Michelle Perrot : "Dans la gamme des rapports qu’on peut avoir avec les hommes, la galanterie m’apparaît comme un objet archéologique"

carte du tendre du poilu de 1916, Première guerre mondiale - guerre 14-18. ©AFP - 1927 ©Lux-in-Fine/Leemage
carte du tendre du poilu de 1916, Première guerre mondiale - guerre 14-18. ©AFP - 1927 ©Lux-in-Fine/Leemage
carte du tendre du poilu de 1916, Première guerre mondiale - guerre 14-18. ©AFP - 1927 ©Lux-in-Fine/Leemage
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Dans l’émission "Lieux de mémoire", en 1996, le linguiste Alain Rey, la philosophe Julia Kristeva, le psychanalyste Jacques Hassoun, le sociologue Théodore Zeldin et l’historienne Michelle Perrot réfléchissaient à l’origine de la galanterie, à sa signification hier et aujourd’hui.

Avec
  • Michelle Perrot Historienne spécialiste de l'histoire des femmes, professeure émérite d’histoire contemporaine à l'Université Paris Cité
  • Julia Kristeva Écrivaine, psychanalyste, professeure émérite à l’Université de Paris et membre titulaire et formateur de la Société Psychanalytique de Paris
  • Jacques Hassoun
  • Theodore Zeldin Sociologue, historien et philosophe
  • Alain Rey Lexicographe et linguiste français

Qu’est-ce que la galanterie ? Un instrument nécessaire ? Une vaste hypocrisie ?

L'émission "Lieux de mémoire" posait cette question le 26 septembre 1996 à des sociologues, historiens et psychanalystes...

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Héritée de l’amour courtois, la galanterie aurait connu son apogée au siècle des Lumières pour se vider de toute substance au XIXème siècle. Pour Julia Kristeva :

C’est un érotisme sublimé, le mélange de l’érotique et du tendre. 

Pour Theodore Zeldin : 

Elle représente une étape de pacification entre les hommes et les femmes dont le but était de rendre les hommes moins brutaux, moins méchants, moins agressifs.

Michelle Perrot soulignait :

L’amour courtois comme la galanterie ne sont pas l’amour, souvent même, ils restent aux portes de l’amour. C’est un amour inaccompli qui ne va pas jusqu’à la possession. En effet, la galanterie transforme les relations entre les sexes en commerce d’esprit ou le cœur et les sens ne prennent pas part. C’est un jeu mental. Elle est l’inverse de la passion, l’élimine même. 

Enfin, la galanterie met en relief la « dysmétrie radicale qui existe entre homme et femme ». Michelle Perrot disait d’elle : 

Il me semble que la galanterie met les femmes en orbite comme un objet, c’est toujours les mettre dans un rapport inégale… Dans la gamme des rapports qu’on peut avoir avec les hommes, la galanterie m’apparaît comme un objet archéologique.

et Julia Kristeva d’ajouter : "c’est archaïque, on en trouve plus !"

  • Par Marie-Christine Navarro
  • Réalisation : Marie-Christine Clauzet
  • Lieux de mémoire - La galanterie française - 1ère diffusion : 26/09/1996
  • Indexation web :  Documentation sonore de Radio France

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