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Enfants "matraqués", manifestants pro-Trump : nouvelles intox autour des Gilets jaunes

Une voiture renversée le 1er décembre lors des manifestations à Paris et un policier face à des manifestatns en 2016 à Bordeaux.
Une voiture renversée le 1er décembre lors des manifestations à Paris et un policier face à des manifestatns en 2016 à Bordeaux.
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Depuis la troisième journée de manifestations des Gilets jaunes le 1er décembre, des images véhiculant de fausses informations circulent massivement. Tour d’horizon.

De fausses images avaient déjà circulé après les deux premières journées de mobilisation des Gilets jaunes, les 17 et 24 novembre. Le mouvement est né d’une volonté de contestation de la hausse de taxes sur le diesel, et a étendu ses revendications à une hausse du pouvoir d’achat et une contestation globale de la politique d’Emmanuel Macron.

>> LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Quatre réflexes simples pour vérifier les images sur les Gilets jaunes

À Paris notamment, mais aussi dans plusieurs villes de France, les deux dernières journées de manifestations ont été émaillées d’importantes violences, avec des dégradations et des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants.

1/ Un CRS qui frappe "des enfants" ?

Avec plus de 20 000 partages en 48 heures, cette photo circule depuis le 3 décembre. Elle montre un CRS brandir sa matraque en direction d’un jeune homme et d’une personne de dos, présentée comme une enfant. Elle a été postée par une internaute sur son compte individuel, qui affiche son soutien aux Gilets jaunes, et affirme : "Les CRS matraque des enfants, alors que le gouvernement a voté une loi contre la fessée, le pays part complètement en couille" (sic).

Capture d'écran d'un lien affichant la publication.

Aucune indication n’est donnée sur la prétendue date de la photo, mais la référence à l’interdiction de la fessée peut laisser penser que cette photo serait récente : une loi votée le 30 novembre interdit la fessée envers les enfants.

Or, une recherche par image inversée (voir ici comment faire) dans Google Images permet de constater qu’elle a été prise...en 2016, à Bordeaux, lors des manifestations contre la loi travail votée sous François Hollande. Cet article du quotidien local Sud Ouest montre plusieurs clichés pris dans les instants précédents ou suivants la photo. Les vêtements des protagonistes, la position du CRS et le décor ne laissent aucun doute sur le fait qu’il s’agit du même évènement.

2/ Des policiers qui "matraquent des enfants assis" ?

Cette vidéo a été postée le 30 novembre sur plusieurs groupes notamment un groupe Facebook "Gilets jaunes "ou un autre groupe "Planète Buzz ", un jour avant la dernière manifestation en date des Gilets Jaunes. On y voit des policiers en train de "matraquer des enfants assis ".

On peut déjà douter de la fiabilité de la publication rien qu’en regardant la vidéo : ce ne sont pas des enfants mais des jeunes adultes qui sont pris à partie. Par ailleurs, ils ne sont pas "matraqués ", les policiers ne font que taper au sol avec leur arme.

Pour retrouver l’originale, il faut s’armer de patience. Dans les commentaires, plusieurs personnes affirment que la vidéo remonterait à 2015. On peut par ailleurs reconnaître la place de la République à Paris, notamment sa statue centrale, à l’arrière-plan.

En faisant une recherche sur Google, dans l’onglet vidéo avec les termes "CRS 2015 république", on trouve plusieurs vidéos d’affrontement entre des CRS et des manifestants place de la République le 29 novembre 2015, lors d’une manifestation qui se tenait en marge de la COP 21, la Conférence mondiale sur les changements climatiques alors organisée dans la capitale française.

Mais il ne s’agit pas de la même vidéo. C’est en allant sur Twitter, avec une recherche "police cop 21 "dans l’onglet vidéo, qu'on tombe sur l’originale : il s’agit bien de CRS dispersant cette manifestation, et cette image n’a rien à voir avec les Gilets jaunes.

Des manifestations de lycéens ont depuis début décembre pris des tournures violentes, ce qui peut par ailleurs enretenir la confusion en voyant ce genre de fausses informations. 

3/ Des manifestants qui réclament Donald Trump ?

Un certain nombre de Gilets jaunes demandent la démission d’Emmanuel Macron. Au point de carrément réclamer Donald Trump à sa place ? C’est ce que laisse entendre ce post en anglais, qui affirme : "La France, sur le point de devenir un pays du tiers monde, chante 'nous voulons Trump'", avec une vidéo d’une manifestation dans laquelle on entend effectivement une foule scander "we want Trump".

On peut très vite déceler que cette légende est totalement bidon : la vidéo n’a pas été tournée en France, les uniformes des policiers sont ceux de la police anglaise. Par ailleurs, on ne voit aucun gilet jaune dans les images.

Il n’est pas possible de retrouver la vidéo originale, mais comme le note le journaliste de l’AFP Guillaume Daudin sur Twitter, cette scène ressemble beaucoup à une autre, où l’on entend des manifestants scander les mêmes mots. Elle semble avoir été filmée de l’autre côté du bus.

Cette scène date donc en réalité de juin 2018, lors d’une manifestation de nationalistes anglais.

Donald Trump, lui, ne s’est pas posé trop de questions quant à la véracité de cette information : il avait relayé un message d’un conservateur américain prétendant que les Gilets jaunes le réclamaient.

4 / Des voitures incendiées sans plaque d’immatriculation ?

Plusieurs publications sur Facebook, totalisant plus de 70 000 partages, ont affirmé, au lendemain des violences à commises à Paris le 1er décembre, que plusieurs voitures brûlées n’avaient pas de plaques d’immatriculation. Ce qui prouverait, selon les auteurs de ces publications, que ces voitures auraient été "sorties des fourrières" et installées par les autorités dans les rues de la capitale pour mettre en scène leur destruction. Et donc alimenter l’image de Gilets jaunes violents.

Comme le montre l’AFP Factuel, il est possible de retrouver, pour chacune des voitures mises en cause, d’autres images où la voiture possède toujours sa plaque.

Ainsi par exemple la Range Rover, que l’on peut voir ici et avec une plaque d’immatriculation de corps diplomatique. Et de même pour les cinq autres véhicules mis en cause.

 

>> LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Des policiers casseurs dans la manifestation de Gilets jaunes ? Analyse d’une rumeur

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