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« Où sont les Blancs dans cette victoire des Bleus ? » Cette interrogation du quotidien italien Il Giornale, au lendemain de la victoire de l'équipe de France en Russie, donne le ton. Diffusé le 6 janvier sur Canal+, le documentaire Je ne suis pas un singe met en effet en lumière le racisme des stades de football, un an après Ma part d'ombre dans lequel six footballeurs acceptaient de se livrer sur leurs faiblesses et, pour certains, sur les polémiques qu'ils avaient engendrées.
Toujours aux commandes du film, Olivier Dacourt et Marc Sauvourel ont recueilli les témoignages, entre autres, des footballeurs Samuel Eto'o, Patrick Viera, et Paul Canoville – premier joueur noir de Chelsea – ou encore d'un supporteur italien ouvertement fasciste, tatouage de Mussolini à l'appui.
Après "Ma Part d'Ombre", notre deuxième documentaire réalisé avec @dacourtolivier parlera du racisme dans le football. "Je ne suis pas un singe", dimanche 6 janvier à 21h sur @canalplus ⚽ juste après le @CanalFootClub pic.twitter.com/0nN9DlsFzB
— Marc Sauvourel (@Marc_Sauvourel) 21 décembre 2018
Le racisme toujours d'actualité
Si Je ne suis pas un singe est percutant, c'est parce que son sujet est fort. Et tristement actuel. Kalidou Koulibaly en a récemment fait les frais. En décembre, le joueur de Naples a été visé par des cris de singe à plusieurs reprises, lors d'un match à Milan. Des insultes auxquelles le Sénégalais avait déjà été confronté trois mois plus tôt. En réponse, la Fédération italienne a suspendu le virage sud de l'Allianz Stadium pour les deux matches qui ont suivi à domicile, en plus d'une amende de 10 000 euros.
Une condamnation suffisante ? Pour Patrick Viera, l'entraîneur de l'OGC Nice, interrogé dans le documentaire, « l'UEFA et la Fifa ne prennent pas leurs responsabilités ». Mais Gianni Infantino, son président, renvoie la balle : c'est aux fédérations et aux clubs de « sanctionner ». Un flou quant à la responsabilité des actes perpétrés et aux sanctions à donner qui n'incitent pas les auteurs incriminés à s'arrêter.
Un sujet presque tabou
D'autant plus que le sujet est peu évoqué dans le milieu, et surtout par les principaux concernés : les footballeurs. Peu de joueurs acceptent en effet de s'épancher sur un phénomène qui, au-delà des stades de première division, touche également les structures amateurs. Un reportage de l'émission Envoyé spécial, diffusé sur France 2 le 8 novembre, avait ainsi réussi à prouver les pratiques de fichage ethnique au PSG par les recruteurs. De 2013 à 2018, une grille de sélection comportait une case « origines », avec les options « Français », « Antillais », « Maghrébin » et « Afrique noire ». Un fichage ouvertement raciste et interdit par la loi.
Dans le documentaire de Canal+, Samuel Umtiti le reconnaît : il a hésité avant de témoigner. « Je ne suis pas une victime », affirme-t-il à Olivier Dacourt. Mario Balotelli, l'attaquant de l'OGC Nice, n'hésite pas, lui, à évoquer les multiples injures qu'il a subies depuis son adolescence, lui le footballeur noir sans cesse rattaché aux origines africaines de ses parents. Quand il s'agit d'évoquer les supporteurs incriminés, le joueur italien vise juste : « Les singes sont certainement bien mieux que ces gens-là. C'est sûr à 100 % qu'un singe est plus intelligent qu'eux. » Une réponse aussi sage que la bêtise et la violence de ses bourreaux.