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On ne change pas une équipe qui perd?

ANALYSE - Après la claque historique reçue aux municipales avec la perte de 155 villes, le président de la République devrait en toute logique changer de politique, de gouvernement et de Premier ministre. Mais avec François Hollande, tout est possible y compris de reconduire Jean-Marc Ayrault à Matignon.

Bruno Jeudy , Mis à jour le
François Hollande à l'heure des choix.
François Hollande à l'heure des choix. © Reuters

François Hollande n’a pas encore franchi le cap de sa deuxième année à l’Elysée que son quinquennat est déjà un champ de ruines. Une Berezina municipale sans précédent depuis le début de la Vème République. 155 villes de + de 9000 habitants perdues en l’espace de deux dimanches, c’est ni plus ni moins une France - hormis Paris, Lyon et Strasbourg – repeinte en bleue. Faut-il que la colère des électeurs de gauche soit forte pour qu’elle ait soit fait la grève des urnes (l’abstention a progressé dans l’entre-deux-tours), soit refusé parfois de se reporter sur le candidat PS. Voilà pour les chiffres. Cruels et annonciateurs de prochains revers (européennes, sénatoriales et régionales).

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François Hollande, qui s’attendait encore il y a dix jours à une "défaite honorable ", est désavoué. Il ne peut pas se réfugier derrière le paravent de défaites locales. Le Président est en divorce avec son peuple. La droite le rejetait déjà violemment. La gauche est désormais en colère contre lui à cause de ses promesses non tenues, de son manque de résultats. Ce Parti socialiste, qu’il a dirigé pendant dix ans et consolidé grâce au socialisme municipal, vient d’exploser. Le roi est nu.

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François Hollande est-il capable de se remanier lui-même?

Cette défaite assassine lui revient en pleine face. S’il a décidé de ne pas changer de politique, celle du pacte de responsabilité, François Hollande hésite en revanche à changer de Premier ministre. Le Président semble coincé. Jean-Marc Ayrault ou Manuel Valls? Les deux hommes se livrent depuis plusieurs semaines à une compétition en coulisses pour la conquête de Matignon. Une bataille presque indécente au moment où le chômage continue de battre des records. Il fallait voir Jean-Marc Ayrault commenter les résultats du second tour , tout en glissant entre les lignes son CV de Premier ministre candidat à une prolongation de son bail. Pour ça, l’ancien maire de Nantes a bien manœuvré avec le soutien des écolos. Face à lui, Manuel Valls, le populaire ministre de l’Intérieur, fait le siège de l’Elysée en promettant une équipe gouvernementale plus efficace, plus collective et une meilleure communication. Ce qui ne sera sûrement pas difficile. Mais le coup de barre à droite se heurte à la fronde de l’aile gauche. 

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Mais au fond, le choix entre Ayrault et Valls en cache un autre plus important voire inquiétant : François Hollande est-il capable de se remanier lui-même? Ou bien va-t-il ne pas changer une équipe et une méthode qui perdent? Après cette monumentale défaite, il est pourtant urgent pour lui de mettre en œuvre les réformes (celle de l’Etat-providence, la libération de l’emploi...) plutôt que d’en parler sans jamais les faire. Il est condamné à prendre tous les risques. Comme le fit au tournant des années 2000 le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder qui accepta d’engager des réformes douloureuses au risque de perdre les élections. Sans cela, Hollande aura le choix entre le destin du Président du gouvernement espagnol Zapatero qui renonça de lui-même à solliciter un nouveau mandat ou bien, pire, à celui du grec Georges Papandréou qui fut chassé du pouvoir.

Source: JDD papier

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