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Subvention de Paris à une asso indigéniste : Griveaux dénonce une atteinte "aux valeurs de la République"
Benjamin Griveaux critique sévèrement Anne Hidalgo au sujet de la subvention à la Fasti.
ELIOT BLONDET-POOL/SIPA

Subvention de Paris à une asso indigéniste : Griveaux dénonce une atteinte "aux valeurs de la République"

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L'élu de Paris Pierre Liscia a interpellé le conseil municipal au sujet d'une subvention accordée à la Fasti, une association proche des valeurs des Indigènes de la République. Les 3.000 euros ont bel et bien été attribués mais l'affaire est remontée jusqu'au gouvernement, dont le porte-parole Benjamin Griveaux a réagi auprès de Marianne.

Évaporée courant novembre, la polémique repart de plus belle : la mairie de Paris est critiquée pour avoir accordé une subvention à la Fédération des associations de solidarité avec tous-te-s les immigré-e-s (Fasti), un groupement qui vient en aide aux sans-papiers sur le terrain mais développe aussi, dans son magazine militant, des thèses politiques très marquées. Initiées par un élu de droite du 18e arrondissement, Pierre Liscia, les protestations contre ce don d'argent public prennent désormais une autre dimension : le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, s'est saisi du dossier, fustigeant auprès de Marianne la décision de la mairie de Paris. "Ma position est simple : des gens qui se mettent en dehors des valeurs de la République ne peuvent pas bénéficier de fonds publics", tranche le secrétaire d'Etat, qui fait partie des candidats pressentis pour représenter la République en marche (LREM) aux municipales à Paris en 2020.

"C'est une association militante politique"

Pour mieux comprendre cette controverse, il faut revenir au conseil municipal du 5 novembre dans le 18e arrondissement. Pierre Liscia, élu de droite proche de Valérie Pécresse, lance le débat au sujet d'une subvention passée inaperçue : 3.000 euros doivent être attribués à un projet d'accompagnement de couturiers sans papiers de la Goutte d'Or, un quartier populaire du nord de la capitale. L'association choisie est donc la Fasti, qui se présente dans ce dossier comme un recours à une autre structure qui n'était plus en mesure de porter le projet. Pierre Liscia s'en insurge, et partage sa prise de parole sur les réseaux sociaux : "Je vais m'opposer à cette délibération, non pas parce que l'action d'accompagner les couturiers de la Goutte d'Or me pose problème, bien au contraire, mais parce que je suis très réservé quant au choix de l'association que vous vous apprêtez à financer. C'est une association militante politique qui a des prises de position particulièrement radicales, virulentes, et qui pose la question du respect d'un certain nombre de principes républicains."

S'ensuit un débat tendu, des élus communistes et écolos de la majorité dénonçant son "choix de s'en prendre à ceux qui défendent les plus faibles". A cet instant, le jeune élu est le seul à prendre position contre le vote de la subvention. Mais le 12 novembre, un élément change la donne : la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) publie un communiqué pour demander à son tour à Anne Hidalgo de renoncer à financer la Fasti. En pleine commémoration des attentats du 13-Novembre, la mairie de Paris décide prudemment de retirer l'aide de 3.000 euros de l'ordre du jour des réunions du conseil de Paris, et de "reporter l'examen de cette délibération afin d'étudier ces nouveaux éléments et en tirer toutes les conséquences nécessaires".

Le 20 novembre, une tribune de soutien à la Fasti, signée par des élus communistes (Gérald Briant, Nicolas Bonnet-Oulaldji, Pierre Laurent) mais aussi Insoumis (Danielle Simonnet, Eric Coquerel), ainsi que par une flopée d'associations (Emmaüs, Attac, le Secours catholique, le Mrap, Droit au logement), s'indigne de la prise de position de la Licra, dénonçant une "tentative de délégitimer" l'action de la Fasti.

La Fasti, organisation indigéniste ?

Qu'est-il précisément reproché à la Fasti, fédération d'une cinquantaine d'associations d'aide aux immigrés (les Asti) ? Des prises de position politiques pour le moins radicales. On en trouve trace dans les colonnes de leur journal militant, le bimestriel intitulé Ouvrons les frontières. Dans cette publication, dont le contenu est en ligne sur le site de la fédération, celle-ci défend des positions s'inscrivant dans une tendance contestataire et très contestée de l'antiracisme : la mouvance décoloniale. Ainsi, après les attentat de janvier 2015 notamment contre Charlie Hebdo, la Fasti refusait clairement "l'appel à 'l'unité nationale', la glorification des forces de l'ordre dominant - policiers et militaires - [n'ayant] qu'un seul but : relégitimer les politiques (néo)coloniales et capitalistes qui sont la cause même de ces violences". Au sujet des attaques du 13 novembre 2015, l'association écrit qu'ils sont, "entre autres, la conséquence des politiques internationales menées par les pays occidentaux (...) et la conséquence de la politique économique et sociale de la France qui paupérise toujours davantage les quartiers populaires dans le cadre de discours médiatiques stigmatisants". En regard, les passages condamnant les terroristes sont très brefs.

De manière générale, les textes militants de la Fasti regorgent de critiques outrancières et d’amalgames historiques où l'usage du "point Godwin" paraît une figure imposée. Ainsi, lorsqu'elle donne son opinion sur la loi Asile et immigration du printemps dernier, celle-ci est tout simplement qualifiée de "code de la honte" qui traiterait les migrants comme "des indésirables, comme l'ont été en d'autres temps, dans les heures sombres de l'histoire de ce pays, les Républicains espagnols, les Juifs, les Tsiganes, les Algériens...". Et lorsque des opérations de police ont lieu pour expulser des personnes sans papiers, c'est le terme de "rafle" qui est utilisé (ce fut le cas en août 2014 et en juin 2015). Enfin, lors du quinquennat de François Hollande mais aussi en février 2018, l'accusation de "racisme d'Etat" a été brandie pour qualifier la politique de la France, accusée par exemple en novembre 2013 de n'avoir "jamais voulu analyser de manière critique le racisme qui imprègne ses institutions, ses lois, son histoire toute entière".

A de multiples égards, ces prises de position de la Fasti s'inspirent du discours du Parti des indigènes de la République (PIR), qui se revendique explicitement opposé au modèle républicain français. Quelques signataires de la tribune de soutien à la Fasti de novembre sont d'ailleurs des proches du PIR : la militante Sihame Assbague, les sociologues Nacira Guénif et Saïd Bouamama. Dans son numéro d'avril, Ouvrons les frontières adressait un soutien appuyé à toute la galaxie racialiste et décoloniale qui gravite autour du PIR : "Nous savons quelle violence est imposée aux personnes racisées qui entrent en lutte; l’association Lallab, le collectif Mwasi, les organisatrices du camp d’été décolonial et du Nyansapo festival, Rokhaya Diallo, les familles des jeunes racisés tués par la police, tous et toutes sont confronté-e-s à une réaction violente. Nous souhaitons participer à faire entendre leurs luttes et à dénoncer les violences qui leur sont faites."

La subvention votée par la ville de Paris

Alors, la Fasti est-elle une officine indigéniste ? Auprès de Marianne, le communiste Gérald Briant, élu du 18e signataire de la pétition de soutien à l'association, déplore "un procès fait sur la base de quelques lignes d'un journal militant, tiré par les cheveux et malsain". S'il admet ne pas employer à titre personnel l'expression "racisme d'Etat", l'élu estime qu'il s'agit "d'une opinion qu'on peut comprendre" et s'en prend à Pierre Liscia : "Il a ses obsessions concernant les musulmans. Les valeurs de la République lui importent moins quand Valérie Pécresse finance des associations anti-IVG ! La Fasti est une fédération d'associations qui s'occupent de l'intégration des travailleurs migrants ; s'il y a des gens qui travaillent pour porter les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, c'est bien eux. S'en prendre à la Fasti pour des raisons politiciennes, c'est minable, dégueulasse". En novembre déjà, le président du groupe écolo au Conseil de Paris, David Belliard, dénonçait dans Libération "un procès d'intention (...). Il faut assumer de financer des associations quelles que soient leurs positions politiques, à condition que cela reste dans le cadre républicain et à condition que les actions menées soient utiles pour les gens".

Les critiques de Pierre Lisca et de la Licra ont tout de même convaincu plusieurs groupes d'élus au Conseil de Paris (Les Républicains, UDI-MoDem, Constructifs et LREM) de voter contre les subsides accordés à la Fasti. En vain : lors du conseil municipal du 12 décembre, où la subvention de 3.000 euros a finalement fait son retour dans l'ordre du jour, elle a été votée.

Extrait du compte-rendu du conseil municipal de la ville de Paris du 12 décembre.

Le gouvernement alerté

Convaincu que les élus communistes et écologistes ont fait pression sur Anne Hidalgo pour réintégrer la subvention en menaçant de faire capoter le vote sur le budget (une information catégoriquement niée par la mairie et les groupes concernés), Pierre Liscia décide de porter l'affaire au niveau du gouvernement. Dans ses arguments pour justifier sa subvention, la ville de Paris fait en effet valoir que l'Etat verse déjà des subsides à la Fasti. Elle a ainsi reçu, en 2017, 120.000 euros du commissariat général à l'Égalité des territoires (CGET), 65.000 euros de la Direction de l’accueil, de l’accompagnement des étrangers et de la nationalité (DAAEN) et 25.900 euros du Fonds pour le développement de la vie associative (FDVA).

Découvrant en outre "que les Asti sont amenées à intervenir régulièrement au sein d'établissements scolaires", l'élu de droite, "choqué d'apprendre que l'argent public sert à financer une association qui entretient la détestation de la France", envoie le 7 janvier 2019 une lettre au Premier ministre Edouard Philippe pour s'en émouvoir : "Je souhaiterais que votre administration rende publiques les relations qu'elle entretient avec la Fasti et qu'elle clarifie son positionnement à son égard". Auprès de Marianne, Liscia juge "incompréhensible" que la République "finance une association qui participe à la détestation de la police et qui reprend les justifications des islamistes" pour expliquer les attentats.

Griveaux contre Hidalgo

Vendredi 11 janvier, Pierre Liscia a rencontré Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. Lequel s'est saisi du dossier et a sollicité des explications des services de l'Etat quant à ces subventions existantes, sans réponse au moment où ces lignes sont écrites. Joint par Marianne, le secrétaire d'Etat se montre offensif : "La solidarité envers les migrants, les personnes les plus fragiles, est une valeur que je partage. Si des actions sont menées en ce sens, j’applaudis des deux mains. Mais je défends également les valeurs de la République : quand on y est attaché, on ne peut pas ne pas trouver abjectes les déclarations de la Fasti en réaction aux attentats survenus à Paris notamment, ou concernant un prétendu racisme d’Etat. Ces prises de position s’inscrivent dans un champ idéologique que l’on connaît bien : celui des indigénistes, du Parti des indigènes de la République".

Le secrétaire d'Etat, élu en juin 2017 député dans la 5e circonscription de Paris, charge la mairie : "Les valeurs de la République ne se négocient pas. On ne peut pas les sacrifier, et cela est d’autant plus vrai à Paris, une ville meurtrie dans sa chair par les attentats". Une charge que les partisans d'Anne Hidalgo ne manqueront pas d'interpréter comme une manœuvre politique, alors que Benjamin Griveaux doit officialiser (ou non) au printemps sa candidature aux élections municipales de l'an prochain.

Contactée, la mairie de Paris nous a fourni des explications circonstanciées. Elle confirme que le projet de subvention à la Fasti avait été reporté en novembre afin, en période de commémorations, "de préserver les victimes et les familles de victimes" des attentats de 2015. Depuis lors, de nombreux "échanges et vérifications" auraient été effectués : la Fasti a été reçue par Anne Hidalgo et son administration pour "apporter l'ensemble des éclairages demandés concernant ses prises de position". L'Hôtel de ville évoque également des discussions avec la Licra et une expertise conduite par ses services administratifs concernant les projets engagés par l'association, qui auraient abouti à des résultats positifs. La mairie assure en outre avoir "rappelé à la Fasti que la liberté associative est un droit fondamental, auquel Paris est viscéralement attaché, et que notre Ville a toujours souhaité que soit portée une parole modérée et emprunte de sobriété s’agissant des événements les plus douloureux qui l’ont marquée". Enfin, fait-elle valoir, l'analyse financière des comptes de la Fasti a montré que les nombreux financements de l'Etat, lui aussi interpellé par la Licra, n'ont pas été suspendus. Comme quoi, tout "raciste" qu'il soit, l'Etat sait se montrer généreux.

Droit de réponse

Mise à jour de l'article

A la suite de la mise en ligne de notre article, la FASTI a souhaité faire paraître ce droit de réponse : "La FASTI et le Mouvement des ASTI, ce sont plus de 50 permanences menées le plus souvent bénévolement sur l’ensemble du territoire chaque semaine par plus de 2000 militantes et militants. Ce sont plus de 20 000 personnes accompagnées chaque année dans leur accès aux droits, l’apprentissage du français ou l’accompagnement à la scolarité. Ce sont des mobilisations quotidiennes pour l’égalité entre les personnes, étrangères ou non, racisées ou non, femmes ou hommes. Dans son article Subvention de Paris à une asso indigéniste : Griveaux dénonce une atteinte « aux valeurs de la République » paru sur le site internet de Marianne le 18 janvier 2019, Hadrien Mathoux rend compte de la farouche opposition de certains politiques aux subventions accordées par la Mairie de Paris à notre association. Paradoxalement, si la FASTI et son projet associatif sont au cœur de l’enquête, où ils sont l’objet de nombreuses critiques et déformations, à aucun moment nous n’avons été sollicités pour apporter notre propre version des faits. Certaines informations sont de ce fait totalement occultées par l’article. Il est indispensable que les lectrices et lecteurs de Marianne en aient connaissance pour se forger un avis éclairé. Tout d’abord concernant les attentats de Paris en 2015, Hadrien Mathoux rebondit sur les propos tenus par l’élu Pierre Liscia, la LICRA et Benjamin Griveaux porte-parole du gouvernement. Il affirme que dans nos publications « les passages condamnant les terroristes sont très brefs ». Notre solidarité et nos condoléances aux familles des victimes des attentats ont été clairement exprimées à plusieurs reprises en introduction même de nos éditos. L’édito du numéro 67 de janvier commence ainsi : « Les mots manquent pour définir l’état de sidération dans lequel nous a plongé-e-s la série de violences débutées le 7 janvier par les assassinats à Charlie Hebdo jusqu’aux deux prises d’otages et leur tragique conclusion le 9 janvier. Nous réaffirmons ici que personne ne doit mourir pour avoir usé de sa liberté d’expression, pour ses idées et/ou pour ses croyances. »Et l’édito du numéro 74 d’octobre-novembre débute ainsi : « Les attentats perpétrés le 13 novembre dernier nous ont tou-te-s choqué-e-s ! Nous témoignons ici notre solidarité à tou-te-s celles et ceux qui ont été touché-e-s et présentons nos condoléances aux familles des victimes ». Tout en dénonçant l’idéologie meurtrière qui pousse des Français à commettre des attentats, nous rappelions dans nos publications que, face à l’horreur, il ne faut pas arrêter de penser. Or, comprendre n’est en aucun cas justifier. La FASTI invite ainsi à contextualiser les attentats en analysant leurs causes profondes, sans les avoir jamais cautionnés. Et c’est ainsi que nous déclarons dans l’édito du numéro 74 d’octobre-novembre : « Ces événements nous poussent à réaffirmer que seules la solidarité et l’égalité entre tou-te-s sans distinction d’origine, de culture, de genre, de religion, nous permettront de sortir de l’impasse d’un système qui porte en lui les germes de la destruction, de l’exclusion. La plus grande erreur pour la société serait de se recroqueviller, de se barricader, de s’administrer un recul sur les valeurs de la démocratie. » Dans le titre de l’article, Hadrien Mathoux nous qualifie de facto d’ « asso indigéniste ». Or, depuis sa création en 1962, la FASTI se définit comme une association de solidarité et conformément à ses statuts, elle agit en toute indépendance, sans aucune inféodation à quelque parti que ce soit. Dans cet article, il est également prétendu qu’ « à de multiples égards », nos prises de position « s’inspirent du discours du Parti des indigènes de la République (PIR), qui se revendique explicitement opposé au modèle républicain français ». Nous nous demandons à quoi correspondent les « multiples égards », en quoi nous nous opposons au modèle républicain, au vu de l’intégralité de notre engagement. La FASTI a sa propre analyse et réflexion, ce qui ne lui empêche pas de mener des mobilisations communes avec le PIR dans le cadre de collectifs (par exemple la Marche des Solidarités). Faire une fixation sur l’un de nos partenaires participe clairement de la malhonnêteté intellectuelle. En effet, la FASTI participe d’un vaste mouvement d’opinion qui lutte contre les inégalités et la restriction des libertés. Parmi ces partenaires, on trouve des syndicats, des associations (telles que la Cimade, la LDH, le MRAP, le Gisti), des collectifs citoyens, des partis politiques. C’est ainsi qu’elle a participé à l’organisation des Etats généraux des migrations (450 organisations) ou à la manifestation du 18 décembre 2018 pour la ratification de la Convention de l’OIT (250 signataires). Contrairement à ce qui est insinué dans cet article, nos analyses et nos positions ne sont pas « outrancières ». Elle ne viennent pas de nulle part mais sont la caisse de résonance de notre expérience de terrain et de la réalité à laquelle nous nous confrontons tous les jours. Elles participent aussi à faire vivre le débat démocratique. Marianne est en droit de ne pas partager nos analyses, elle n’a pas en revanche à les caricaturer, sans même nous donner la possibilité de les défendre, dans le respect du débat contradictoire et du débat d’idées. Oui, nous sommes contre la dernière loi « Asile et immigration » que nous considérons comme honteuse et dangereuse, analyse partagée par des milliers de citoyen-ne-s, partis et associations qui se mobilisent encore aujourd’hui. Pour rappel, quinze député-e-s de la majorité se sont abstenus lors du vote de cette loi. Oui, nous trouvons indigne la façon dont les migrant-e-s ont été traités à Calais et ailleurs par la police française et l’Etat. Oui, nous trouvons dangereux pour notre démocratie le recours permanent aux contrôles au faciès (l’Etat a d’ailleurs été condamné en 2016 sur ce motif par la Cour de Cassation) et aux violences policières dans les quartiers populaires. Nous ne sommes pas les seuls à dénoncer cela, comme en témoigne le rapport de l’ACAT de 2016 « L’ordre et la force, enquête sur l’usage de la force par les représentants de la loi en France » et l’enquête du Défenseur des droits de 2016 « Relations police/population : le cas des contrôles d’identité ». Oui, nous considérons que le colonialisme ne s’est pas éteint avec l’accession à l’indépendance des anciennes colonies. Oui, nous soutenons les résistances, comme des centaines d’autres citoyen-e-s, associations et partis contre la persistance de rapports de domination coloniaux. Ceux-ci sont visibles à différentes échelles : dans les quartiers populaires, en Outre-mer ou dans les relations avec les pays des Suds, notamment dans la « gestion » des migrations. Oui, nous parlons de Racisme d’Etat pour parler des discriminations systémiques dont font l’objet les personnes étrangères et/ou racisées dans notre société (accès aux études, à l’emploi, au logement, à la parole publique, etc.) et pour dénoncer les discours publics qui stigmatisent les migrant-e-s et les personnes racisées. Ce positionnement développé par des sociologues et des militant-e-s, ne fait pas l’amalgame avec celui d’Etat raciste contrairement à ce qui nous est imputé à travers cet article. Il pointe en réalité les responsabilités que peut avoir l’Etat dans la reproduction de rapports sociaux racialisés. Depuis sa création, la FASTI a toujours lutté contre les politiques de l’Etat dès lors qu’elles réduisent les droits et les libertés et organisent l’inégalité entre les personnes. Nous sommes solidaires des luttes de toutes celles et ceux qui combattent les discriminations dont ils/elles sont victimes. Si Hadrien Mathoux nous avait contactés pour la préparation de l’article, nous aurions enfin pu par exemple lui expliquer comment nous faisons vivre au quotidien les valeurs d’égalité, de liberté et de solidarité. Ou encore, nous aurions pu lui raconter comment notre mobilisation et celle d’autres associations ont permis de faire consacrer la fraternité comme principe fondamental par le Conseil constitutionnel. Prudence Riff et François Guigon, co-président-e-s de la FASTI"Le rédacteur de l'article a de son côté souhaité apporter ces éléments de précision :
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  • La FASTI affirme que je ne l’ai pas sollicitée pour apporter une réponse à mes questions. C’est faux : j’ai pris contact avec la FASTI le 14 janvier et l’ai relancée le lendemain, malheureusement sans obtenir de réponse. L'article donne par ailleurs la parole à Gérald Briant, élu du 18e qui défend le travail de la FASTI.

  • Il n’est pas écrit dans l’article que l’association n’a pas exprimé ses condoléances aux victimes des attentats, ou qu’elle a cautionné les attaques, mais que les phrases de condamnation des attentats occupent un espace fort limité dans la production écrite de la FASTI.

  • Il n’est pas écrit que la FASTI s’oppose au modèle républicain, mais que certaines de ses prises de positions « s'inspirent du discours duParti des indigènes de la République (PIR), qui se revendique explicitement opposé au modèle républicain français ».

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne