Paris : une forêt «primitive» plantée dans le bois de Vincennes

A l’initiative d’une start-up, 2 000 jeunes arbres seront plantés samedi par des Parisiens volontaires près de la pelouse de Reuilly (XIIe) selon une méthode japonaise qui vise à créer une forêt « primitive » en ville.

 L’ONG Forest’Action organise ce samedi avec 200 Parisiens une grande opération de plantation de 2 000 arbres à proximité immédiate de la pelouse de Reuilly, dans le bois de Vincennes (XIIe).
L’ONG Forest’Action organise ce samedi avec 200 Parisiens une grande opération de plantation de 2 000 arbres à proximité immédiate de la pelouse de Reuilly, dans le bois de Vincennes (XIIe). DR.

    Une forêt centenaire créée… en une matinée. Lancé à l'occasion du Mois de la forêt, c'est le défi très sérieux lancé par l'entreprise Reforest'Action et la Ville de Paris à 200 Parisiens volontaires* invités à planter 2 000 jeunes arbres samedi marin. Objectif : créer sur une parcelle de 700 m 2 du bois de Vincennes (XII e ), à un jet de graine de la pelouse de Reuilly, la première « forêt primitive » de la capitale. Pour cela, l'entreprise à vocation sociale, qui a déjà planté trois millions d'arbres dans une quinzaine de pays, mise sur la méthode Miyawaki, du nom d'un botaniste japonais de 91 ans aujourd'hui.

    « L'objectif est de planter une forêt telle qu'elle aurait évolué s'il n'y avait eu aucune intervention de l'homme pendant plusieurs centaines d'années, explique Stéphane Hallaire, président fondateur de Reforest'Action. Cela permet de créer des espaces forestiers très denses et extrêmement riches en biodiversité ». Autres avantages : une croissance dix fois plus rapide des arbres et le stockage d'un maximum de carbone pour lutter contre la pollution urbaine.

    23 essences d'arbres différentes

    Armés de pelles et de pioche, les Parisiens aidés d'agents de la Ville et des équipes de la start-up vont planter samedi, entre 9 heures et 13 heures, 2 000 jeunes pousses de 23 essences différentes natives de la région (charmes, chênes, tilleuls mais aussi cornouillers, merisiers, alisiers, pommiers sauvages, houx…). « La particularité, c'est que l'on plantera trois arbres par mètre carré, soit une densité trente fois plus importante que dans une forêt traditionnelle, poursuit le responsable. Les arbres vont grandir en symbiose mais aussi en concurrence pour chercher la lumière ce qui va permettre une croissance très rapide, de l'ordre d'un mètre par an ».

    17 projets déjà réalisés

    Une fois plantée, la forêt poussera sans aucune intervention humaine. « C'est un espace que l'on rend à la nature et dans lequel la biodiversité va pouvoir s'exprimer de façon inégalée » assure Stéphane Hallaire qui va scruter cette première parisienne. Reforest'Action, qui a déjà réalisé 17 projets de reboisement urbain, propose sur son site Internet de planter des arbres moyennant 3 € par pousse. « On estime qu'en adoptant un mode de vie respectueux de l'environnement, planter une forêt de 5 000 arbres permettrait de compenser le CO2 que l'on produit malgré tout, souligne le président de l'entreprise. C'est un objectif que chacun devrait se fixer pour avoir une empreinte positive sur le monde ».

    *Il est encore possible de s'inscrire à la plantation participative sur le site quefaire.paris.fr

    La forêt « primitive » sera plantée près de la pelouse de Reuilly, à droite sur la photo. LP/Frédéric Dugit
    La forêt « primitive » sera plantée près de la pelouse de Reuilly, à droite sur la photo. LP/Frédéric Dugit DR.

    15 000 ARBRES PLANTÉS DEPUIS CINQ ANS ET UNE POLÉMIQUE

    Avant de rejoindre le bois de Vincennes (XII e ) où elle assistera à création de la forêt « primitive », Anne Hidalgo participera à une autre opération symbolique : planter le 15 000e arbre de sa mandature place de la Bastille (XII e ), devant l'Opéra. En tout, la maire de Paris s'est engagée à planter 20 000 nouveaux arbres avant 2020 pour s'ajouter aux 500 000 déjà existants dans la capitale. A partir de ce jeudi et jusqu'à samedi, expositions, visites guidées et animations sont également proposées sur le parvis de l'Hôtel de Ville (IV e ) et ailleurs dans la capitale à l'occasion de la Fête de l'Arbre organisée par la Ville. Autant d'« opérations de com » tacle Christine Nedelec, présidente de France Nature Environnement (FNE) Paris, qui dénonce l'arrachage ces derniers jours de dizaines d'arbres à l'Ecole supérieure de physique chimie (V e ) et sur l'îlot Netter-Debergue (XIIe). « La plantation d'arbrisseaux ou d'arbustes ne compense pas les centaines d'arbres en pleine maturité que la Ville a abattus à tour de bras ces dernières années pour des opérations d'urbanisme, dénonce-t-elle. Ils ne rendent pas les mêmes services écologiques ».