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Cerveau et psy

Autisme et cerveau : remise en cause de la théorie dominante

La connectivité cérébrale à l'origine des troubles du spectre de l'autisme est peut-être très différente de ce qu'on pensait jusqu'alors selon une étude de neuro-imagerie qui remet en cause le modèle théorique dominant.

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Visualisation en 3D des faisceaux de connexions cérébrales « courte distance ».

Visualisation en 3D des faisceaux de connexions cérébrales "courte distance".

Miguel Guevara/Brain

En tant que troubles du neuro-développement, l'autisme correspond, dans le cerveau, à une connectivité cérébrale atypique. Une organisation des réseaux de neurones de mieux en mieux observée grâce à la neuro-imagerie par IRM, qui a permis de faire émerger un modèle théorique dominant ces dernières années : les déficits dans le traitement de l'information et la relation aux autres chez les personnes atteintes de troubles du spectre de l'autisme (TSA) proviendraient, selon ce modèle, à la fois d'un défaut de connexions dites "longue distance" qui relient des neurones éloignés dans le cerveau, et d'une forte densité des connexions "courtes distance" entre des zones cérébrales adjacentes. Certains symptômes autistiques comme la tendance à se focaliser sur des détails et les difficultés à appréhender une situation dans son ensemble s'expliqueraient ainsi par cette "augmentation de la connectivité neuronale entre des zones cérébrales adjacentes", selon un communiqué du CEA Paris-Saclay. Mais le centre de recherche annonce la publication d'une étude dans la revue Brain qui vient totalement bouleverser ce modèle de la dysconnectivité.

De la connectivité cérébrale à la cognition sociale

L'équipe de chercheurs français (Inserm/Fondamental/NeuroSpin/APHP) à l'origine de ces nouveaux travaux, montre au contraire un déficit de connexions "courtes distances" chez certaines personnes atteintes de TSA. Une anomalie justement "corrélée au déficit de deux dimensions de la cognition sociale (les interactions sociales et l'empathie) chez les sujets présentant des TSA". L'étude opère ainsi un grand écart avec les observations précédentes, qui s'explique notamment par la technique utilisée pour examiner la connectivité cérébrale.

Les chercheurs ont exploité un atlas créé au centre de neuro-imagerie NeuroSpin du CEA Paris-Saclay et spécifiquement dédié à l’analyse de 63 connexions « courte distance ». A l'aide de cet outil innovant, les chercheurs ont ainsi pu tracer plus précisément les trajets des faisceaux de fibres nerveuses pour les représenter sous la forme d'un tractogramme (image de une). Résultat :  chez les personnes atteintes de TSA, 13 connexions "courte distance" présentaient un déficit de connectivité (voir image ci-dessous).

L'étude n'a porté que sur des adultes (18 à 55 ans) issus de la cohorte InFoR Autism dont l’objectif est de rassembler les données cliniques, biologiques et d’imagerie cérébrale afin d’étudier la stabilité et l’évolution des TSA. Si seules 27 personnes atteintes de TSA (et 31 sujets contrôle) ont été incluses dans l'étude, le résultat a de quoi étonner et appelle à poursuivre les travaux en ce sens. Pour le Pr Josselin Houenou, psychiatre qui a dirigé l'étude, l'écart entre ces nouveaux résultats et le modèle de la dysconnectivité s'explique car ce dernier "repose sur l'étude de populations pédiatriques hétérogènes, comprenant des enfants autistes d'âges variables et à la symptomatologie très variée, et sur des méthodes de neuroimagerie peu spécifiques ne permettant pas de mesurer avec fiabilité la connectivité ''courte distance''." 

Mais ces résultats originaux doivent encore être confirmés, en particulier chez les enfants. Pour le chercheur, "si ces premières conclusions étaient confortées, cela permettrait d’envisager le développement de nouvelles approches thérapeutiques pour les déficits de la cognition sociale. Par exemple, la stimulation magnétique transcrânienne pourrait être explorée car la connectivité cérébrale entre des zones adjacentes est localisée en superficie du cerveau."

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