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Trudeau dénonce une condamnation à mort « arbitraire » en Chine

Flanqué de deux policiers chinois, un homme portant des lunettes et les cheveux très courts assiste à l'audition de son appel.

Le Canadien Robert Lloyd Schellenberg lors de l’audition de son appel pour une peine de 15 ans de prison à Dalian, dans le nord de la Chine.

Photo : Associated Press / Television chinoise (CCTV)

Radio-Canada

« C'est très inquiétant que la Chine commence à agir de façon arbitraire pour appliquer la peine de mort, surtout sur un Canadien », a déclaré le premier ministre Justin Trudeau à la suite de la condamnation à mort du Canadien Robert Lloyd Schellenberg en Chine.

En faisant appel de sa peine de 15 ans de prison – infligée par un juge de première instance le 20 novembre dernier à Dalian, dans le nord de la Chine –, Robert Lloyd Schellenberg a vu sa peine s’alourdir considérablement lundi matin lorsqu'un juge l’a condamné à mort.

Les infractions liées à la drogue sont très sévèrement punies en Chine, où un Britannique a été exécuté en 2009 pour avoir introduit de l'héroïne dans le pays.

« Nous avons et nous allons continuer de défendre les intérêts de tout Canadien soumis à la peine de mort », a poursuivi M. Trudeau.

« Tout ce que je peux dire pour le moment, c’est que nos pires peurs se sont concrétisées », a déclaré la tante de M. Schellenberg, Lauri Nelson-Jones.

Nous attendons impatiemment toute nouvelle concernant un éventuel appel.

Une citation de Lauri Nelson-Jones, tante de Robert Lloyd Schellenberg

« En ce moment, nous pensons à Robert. Nous avons peine à imaginer ce qu’il peut ressentir et penser. Cette situation est aussi horrible que malheureuse et déchirante », a confié Lauri Nelson-Jones.

Mardi matin, son avocat a annoncé que le ressortissant canadien fera appel de cette décision.

Le niveau de risque pour les voyages en Chine reste inchangé, mais tient compte des récents développements

Sur son site web, le gouvernement canadien continue d'inciter les Canadiens qui sont en Chine ou qui veulent s'y rendre à « faire preuve d'une grande prudence ». Depuis le 14 janvier, il invoque le « risque d'application arbitraire des lois locales ». Jusqu'alors, il citait plutôt des « actes de violence isolés, dont des attentats et des manifestations ».

La section Lois et coutumes a également été modifiée. On y mentionne maintenant que « les autorités chinoises appliquent, parfois de façon arbitraire, la peine de mort pour les crimes violents et non violents ». On précise aussi que les peines pour la possession, l’usage, la production et le trafic de stupéfiants « peuvent être attribuées de façon arbitraire ».

Tensions diplomatiques

Justin Trudeau en tenue hivernale devant un microphone.

Le premier ministre Trudeau répond aux questions des médias réunis devant la résidence Rideau Hall.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

L’ancien représentant du Québec à Pékin Patrice Dallaire a souligné en entrevue à ICI Première que la première condamnation était survenue avant l’arrestation de la dirigeante du géant chinois des télécommunications Huawei, le 1er décembre dernier. Une arrestation effectuée en sol canadien à la demande de Washington, qui demande désormais son extradition aux États-Unis.

« L’appel a toutefois été logé au mois de décembre, poursuit M. Dallaire. Ça a peut-être été une erreur de loger un appel à ce moment, étant donné que le taux de culpabilité dans les cours chinoises se situe au-dessus des 99 %. »

Lorsque tu apparais dans une cour en Chine, au départ, tes chances [d’être disculpé] sont presque inexistantes.

Une citation de Patrice Dallaire, ancien représentant du Québec à Pékin

M. Dallaire refuse néanmoins d’y voir un lien de cause à effet. « Que la cour ait décidé d’appliquer une sentence encore plus lourde, ce n’est pas inusité non plus », poursuit-il en précisant que les juges sont nommés par le gouvernement en Chine. « Au sein de la justice chinoise, il n’y a pas de concept – comme au Canada ou en Occident en général – de séparation des pouvoirs », ajoute M. Dallaire.

Les juges sont nommés par l’État, ils sont fonctionnaires de l’État, ils n’ont parfois aucun diplôme en droit.

Une citation de Patrice Dallaire, ancien représentant du Québec en Chine

« Le Canada a longtemps collaboré avec la Chine […] pour aider à former les juges chinois parce qu’à une certaine époque, au début des années 2000, il n’y en avait pas 50 % qui avaient un diplôme en droit », illustre le diplomate, qui est également en résidence aux Hautes études internationales de l'Université Laval.

Transparence ou message diplomatique?

M. Dallaire croit qu’il ne faut pas sauter aux conclusions trop rapidement en interprétant l’invitation aux médias étrangers à suivre le procès du trafiquant canadien. « Si tout se passe derrière des portes closes, on peut poser toute une série de questions, avance-t-il. Du moment où tu ouvres les portes, tu peux montrer que le processus "régulier" suit son cours et ça peut laisser moins de place à la spéculation. »

Un homme est assis dans le box des accusés flanqué de deux policiers chinois.

Le Canadien Robert Lloyd Schellenberg dans le box des accusés devant la cour chinoise.

Photo : Weibo / Gouvernement chinois

« En même temps, on peut interpréter ça aussi comme une façon de passer un message », ajoute-t-il.

M. Dallaire précise que la situation des Canadiens en Chine sera « extrêmement difficile » dans l’éventualité où la dirigeante de Huawei arrêtée au Canada était extradée aux États-Unis. « On voit effectivement que les Chinois sont extrêmement piqués par cette histoire [Huawei] », dit M. Dallaire. « Si elle était extradée aux États-Unis, c’est sûr que la pression augmentera sur le Canada, mais aussi sur les États-Unis. »

En attendant, ce n’est pas le moment pour un Canadien d’avoir une coche mal taillée en Chine.

Une citation de Patrice Dallaire, ancien représentant du Québec en Chine

Un total de 13 citoyens canadiens ont été arrêtés en Chine depuis l'arrestation de la directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei, selon le gouvernement canadien.

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