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À 13 ans, elle piège son père pour qu’enfin cessent les viols

Personne ne l’a crue lorsqu’elle a dénoncé les viols que son père lui faisait subir tous les quinze jours depuis deux ans. À 13 ans seulement, Françoise a eu le courage et l’intelligence de l’enregistrer à son insu. Pour que son calvaire puisse enfin s’arrêter.

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Elle n’est pas bien grande, du haut de ses 15 ans. Mais son courage et son intelligence n’ont pas manqué d’être salués, ce jeudi, par la présidente et l’avocate générale de la cour d’assises du Nord. Malgré le stress « de devoir parler devant tout le monde », Françoise (1) a témoigné du calvaire que lui a fait subir son père, l’accusé, durant deux ans. Elle n’avait que 10 ou 11 ans lorsque son père s’est allongé sur elle la première fois.

« Elle serrait les dents et fermait les yeux »

Le premier d’une longue série de viols, « un samedi sur deux, quand maman ne faisait pas les courses avec moi. Mais avec ma sœur ». « Elle serrait les dents et fermait les yeux », dépeint le policier qui a procédé aux auditions. Parfois, elle disait non ou pleurait. « Ça ne vous a pas arrêté », lance la présidente à l’accusé. À 13 ans, Françoise révèle les faits. « C’est quand il m’a étranglée car je n’avais pas voulu regarder un film avec lui. Ça m’a fait peur donc j’ai décidé de parler. »

Une réunion de famille est organisée, le père nie en bloc. Personne ne croit la collégienne. Alors elle l’accompagne en voiture et elle l’enregistre à son insu. Un enregistrement dans lequel le père avoue les viols. « Mais il faisait aussi tout pour que sa fille se taise et que ça ne soit pas révélé à la justice », reprend le policier. La jeune fille est enfin prise au sérieux. Sa mère l’encourage à se confier à une infirmière scolaire qui portera l’affaire à la connaissance de la police. Cette même infirmière se rendra à la clinique où l’ado sera hospitalisée à huit reprises ces deux dernières années. Elle a demandé à y passer Noël car « je me sens bien là-bas. Si ça ne va pas, il y a des gens qui vont m’écouter ».

Aucun membre de la famille n’a rendu visite à Françoise à l’hôpital

S’ils ont été nombreux à se rendre au parloir auprès de l’accusé, aucun membre de la famille n’a rendu visite à Françoise à l’hôpital. « Je lui ai toujours dit qu’elle avait bien fait de parler. Mais je ne peux pas abandonner mon fils », murmure la mère de l’accusé, avant de se rasseoir, comme quasiment toute la famille, près de lui. La tante de Françoise, elle, était assise derrière les parties civiles. C’est l’une des seules qui l’a « tout de suite crue. J’ai été révoltée. Mais j’étais à 700 km, je ne pouvais rien faire ». Un témoignage écourté par le malaise qu’elle a fait en pleine audience.

1. Prénom d’emprunt.

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