Atelier beauté sans miroir : du blush au coeur

St-Laurent Se maquiller ? Un défi de plus quand on est non-voyante ou malvoyante. L’enseigne Yves Rocher et l’association HandiCapZéro propose des ateliers beauté sans miroir. Innovant

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J.BAUDIN Publié le 20/03/2019 à 10:17, mis à jour le 20/03/2019 à 10:17
Samia est venue de Nice pour participer à cet atelier : « Au delà de l’apprentissage des bons gestes, c’est un vrai moment de complicité ».
Samia est venue de Nice pour participer à cet atelier : « Au delà de l’apprentissage des bons gestes, c’est un vrai moment de complicité ». Eric Ottino

Que celle qui ne s’est jamais sentie épanouie et rayonnante après s’être bien maquillée me jette son pinceau et le blush qui va avec !

À l’association HandiCapZéro on sait qu’une femme qui se maquille, ça n’a rien d’un cliché. Et que vouloir courber ses cils avec une touche de mascara n’a rien non plus de futile.

En partenariat avec l’enseigne Yves Rocher (1), cette association a lancé il y a quelques années des ateliers beauté sans miroir pour les personnes non et malvoyantes. Le dernier en date s’est déroulé - après Lyon, Lille et Paris - à Saint-Laurent-du-Var.

L’idée ? Booster la confiance en soi et développer l’autonomie des personnes atteintes de cécité. Une initiative résolument positive.

Ce jour-là, elles sont une dizaine à se succéder dans la boutique Yves Rocher du centre commercial Cap 3 000. « Certaines femmes renoncent à leur féminité car elles ont peur de mal faire, explique Olga Favre-Olory de l’association HandiCapZéro. Se maquiller, prendre soin d’elle, c’est parfois un combat quotidien quand on ne voit pas. Elles viennent dans ces ateliers pour retrouver, ou trouver, les bons gestes. »

« Être plus sûre de soi »

Samia a 43 ans. Elle a perdu la vue à l’âge de 13 ans. Elle est venue seule, en taxi. « J’ai entendu parler de ces ateliers grâce à l’association HandiCapZéro. Dès que j’ai su qu’ils venaient dans le coin je me suis inscrite. Je ne voulais pas rater cela. Connaître des petites astuces, ça peut aider à être coquette et j’aime ça. Mais ça peut aussi aider à être encore plus sûre de soi » confie la quadragénaire, très attachée à son autonomie.

Face à elle, Florence, la conseillère beauté qui a disposé sur une petite table des pinceaux de différentes tailles, des palettes multicolores et des gloss scintillants.

Première étape pour Florence, sonder les habitudes de Samia. Se maquille-t-elle de temps en temps ? Jamais ?

« Je veux quelque chose de léger, répond Samia. On a toujours peur d’en faire trop quand on se maquille, et cela, c’est commun à toutes les femmes ! Alors quand en plus on ne voit pas, vous imaginez ! Je suis convaincue que beaucoup de femmes aveugles ou malvoyantes refusent de se maquiller par peur de ressembler à un pot de peinture ! »

Pourquoi ne pas tester une poudre alors ? « La boîte se présente ainsi, explique Florence à Samia, la déposant entre ses mains. Tu peux l’ouvrir d’une pression. »

Samia teste et découvre le gros pinceau pour appliquer le produit. « Je ne sais pas comment doser », reconnaît-elle. La conseillère lui conseille de « tapoter une fois. C’est naturel donc n’aie pas peur d’en mettre trop ».

Le fard à paupières ? Samia y a renoncé depuis longtemps. Quant au mascara, cela lui donne des sueurs froides ! « Pour tes yeux tu peux utiliser ceci. Touche, ce fard se présente comme un stylo et tu l’appliques là, sur ta paupière. C’est très discret, tu peux aussi en mettre sous ton sourcil, juste là, tu sens ? »

Être attentive aux sensations

Pour le mascara, la conseillère propose à Samia un modèle très fin. « Je vais te faire un côté, et je te laisserai faire l’autre ». Samia tente l’expérience. « Quel est mon repère pour être au bon endroit ? » interroge Samia qui « essaye d’être attentive aux sensations ». « J’en ai mis partout non ? Ça m’agace » rit-elle.

« C’est vraiment un bel échange de complicité, je ne regrette pas d’être venue, poursuit Samia très émue par l’attention que lui a portée la conseillère beauté. Mais on n’est pas là pour pleurer, le maquillage va couler sinon ! »

Installée à quelques mètres de Samia, il y a Céline, 41 ans. Elle est malvoyante de naissance. « Ce n’est pas dans la culture du handicap de prendre soin de soi. C’est sans doute pour cela que ce genre d’initiative est rare, c’est dommage. On ne fait pas, car on a peur de ne pas savoir faire. Quels sont les bons gestes ? Les bonnes couleurs ? La bonne quantité ? J’ai une fille de 15 ans qui se pose exactement les mêmes questions, sauf qu’elle, elle voit et peut rectifier. Moi non, c’est pour ça que je veux apprendre. »

Verdict au bout d’une heure ? « Je me sens bien ! lance Samia. Prenez-moi en photo ! ». Et puis Céline en est persuadée : « ça aide beaucoup sur la prise de confiance. Et on se sent mieux. »

“Rhôooooooooo!”

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Nice-Matin

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