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Des experts s'inquiètent de la trappe qui "piège" les employés au SMIC

Les salariés passent en moyenne 8% de leur carrière au Smic, ce chiffre monte à 18% pour les personnes y ayant passé au moins un an.

Les salariés passent en moyenne 8% de leur carrière au Smic, ce chiffre monte à 18% pour les personnes y ayant passé au moins un an. - Philippe Hughen-AFP

Pour les salarié(e)s au Smic, les perspectives d'en sortir sont fortes la première année mais s'amenuisent ensuite avec un risque d'être piégés dans une "trappe", selon le rapport du groupe d'experts sur le Smic remis au gouvernement et aux partenaires sociaux.

Alors qu'une revalorisation du salaire minimum sera décidée fin décembre, pour les salarié(e)s payé(e)s au SMIC (1149 euros nets pour 35 heures) au-delà d'une année, le risque est grand de rester longtemps à ce niveau de rémunération. Se basant sur une étude à paraître de la Direction des statistiques du ministère du Travail, des experts, dans un rapport remis à l'exécutif et aux partenaires sociaux, constatent qu'entre 1995 et 2015, la proportion de salariés rémunérés à moins de 1,1 Smic est restée stable "autour de 11%".

Ils constatent que "la très grande majorité (69%) des périodes passées au voisinage du Smic ne dure pas plus d'une année". Mais "la probabilité que cette période dure une année supplémentaire augmente avec le temps déjà passé à ce niveau", notent-ils. Au final, alors que les salariés passent en moyenne 8% de leur carrière au Smic, ce chiffre monte à 18% pour les personnes y ayant passé au moins un an et 25% pour celles y ayant passé au moins deux ans.

La formation professionnelle pour sortir de la "trappe"

Les experts concluent sur l'importance de la formation professionnelle pour lutter contre ces "effets de trappe" qui sont plus forts pour les femmes, les salariés du commerce et du transport, d'entreprises de petite taille et de plus de 45 ans.

Par ailleurs, ce groupe, consulté avant chaque revalorisation du Smic, ne juge "pas utile" de faire une recommandation sur un éventuel "coup de pouce" au 1er janvier, le Premier ministre l'ayant déjà exclu. Depuis sa création en 2008, ce groupe s'y est toujours montré défavorable car "le salaire minimum français s'avère, en valeur nette, parmi les plus élevés dans les pays de l'OCDE".

Le SMIC est "peu efficace pour lutter contre la pauvreté"

Le Smic bénéficie chaque année d'une hausse mécanique, calculée selon deux critères: l'inflation constatée pour les 20% de ménages aux plus faibles revenus et la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire de base ouvrier et employé (SHBOE).

Comme l'année dernière, les auteurs préconisent de réformer cette formule pour ne garder que le critère de l'inflation ou même aucun critère. "Une réforme de la règle de revalorisation permettrait de renforcer le rôle de la négociation collective dans la définition des normes salariales", en particulier dans les branches", argumentent-ils.

En outre, ils répètent que le Smic est un outil "peu efficace pour lutter contre la pauvreté" qui est d'abord "la conséquence de la faible durée travaillée". "La revalorisation engagée sur plusieurs années de la prime d'activité, beaucoup mieux ciblée sur les ménages pauvres, semble bien mieux adaptée", jugent-ils.

F.Bergé avec AFP