Elle s'était faite rare. Depuis sa libération en 2008, après six ans de captivité dans la jungle colombienne, l'ex-otage des Farc distille ses paroles. La semaine dernière, pourtant, Ingrid Betancourt est sortie de sa réserve pour mettre en lumière le cas de Sophie Pétronin, seule femme française encore détenue dans le monde. Âgée de 73 ans, gravement malade, cette travailleuse humanitaire a été enlevée à Gao, au Mali, en décembre 2016. Depuis, son sort semble laisser indifférent. « Ce que nous désirons, ce que nous appelons, nous demandons, nous supplions presque, c'est que [le président Macron] reçoive la famille de Sophie Pétronin », a-t-elle déclaré sur France Info. La Franco-Colombienne, qui était candidate à la présidence de la Colombie au moment où elle avait été enlevée, sait mieux que quiconque le rôle déterminant de l'engagement politique et médiatique dans une libération d'otage. « Parfois, je m'interroge : si j'avais été kidnappée aujourd'hui, y aurait-il eu cette mobilisation qui m'a permis de rester vivante et d'être libérée ? » a-t-elle ajouté.

Porter la voix de Sophie Pétronin, otage française oubliée

Depuis son sauvetage, Ingrid Betancourt a souvent raconté l'enfer vécu dans la jungle et la difficile route vers la reconstruction. Elle a publié des livres pour raconter sa captivité, dont le très beau « Même le silence a une fin » (éd. Gallimard). En parallèle, elle a entrepris des études de théologie à Oxford, poursuivant un cheminement spirituel commencé en détention. Elle continue, aussi, à intervenir dans la vie politique colombienne. Et désormais, donc, à porter la voix de celle qui n'en a plus : Sophie Pétronin, otage oubliée, à laquelle elle voudrait offrir un peu de la lumière qui a éclairé son chemin.

Cet article a été publié dans le magazine ELLE du 21 septembre 2018.  Abonnez-vous ici.