Des dizaines de tentes sont rassemblées sous un pont Porte de la Chapelle. Crédit : InfoMigrants
Des dizaines de tentes sont rassemblées sous un pont Porte de la Chapelle. Crédit : InfoMigrants

Une dernier décompte effectué par l'association France Terre d'asile mercredi a recensé 2 039 migrants qui vivent sous des tentes dans les rues du nord de Paris. La préfecture explique cette situation par une "saturation des centres d’hébergement" et annonce l'ouverture prochaine en Ile-de-France de 1 200 nouvelles places de mises à l'abri.

Les campements de rue du nord parisien ne cessent de s’agrandir, au grand dam des ONG et des collectifs qui leur viennent en aide. L’association France Terre d’asile (FTA), qui effectue des maraudes dans la capitale, a recensé mercredi 9 janvier 2 039 personnes qui vivent sous des tentes sur les trottoirs de la ville.

La semaine d’avant, FTA avait compté 1 728 migrants dans les campements, en prenant une base de deux personnes par tente. "Le nombre augmente quotidiennement. Si on ne fait rien, ils seront 3 000 fin janvier, 4 000 en février…", avertit Pierre Henry, directeur général de l’association, joint par InfoMigrants.

Les migrants sont rassemblés sur plusieurs zones : plus de 800 personnes sont dans le secteur de la porte de la Chapelle où des tentes s’entassent sous l’autoroute A1 et près du périphérique. D’autres campements, plus petits mais tout aussi insalubres, se sont constitués à Saint-Denis, porte de Clignancourt ou encore porte de la Villette, dans le nord de la capitale, où des migrants soudanais notamment ont planté leurs tentes au milieu de la circulation, sur un rond-point jonché de déchets et de gravats.

Un migrant afghan dort dans les rues de Paris, en août 2018. Crédit : Mehdi Chebil>> À lire sur InfoMigrants : À Saint-Denis, les migrants repoussés de Paris échouent sur l’avenue Wilson

Comment expliquer une telle augmentation ? La préfecture de région, contactée par l’AFP, explique que l’Ile-de-France a connu une hausse "de 45% du nombre de demandeurs d’asile" en 2018 contre "20% au niveau national". Une situation qui a provoqué, selon les autorités, une "saturation des centres d’hébergement pour migrants". Au mois de septembre, la préfecture avançait pourtant le nombre de 9 000 places disponibles en région parisienne.

Face à cette situation, "le gouvernement va renforcer ces prochains jours les moyens d’hébergement des demandeurs d’asile. Ainsi, 1 200 places de mises à l’abri pour migrants vont ouvrir très prochainement en Ile-de-France, grâce au soutien du ministère de la Cohésion des territoires", a affirmé le préfet Michel Cadot. 

Le directeur de FTA se réjouit d’une telle annonce mais dénonce une absence de politique migratoire pensée sur le long terme. "On est toujours en retard face à la réalité des campements, on court en permanence derrière les situations dramatiques", soupire Pierre Henry. "Je réclame depuis deux ans un dispositif de premier accueil à Paris mais aussi dans les capitales régionales" afin de désengorger la capitale.

Dans une tribune publiée fin décembre dans le journal du dimanche (JDD), 14 ONG dont Médecins sans frontières (MSF) et le Secours catholique avaient accusé l’État de "mise en danger délibérée" des migrants, en les forçant à se rendre quasi "invisibles". Elles demandaient également à Emmanuel Macron "de permettre un hébergement rapide des personnes à la rue".

Un migrant dort à même le sol, Porte de la Chapelle, à Paris. Crédit: Mehdi Chebil

 

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