Un jeune opposant tunisien au parti Ennahda menacé de mort en France

Ancien opposant à Ben Ali, le jeune cyberactiviste Mohamed Amin Slama, vice-président du Parti pirate tunisien, est dans le collimateur d'Ennahda.

Par Albert Michel et

Mohamed Amin Slama (D.R.)
Mohamed Amin Slama (D.R.)

Temps de lecture : 3 min

Le 17 mars, l'avocat tunisien Sabri Ziadi, personnage actif de la Révolution tunisienne, est retrouvé pendu dans une ferme abandonnée, à quelques pas de son domicile, situé à 50 kilomètres de Tunis. Plusieurs journaux et opposants tunisiens évoquent un possible assassinat pour cet ennemi radical du parti islamiste Ennahda. Ces dernières semaines, l'homme défendait notamment le dossier d'une citoyenne qui accuse d'escroquerie Noureddine Bhiri, ancien ministre de la Justice du gouvernement islamiste qui vient de quitter le pouvoir.

L'avocat décédé s'occupait également du dossier d'un opposant politique tunisien actuellement réfugié en France : le jeune cyberactiviste Mohamed Amin Slama, 26 ans, vice-président du Parti pirate tunisien. Trois jours après la mort de son avocat, jeudi 20 mars, un message alarmant est publié sur Facebook. Son auteur, Oussama Boujah, est un ex-agent de la Sûreté de l'État tunisien aujourd'hui en exil. L'homme, bien informé, a publié ce message : "Trois Tunisiens sont entrés en France avec l'aide de résidents franco-tunisiens pour liquider corporellement des opposants politiques qui détenaient des documents contre des leaders d'Ennahda. Et à la tête de cette liste figure Mohamed Amin Slama."

Frappé par la police pendant quatre jours

Un jour plus tôt, l'information était confirmée par deux autres sources, proches des services de renseignements tunisiens. La police française a depuis été informée de cette menace pesant sur le jeune cyberactiviste exilé en France. Des patrouilles effectuent régulièrement des rondes autour de son domicile. Après s'être opposé à Ben Ali, à partir de 2011, Mohamed Amin Slama est dans le collimateur du parti islamiste tunisien. Sur son site d'opposition en ligne, Kasba TV, il publie des enquêtes qui dénoncent la proximité de certains dirigeants du parti avec des combattants de la mouvance djihadiste internationale. En février 2011, le quotidien britannique The Guardian lui consacre un reportage vidéo. Le journaliste relate comment le blogueur a échappé, de justesse, à une balle qui a touché à la tête un inconnu à côté de lui.

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Commentaires (6)

  • Kastal

    Le parti islamiste "Ennahdha" utilise souvent le double langage pour affirmer qu'il est un parti démocratique, alors qu'en réalité il dispose de deux structures : l'une publique se composant d'hommes en costume et cravate occupant souvent les écrans de télévision (tels que Ziad Laâdhari) et l'autre secrète se composant de jihadistes et d'extrêmistes religieux qui sévissent dans les mosquées et qui couvrent tous les terroristes y compris ceux d'"Ansar Chariya", déclaré groupe terroriste en public mais jouissant de la protection d'Ennahdha en secret.
    Sinon comment se fait-il que des terroristes arrêtés par la police sont relâchés le lendemain par le juge, nécessairement nahdhaoui puisque Ennahdha a placé ses hommes dans tous les rouages de l'état.
    Celui qui croit encore qu'Islam et démocratie sont compatibles doit se tromper sur toute la ligne.

  • quidame

    Pas trop aimé votre commentaire... Ilaquà... Facile à dire... Créer un parti quand on est opposant est mission quasi impossible De plus le : "On a bien assez à faire de nos élections... " ! Plus mesquin tu meurs car ce jeune homme me semble mériter notre protection.

  • totolfb

    Comme beaucoup, vous mélangez religion et politique. Ce n'est pas parce que des apprentis dictateurs utilisent la religion comme prétexte pour assouvir leurs instincts, que les religions sont mauvaises intrinsèquement. La réflexion doit se porter sur les comportements. Dans les années 70, le terrorisme rouge (action directe, Rotte Armee fraktion, etc. ) ont semé la terreur au nom e leur idéologie. Quelqu'un a-t-il songé à condamner le socialisme ? Non.
    Donc là, c'est pareil. Certains dévoient une idéologie, il ne faut pas condamner tous ses pratiquants.
    Ce type de raisonnement -républicain, c'est à dire basé sur la loi - devrait s'appliquer plus souvent, notamment dès qu'un comportement est en contradiction avec les modes de vie locaux, et/ou prône la violence.