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EXCLUSIF. Région par région, le chômage partiel lié aux Gilets jaunes

Le JDD dévoile les détails, région par région, des demandes de chômage partiel des entreprises. Des nuances apparaissent et le cas particulier de La Réunion pèse sur les chiffres nationaux.

Géraldine Woessner , Mis à jour le
Avec le mouvement des Gilets jaunes, ici mobilisés samedi à Lyon, de nombreuses entreprises ont dû recourir au chômage partiel.
Avec le mouvement des Gilets jaunes, ici mobilisés samedi à Lyon, de nombreuses entreprises ont dû recourir au chômage partiel. © Sipa

Interrogé sur les conséquences pour l’emploi de la crise des Gilets Jaunes , le gouvernement s’alarme. "Les entreprises souffrent", martèle la ministre du Travail Muriel Pénicaud , annonçant avoir provisionné 38 millions d’euros pour indemniser 72.000 salariés contraints au chômage partiel. Des données nationales nuancées par de fortes inégalités régionales. Entre le 17 novembre 2018 et le 11 février 2019, au total, 4.962 établissements ont déposé une demande de chômage partiel liée au mouvement des Gilets jaunes pour 72.675 salariés. Comme le montre la carte réalisée à partir des données que le JDD s’est procurées, la majorité concerne La Réunion (3.698 entreprises touchées pour 37.683 salariés)*, où les premières semaines du mouvement ont été très dures : barrages routiers bloquant l’île, couvre-feu instauré, port marchand paralysé et fermeture de boutiques par manque de matière première. Des aides spéciales ont été débloquées récemment.

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C'est à La Réunion qu'il y a eu le plus grand nombre de demandes d'activité partielle.

C'est à La Réunion qu'il y a eu le plus grand nombre de demandes d'activité partielle.

(JDD)

En métropole, 1.264 entreprises ont rempli des demandes de chômage partiel, dont 90% avant le 31 décembre. Et elles n’ont effectivement consommé que 12,8% des heures demandées.

Lire aussi - Acte 14 : à Paris et en province, les Gilets jaunes fêtent les trois mois du mouvement

Plusieurs départements n'ont pas été touchés

"Le premier samedi nous avons dû fermer, explique Philippe Chartron, propriétaire d’une enseigne Happy Cash à Dieppe. Nous avons rempli une demande de chômage partiel jusqu’au 5 janvier, mais avons finalement pu rouvrir." Cependant son activité reste très perturbée : "Il y a des manifestations tous les samedis, on ferme parfois une heure ou deux… Mais les clients ne viennent plus."

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Les remontées de terrain en terme de chômage partiel ou de faillites ne sont pas criantes

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En réalité, si quelques commerces ciblés de centre-ville restent très impactés, les blocages d’accès aux centres commerciaux ont cessé dès décembre dans la plupart des régions. Dans le Grand-Est, où 91 entreprises ont réduit leur activité, "le nombre d’heures de chômage partiel autorisées est le même que fin 2017. Mais la tendance à la baisse a été enrayée".

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Les cellules d’urgence mises en places par les préfectures pour soutenir les entrepreneurs n’ont reçu qu’une poignée de dossiers. "Les remontées de terrain en terme de chômage partiel ou de faillites ne sont pas criantes", concèdent les Chambre de Commerce et d’Industrie de France, qui viennent d’achever une enquête auprès de 44 membres de leur réseau.

Les départements (hors Outre-mer) ont été plus ou moins touchés : aucune demande de chômage partiel lié aux Gilets jaunes n’a par exemple été effectuée dans la Creuse, le Cantal, le Cher, la Haute-Corse, l’Indre, la Mayenne, l’Eure-et-Loire ou le Val-de-Marne tandis que 112 ont été faites à Paris, 109 en Seine-Maritime et 52 en Gironde. À ce jour, la facture d’indemnisation du chômage partiel pour l’Etat atteint 1,7 million d’euros en métropole, et près de 7 millions à La Réunion.

En attendant le bilan des soldes

Mais l’"effet psychologique", entretenu par des flots d’images télévisées et des discours alarmistes, "est dévastateur", déplore Serge Bertrand, propriétaire d’une jardinerie à Firminy : "Le mouvement s’est calmé, pourtant nous avons eu beaucoup moins de clients en janvier." Même constat du côté des Chambres de Commerce, qui évaluent entre 20% à 25% la perte de chiffre d’affaire des entreprises touchées par le mouvement : "Les dispositifs d’aide sont mal connus, et les petits commerçants ou les PME ont plus envie de se remettre au travail que de remplir des papiers. Ils espéraient beaucoup des soldes, mais il est trop tôt pour tirer un bilan."

Les assurances ont été réactives (1670 dégradations indemnisées), mais les reports d’échéances sociales consentis jusqu’au 31 mars font peser une épée de Damoclès au-dessus de 3172 établissements mis en difficulté à cause du mouvement : "Ils doivent pouvoir se refaire pour payer leurs charges", alerte la Confédération des Petites et moyennes entreprises (CPME). Et pour cela, ils ont en premier lieu besoin… d’apaisement.

* Dans ces documents officiels, les données du total des collectivités d’outre-mer correspondent aux chiffres de la seule La Réunion.

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