Pollution de l'air : de Dunkerque à Lyon, un mois de janvier très chargé en particules fines

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Pollution de l'air : de Dunkerque à Lyon, un mois de janvier très chargé en particules fines

Carte de la pollution affichant plus de 35 µg/m3 de particules de PM2,5 (moyenne journalière) pour le 25 janvier 2019
Carte de la pollution affichant plus de 35 µg/m3 de particules de PM2,5 (moyenne journalière) pour le 25 janvier 2019
- Prev'air

Depuis le 20 janvier des pics de pollutions aux particules très fines se produisent et le site de référence Prév'air a annoncé mardi 22 janvier une pollution très importante pour tout le quart nord-est de la France le 25 janvier.

Les indications de pollutions aux particules fines pour le nord de la France ont fait rougir les cartes du site Prév'air ces derniers jours et ce n'est pas fini. 

La pollution aux particules très fines, moins de 2,5 micromètre, (PM2,5) s'est située entre 35 et 60 microgrammes/m3, le 21 janvier, en moyenne journalière, entre Paris et Lille de manière large. Prév'air annonçait le 22 une pollution encore pire pour le 25 janvier. Là le site officiel de prévision la qualité de l'air, voyait très rouge pour un grand quart de la France. De Dunkerque à Lyon, la carte montrait que l'on inhalerait de grands bols de très petites particules. Cela ira jusqu'en Suisse, Hollande et Allemagne. Désormais la prévision est moins alarmante. Mais cela montre l'importance de la circulation de ses petites particules dans l'atmosphère. 

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Le  jeudi 24 janvier, les mesures aux stations signalées par Prév'air annoncent des teneurs allant de 36 microgrammes/m3 (µg/m3) à Auteuil, à 45 µg/m3 à Creil, et 33 à Roubaix.

Pour ces fines particules, l'Organisation Mondiale de la Santé préconise de ne pas dépasser 10 μg/m3 en moyenne annuelle et 25 μg/m3 moyenne sur 24 heures. Le 21 janvier, on était déjà bien au-delà des 25 μg/m3, le 22 aussi.

Diesel, chauffage au bois, et absence de vent, sont responsables de la présence de ces poussières nocives dans les grands centres urbains.

Ces données, rappelons-le, ne donnent pas lieu à des alertes, car les organismes chargés de le faire dans les grandes villes de France se basent pour cela sur les mesures de particules de poussières plus grosses, dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres, les PM10 (et elles incluent les PM2,5). En s'en tenant aux plus grosses poussières, on ne mesure donc pas l'importance, ni l'impact, des plus petites. D'ailleurs la carte de Prév'air avec les prévisions de teneur de PM10 dans l'air était beaucoup moins rouge et alarmante le 21 janvier. 

Or, si les particules PM10 sont évacuées de l'atmosphère assez rapidement, les particules PM2.5 et les PM1 encore plus petites (ultra-fines)  peuvent rester en suspension pendant plusieurs jours, voire semaines. 

Les cartes de pollution affichées par Prév'air pour les 20, 21 et 22 janvier
Les cartes de pollution affichées par Prév'air pour les 20, 21 et 22 janvier
- Prév'air

Plus de particules = moins d'espérance de vie

L'impact de ces particules sur la santé des plus fragiles est maintenant avéré. Pour l'Organisation mondiale de la santé, la pollution de l'air entraîne cardiopathies ischémiques, accidents vasculaires cérébraux,  bronchopneumopathies chroniques obstructives ou infections aiguës des voies respiratoires inférieures, et cancer du poumon, ainsi que des voies urinaires/de la vessie.

Raison pour laquelle l'OMS préconise de sortir de ces pics d'émission à plus de 35 µg/m3, qui sont très fréquents dans les régions fortement urbanisées et avec un fort trafic routier, pour se limiter à 10 µg/m3. 

Même dans l’Union européenne, où un grand nombre de villes observent les limites recommandées par l’Organisation, l'OMS souligne que l’espérance de vie moyenne est amputée de 8,6 mois en raison de l’exposition de la population aux particules fines issues de l’activité humaine.

Le diesel et le chauffage au bois accusés

La France a été épinglée plusieurs fois par la Cour de Justice de l'Union Européenne d'une part, et la commissaire pour le marché intérieur, l'industrie, l'entrepreneuriat et les PME d'autre part, a pointé du doigt l'industrie automobile. Mais en attendant la disparition de véhicules polluants, que font les villes pour éviter ces pics de pollution qui passent inaperçus partout sauf dans les poumons ?

Pour détecter les vrais ennemis de la santé, il faudrait aussi et surtout mesurer le dioxyde d'azote (N02). C'est ce paramètre qui a poussé les villes allemandes à interdire les véhicules diesel.

La grande dangerosité de ce gaz est aussi reconnu par l’Agence européenne pour l’environnement (EEA), qui dans une étude de 2015, a confirmé des taux de NO2 élevés dans l’ensemble des grandes villes. Ces taux, imposent aux habitants une exposition au NO2 supérieure à la moyenne en raison de la présence des polluants du trafic routier. 

Dans un rapport publié par Greenpeace, il apparaît qu'à long terme, la mortalité est plus élevée dans les régions où l’exposition au NO2 est plus élevée. On y lit que "Chaque année, le NO2 provoque à lui seul environ 72 000 décès prématurés en Europe". 

Pour Nicolas Meilhan, membre du think-tank Les Éconoclastes, et qui alerte régulièrement sur ce sujet, "il faut changer de 'thermomètre' et surtout limiter le diesel dans les zones les plus polluées et les plus fréquentées, type périphérique parisien. Les pics ne sont que la pointe immergée de l'iceberg de la pollution chronique. C'est elle qu'il faut traiter en limitant les véhicules les plus polluants dans les zones les plus polluées dans un premier temps, et surtout organiser un Grenelle de la pollution atmosphérique".

Pour l'instant  Atmo (Observatoire de l'Air en région) et Air Parif, les instances qui alertent la population, s'en tiennent à la prise  en compte des PM10. Atmo Hauts de France annonce tout de même une médiocre qualité de l'air pour les 22 et 23 janvier. Quant à Air Parif, son fil Twitter ne signale rien depuis le 16 janvier. 

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