technique est lourde : "Quand ils croient avoir à faire à un mineur, ça devient sordide, ils branchent leur web-cam pour s'exhiber, c'est lamentable et pénible", précise Frédéric. C'est la raison pour laquelle il se fait de plus en plus souvent passer pour un pédophile en quête de nouvelles images à acheter. 

"Ils échangent des images, entre pédophiles"

Si les pédophiles cultivent le secret, ils laissent malgré tout des traces sur la toile. Et ce sont ces traces que les policiers cherchent. "Vous savez, les véritables pédophiles aiment garder des souvenirs, pour se repasser leur passage à l'acte, parce que ça leur procure du plaisir", explique Lydie, la cheffe du groupe Internet. Et cela laisse des traces que peuvent repérer les enquêteurs. 

Les pédophiles sont par ailleurs toujours en quête d'images nouvelles. Pour cela, ils cherchent à communiquer avec d'autres pédophiles pour acheter ou échanger des photos ou des vidéos, et "ces échanges se monnaient". Il suffit alors aux policiers de se faire eux-mêmes passer pour des acheteurs ou des vendeurs, et ainsi avoir accès aux pédophiles pour les mettre en confiance et finalement les attraper. 

Comment donner l'alerte ? 

Le ministère de l'Intérieur a mis en place une plateforme Pharos, qui recueille tous les signalements de comportements suspects sur Internet. Il peut s'agir de propos racistes ou homophobes, d'incitation à la haine ou de messages à caractère pédo-pornographiques. Ces messages suspects peuvent être signalés sur Pharos ou en appelant le 17.

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