Comment la nouvelle attaquante du PSG a échappé aux talibans

Arrivée ce jeudi, l’internationale danoise Nadia Nadim est originaire d’Afghanistan, qu’elle avait été obligée de quitter clandestinement avec sa mère et ses quatre sœurs après l’assassinat de son père.

 Premier entraînement pour Nadia Nadim (au premier plan) sous les couleurs du PSG ce jeudi 3 janvier 2019.
Premier entraînement pour Nadia Nadim (au premier plan) sous les couleurs du PSG ce jeudi 3 janvier 2019. PSG

    Trois jours à peine après l'ouverture du mercato, le PSG a déjà frappé un grand coup pour renforcer son équipe… féminine. Ce jeudi, le club a annoncé la signature de l'expérimentée Nadia Nadim, présente à la reprise de l'entraînement dans la matinée. Libre depuis son départ de Manchester City mi-décembre, l'attaquante qui a fêté ses 31 ans mardi s'est engagée pour six mois.

    Elle ne pourra pas être alignée en Ligue des Champions ( Paris défiera Chelsea en quart fin mars ) pour l'avoir déjà disputée avec le club anglais. Ses grands débuts avec le PSG, qui remet sa Coupe de France en jeu dimanche au camp des Loges contre Rennes-Bréquigny (D 2) en 16e de finale, sont attendus lors du déplacement à Lille en D 1 le 13 janvier.

    Nul doute que son arrivée va encore faire grandir le jeune groupe d'Olivier Echouafni. Car si la carrière sportive de Nadia Nadim est riche, son destin est encore plus exceptionnel. L'internationale danoise (85 sélections, 29 buts) est née en Afghanistan d'une mère, Hamida, directrice d'école et d'un père, Rabena Khan, général dans l'armée nationale.

    L'histoire d'une expatriation contrainte

    La vie de la famille et de ses quatre sœurs, Giti, Diana, Muskan et Mujda, bascule en 1996 avec l'arrivée au pouvoir des talibans, qui imposent la charia, la loi islamique obligeant les femmes à porter la burqa et à vivre quasi recluses. Considéré comme un opposant au régime, le père de Nadia, qui n'a alors que 9 ans, est exécuté. « Nous étions six femmes seules. Nous n'avions aucun espoir. Pour nous, il n'y avait pas d'école, pas de travail. Nous ne pouvions même pas traverser la rue sans un homme à nos côtés. Notre vie était en train de s'effondrer », racontera la joueuse quelques années plus tard, sur le site de la Fifa.

    Hamida et ses cinq filles doivent fuir le pays. Elles rallient en voiture le Pakistan et l'aéroport de Karachi, d'où elles décollent grâce à de faux passeports. Arrivées en Italie, elles embarquent dans un camion et passent plusieurs jours sans manger dans l'espoir de retrouver de la famille à Londres. Sans le savoir, au terme de leur périple, elles se retrouvent au… Danemark, dans la petite ville de Randers. Livrées à elle-même, ballottées entre plusieurs camps de réfugiés.

    C'est dans le dernier d' entre eux, près d'Aalborg et à côté d'un club de foot, que Nadia se prend de passion pour le ballon rond, interdit aux femmes en Afghanistan sous peine de lapidation. « Nous jouions parfois avec mon père dans notre jardin quand nous étions petites. Nous n'étions pas autorisées à pratiquer un sport, ni à jouer auprès des garçons, mais la plupart des maisons en Afghanistan étaient gardées et protégées, donc personne ne pouvait nous voir », précisera-t-elle à Our Game Magazine, média spécialisé dans le football féminin.

    Un symbole d'espoir

    Son talent indéniable ne passera pas inaperçu auprès des plus grands clubs danois. Après des expériences à Gug Boldklub, Aalborg, Viborg et Skovbakken, elle rejoint le réputé Fortuna Hjørring en 2012. Quatre ans plus tôt, l'obtention de la citoyenneté danoise lui a permis d'être la première étrangère de naissance à intégrer l'équipe nationale, hommes et femmes confondus.

    Également passée par les États-Unis, d'abord au Sky Blue FC, puis aux Thorns de Portland, avec lesquels elle a remporté le championnat en 2017, la buteuse s'est affirmée comme une cadre de la sélection, finaliste malheureuse de l'Euro 2017, mais non-qualifiée pour la Coupe du monde en France (du 7 juin au 7 juillet prochain).

    « J'ai senti que j'accomplissais quelque chose au-delà du football. J'ai changé les opinions à propos de ce que les filles peuvent ou ne peuvent pas faire, et cela signifie beaucoup », a un jour déclaré celle qui a aussi mené des études de médecine pour devenir chirurgien, consciente d'être un symbole d'espoir pour tous les réfugiés à travers le monde.