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Face à la crise du mouvement des « gilets jaunes », les préfets sonnent l’alerte politique

Sous le sceau de l’anonymat, les représentants de l’Etat critiquent la déconnexion de l’exécutif.

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Publié le 03 décembre 2018 à 11h07, modifié le 03 décembre 2018 à 12h05

Temps de Lecture 2 min.

Qu’ils soient le bras armé de l’Etat dans un territoire ou chargés d’une mission d’intérêt général spécifique, les préfets manifestent rarement leurs états d’âme. Aujourd’hui, plusieurs d’entre eux, devant la crise engendrée par le mouvement des « gilets jaunes », font part, sous le sceau de l’anonymat, d’une certaine appréhension. Appréhension d’autant plus vive que les autorités centrales leur donnent parfois l’impression de ne pas avoir pris la mesure du problème et de les laisser sans consigne précise.

« Ce qui se passe est le fruit d’années de fragmentation de la société française, juge l’un d’eux. Pour l’heure, la réponse de l’exécutif est à côté de la plaque. » « Je suis très inquiet car le pouvoir est dans une bulle technocratique, renchérit un autre. Ils sont coupés de la France des braves gens qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois. Ils n’ont aucun code et aucun capteur. Nous, les préfets, pourrions leur donner des éléments mais ils ne nous demandent rien. Quand ils viennent sur le terrain, c’est parés de leur arrogance parisienne. »

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Or, dit-il en substance, le déphasage d’une partie de nos élites ne fait qu’alimenter la colère des personnes qui se mobilisent. Alors que la préfecture de Haute-Loire, au Puy-en-Velay, a été incendiée, samedi 1er décembre, plusieurs représentants de ce corps de hauts fonctionnaires parlent de situation « explosive et quasi insurrectionnelle », voire « pré-révolutionnaire ». Comme en 1789, lorsqu’une partie de la population s’est soulevée contre les impôts, confie un préfet : « Ce qui s’exprime le plus, c’est la haine du président de la République. »

Diversité des attentes et des profils

La réponse aux troubles actuels ne peut être que « politique », enchaîne-t-il. « Il faut ouvrir le dialogue », complète un de ses collègues. Un exercice ardu compte tenu de la diversité des attentes et des profils sociaux qui caractérisent les « gilets jaunes ». « Chaque département offre des singularités, décrypte un préfet. Dans le mien, le mouvement agrège des travailleurs pauvres, des retraités avec de petites pensions qui s’estiment touchés dans leur dignité, des dirigeants d’entreprise de travaux publics confrontés à des hausses de prix des carburants et des patrons de sociétés de petite taille, qui affirment ne pas s’en sortir. »

Difficile, dans ce contexte, d’« identifier les interlocuteurs », rapporte un de ses pairs. Et quand une figure émerge pour converser avec l’Etat, elle se fait parfois « huer » par la base. « Beaucoup de préfets ou de directeurs de cabinet de préfets ont reçu des “gilets jaunes” et ça n’a servi à rien, souligne le collaborateur d’un ministre. Qu’aurait pu et dû faire l’exécutif, une fois lancé ce mouvement à la fois univoque et protéiforme ? » A ce stade, la question reste entièrement ouverte.

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