Pesticides en Gironde : le combat victorieux d'un collectif de parents d'élèves

Le terrain envisagé pour le futur collège de Parempuyre (à droite) n'est séparé que d'une rue des vignes du Château Clément-Pichon ©Radio France - Fiona Moghaddam
Le terrain envisagé pour le futur collège de Parempuyre (à droite) n'est séparé que d'une rue des vignes du Château Clément-Pichon ©Radio France - Fiona Moghaddam
Le terrain envisagé pour le futur collège de Parempuyre (à droite) n'est séparé que d'une rue des vignes du Château Clément-Pichon ©Radio France - Fiona Moghaddam
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Pendant des mois, accompagnés de plusieurs associations, des parents d'élèves ont fait entendre leur voix contre un projet de construction de collège en face d'un vignoble qui utilise des pesticides à Parempuyre (Gironde). Mercredi, le vignoble a annoncé sa prochaine conversion au bio.

L'an dernier, la mairie de Parempuyre a évoqué la future construction d'un collège dans la commune. Une nouvelle qui aurait dû être bien accueillie par les parents. L'établissement actuel est saturé année après année, il accueille aujourd'hui 830 élèves mais sa capacité maximale est de 700 places. En apprenant le lieu choisi par la mairie et le conseil départemental, certains parents d'élèves ont décidé de contester le projet. Ils s'inquiètent de voir grandir leur enfant au milieu des pesticides. Le terrain de 20 000 mètres carrés est en effet bordé par les 25 hectares de vignes du domaine du Château Clément-Pichon.

Le domaine annonce se convertir au bio

Jusqu'à présent, le château n'a jamais évoqué son intention de passer au bio. La pression du collectif de parents, des associations, sans doute des médias également ( un sujet diffusé dans le 20h de France 2 début janvier a fait beaucoup de bruit dans la commune) a très certainement poussé la direction à prendre le tournant du bio.

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Les vignes du Château Clément-Pichon. Château en arrière plan
Les vignes du Château Clément-Pichon. Château en arrière plan
© Radio France - Fiona Moghaddam

Ce n'est pas ainsi que Gwendeline Lucas, la directrice générale du groupe Fayat, justifie ce choix. Selon elle, le processus était envisagé depuis longtemps, la polémique autour du collège n'a fait que l'accélérer. "Il y a de nombreuses habitations autour de cette propriété donc c'est tout naturellement que le passage au bio est une question qui nous interroge énormément. La propriété du Château Clément-Pichon s'étend sur 25 hectares dont cinq jouxtent directement les riverains et la zone sur laquelle le projet de construction du collège se situe. Notre démarche débutera par ces cinq hectares pour ensuite s'étendre à tout le vignoble", explique la directrice générale du groupe propriétaire du domaine. Actuellement, 500 exploitations sur les 7 400 que compte la Gironde ont fait ce choix, ce qui représente 6 803 hectares de vignes bio dans le département.

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La conversion au bio prendra du temps, la certification ne s'obtient qu'après trois années de viticulture entièrement bio. Trois ans, c'est aussi le délai prévu pour la construction du futur collège de Parempuyre. Pour le collectif Parents Parempuyre, qui s'oppose depuis plusieurs mois à l'implantation du collège sur ce terrain, à seulement 20 mètres des vignes, cette annonce du groupe Fayat est une réelle victoire. Mais Ludovic Coutant, co-fondateur du collectif, assure qu'il restera "vigilant sur tout le processus de conversion au bio".

Ludovic Coutant (à gauche) et Jean-Alain Charrier, fondateurs du collectif Parents Parempuyre lors d'une distribution de tratcs devant une école
Ludovic Coutant (à gauche) et Jean-Alain Charrier, fondateurs du collectif Parents Parempuyre lors d'une distribution de tratcs devant une école
© Radio France - Fiona Moghaddam

Un périmètre de 200 mètres sans pesticides ?

Ce collectif n'est pas seul dans ce combat. A ses côtés, plusieurs organisations appellent à ne plus utiliser de pesticides de synthèse autour des établissements scolaires. Dans tout le département, elles en ont comptabilisés 130 à proximité directe de vignes. Sylvie Nony, de l'association Alerte Pesticides Haute Gironde, estime qu'il y a une "urgence environnementale pour tous les riverains" des vignobles de la région et que les grands châteaux, dans leur ensemble, doivent se poser la question du bio. Elle espère que l'ensemble du vignoble bordelais prendra le chemin du bio et que "le bon sens prenne le dessus". En attendant, pour les pousser un peu plus à agir, son association et une dizaine d'autres enverront un courrier dans les prochains jours au préfet de Gironde, lui demandant de prendre un arrêté interdisant les pesticides dans un rayon de 200 mètres autour des zones sensibles comme les établissements scolaires, au lieu des 50 mètres actuels.

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Le conseil départemental aimerait également voir aboutir cette requête. Son président a adressé une lettre au préfet et sa première vice-présidente, Christine Bost, attend une action ou plutôt une réaction du législateur sur le dossier des pesticides de synthèse. Il doit "poser un acte et accompagner les agriculteurs et les viticulteurs dans leur transformation" car la question des pesticides se pose bien au-delà des frontières de la Gironde. 

Marche contre les pesticides à Bordeaux en février 2016 suite à un reportage de l'émission de France 2 "Spéciale Investigation"
Marche contre les pesticides à Bordeaux en février 2016 suite à un reportage de l'émission de France 2 "Spéciale Investigation"
© Maxppp - Thibaud Moritz / IP3

En juillet dernier, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bordeaux a tranché dans le dossier des épandages viticoles à Villeneuve-de-Blaye, en mai 2014. Épandages qui avaient provoqué des malaises d'enfants d'une école située à proximité des vignes. L'affaire était alors renvoyée devant le tribunal correctionnel de Libourne.

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