"Les femmes ne doivent plus souffrir pour leur contraception"
La journaliste Sabrina Debusquat publie "Marre de souffrir pour ma contraception" un manifeste féministe qui met en lumière la parole des femmes fatiguées des effets secondaires de leur contraceptif.
- Publié le 12-04-2019 à 16h01
- Mis à jour le 12-04-2019 à 16h20
La journaliste Sabrina Debusquat publie "Marre de souffrir pour ma contraception" un manifeste féministe qui met en lumière la parole des femmes fatiguées des effets secondaires de leur contraceptif.
En 2017, la journaliste Sabrina Debusquat rédige J’arrête la pilule. Elle y explique pourquoi elle ne prend plus ce moyen de contraception qu’elle utilise depuis 10 ans. Les réactions sont violentes. "C’était difficile de se prendre toutes ces attaques dans les médias, sur les réseaux sociaux. Des personnes ne comprenaient pas le choix de ce sujet, comme si c’était tabou d’en parler. Mais il y a eu un effet positif. La boîte de Pandore s’est à moitié ouverte”.
Après la publication de son livre, Sabrina Debusquat reçoit de nombreux témoignages de femmes. A chaque fois, les mêmes propos reviennent : prise de poids, douleurs, baisse ou perte de libido, elles se confient sur leur souffrance liée à la contraception. Une souffrance jusque-là “répandue mais étouffée” explique l’autrice. Elle porte d’ailleurs un nom : la charge contraceptive. Pour J’arrête la pilule, Sabrina Debusquat a réalisé une enquête auprès de plus de 3 600 femmes sous pilule. 70% d’entre-elles ont déclaré avoir subi des effets négatifs à cause de leur contraception.
Face à l’afflux de ces témoignages, la journaliste décide d’écrire un nouveau livre, un manifeste féministe intitulé Marre de souffrir pour ma contraception. “Je me suis dit, il y a une urgence absolue. Pourquoi des femmes sont-elles dans une situation d’errance contraceptive ? Pourquoi ne sont-elles pas écoutées ? Pourquoi ne sont-elles pas soutenues par leurs conjoints, leurs médecins ?”.
Le pouvoir des hashtags
La parole se libère. Un autre événement ouvre la seconde partie de la boîte de Pandore : #MeToo. “Les femmes sont devenues plus féministes. Elles se sont rendu compte qu’elles ne voulaient plus souffrir pour leur corps”. Elle interroge d’ailleurs : “A cause de notre contraception, est-ce normal de souffrir pour que notre compagnon éjacule en nous ? Faire l’amour est génial, c’est fort et c’est beau. Il ne faut pas qu’il y ait cette douleur à côté”. Sabrina Debusquat insiste également sur l’importance des réseaux sociaux. En parallèle de la sortie de Marre de souffrir pour ma contraception, elle a lancé sur Twitter et Instagram le #Payetacontraception pour continuer à libérer la parole.
Pour Sabrina Debusquat, la charge contraceptive est un problème de santé publique. Elle concerne tout le monde, les femmes comme les hommes. “Je pense aussi aux générations futures” glisse-t-elle. La journaliste voudrait que les états investissent davantage d’argent pour cette problématique.
"Mieux connaître son cycle"
Les solutions ne manquent pas selon Sabrina Debusquat, à commencer par la symptothermie. Cette méthode consiste à prendre sa température au réveil et surveiller sa glaire vaginale pour connaître les périodes plus fertiles. “C'est l'occasion de mieux connaître son corps et son cycle” indique la journaliste. En mars dernier, des chercheurs américains ont présenté des résultats encourageants dans le développement d’une nouvelle pilule contraceptive masculine qui provoquerait une baisse des spermatozoïdes, au point de constituer une contraception efficace. “Une pilule pour les hommes serait une bonne chose. Ce serait une formidable avancée pour accéder à une égalité homme-femme dans la contraception”.