Vidéo. Crises de rage à la demi-heure dans une "clinique" de Jakarta

Temper Clinic, ou comment évacuer sa rage en une demi-heure.

Temper Clinic, ou comment évacuer sa rage en une demi-heure. . AFP

Trois jeunes femmes, armées de pieds-de-biche et harnachées d'équipements de protection, observent les bouteilles qu'elles se préparent à réduire en morceaux dans une "clinique" très spéciale de Jakarta où les clients viennent évacuer leur rage destructrice.

Le 22/02/2019 à 11h57

Tanjung et ses deux amies ont payé 125.000 roupies (8,85 dollars) chacune pour laisser exploser leur violence pendant une demi-heure dans ce lieu baptisé "Temper Clinic", une sorte de "clinique de la colère".

Pour un coût un peu plus élevé, l'établissement de la capitale indonésienne propose aussi aux clients de s'acharner sur de vieux postes de télévision ou des imprimantes.

"Je me sens soulagée. C'est quelque chose que je réprimais en moi et c'est finalement sorti quand j'ai fait exploser ces bouteilles", explique à l'AFP Genta Kalbu Tanjung, une étudiante de 20 ans, alors que résonne en fond sonore du rock à plein volume.

Dans une salle vide destinée à ces accès de rage, une inscription rappelle au public que "garder la colère en soi, c'est comme boire du poison et s'attendre à ce qu'une autre personne meure".

Venue à la "clinique" pour y effectuer une session, l'étudiante Aliya Dewayanti Senoajie avait un but: évacuer sa frustration de voir les vacances se terminer trop vite...

"Les vacances sont finies. C'est trop court ! Je ne suis pas prête pour retourner à l'école", se plaint-elle. Elle juge que l'expérience a été un succès : "C'était vraiment drôle. J'ai eu une poussée d'adrénaline".

La "clinique" a été ouverte l'été dernier dans un quartier aisé de Jakarta. C'est en revenant d'un séjour à l'étranger où il a vu un établissement similaire que le co-propriétaire, Masagus Yusuf Albar, eu envie de tenter l'aventure.

Des "cliniques" similaires existent notamment au Japon, à Singapour, aux Etats-Unis, en Chine, mais aussi dans certaines capitales d'Europe, et la tendance s'est développée notamment en Asie ces dernières années.

Proposer un tel service en Indonésie, régulièrement classé en tête des pays où les habitants sont les plus "heureux" et les moins stressés, était un pari. Le fondateur de l'établissement reconnaît qu'à Bali ou sur l'île de Sumatra, dont une bonne partie est recouverte de jungle, les Indonésiens sont assez "relax".

Mais pas vraiment à Jakarta, une mégalopole de 10 millions d'habitants aux embouteillages légendaires et où les gens passent souvent plusieurs heures par jour dans leur voiture.

"Essayez d'aller n'importe où un vendredi soir, c'est très énervant. Une fois, mon amie a été prise dans un embouteillage monstre et elle a fini en pleurs", explique-t-il à l'AFP.

Le monde du travail et le système éducatif deviennent aussi de plus en plus compétitifs, argue-t-il. "Pour les clients", cogner pour détruire des objets afin d'évacuer sa colère, "c'est une catharsis".

Cette pratique n'est cependant pas recommandée à tous, avertit Liza Marielly Djaprie, une psychologue de Jakarta.

"Je n'encourage pas les patients à détruire des objets en général, pour que ça ne devienne pas une habitude...", note-t-elle.

"On doit apprendre à vivre avec sa colère, savoir la gérer".

Le 22/02/2019 à 11h57