Entre « amis de la Russie », ils se sont retrouvés en Crimée. Plusieurs représentants de mouvements populistes européens ont participé au Forum économique international de Yalta organisé du jeudi 18 au samedi 20 avril, qui, cinq ans après l’annexion de ce territoire par Moscou, est devenu le grand rendez-vous annuel du soft power russe sur les hauteurs rocheuses de la plus célèbre des cités de la péninsule ukrainienne.
« En 1945, à la conférence de Yalta, la France n’était pas présente. Aujourd’hui, elle l’est ! », s’est enthousiasmée Marion Maréchal, l’ancienne députée Front national de Vaucluse, venue au Forum « enrichir le réseau de contacts pour [son] école de sciences politiques » et défendre sa volonté de rapprochement avec la Russie.
Aujourd’hui, pour Marion Maréchal et les autres Européens ayant répondu à l’invitation de Yalta, le tournant historique est l’émergence d’un nouveau monde multipolaire et la solidarité retrouvée entre défenseurs de la nation.
« Les Russes se souviennent de mes positions dans le débat français, loin de celles de l’élite libérale. Ils invitent les acteurs européens qu’ils perçoivent comme de bons interlocuteurs pour eux », confie-t-elle un peu plus tard au Monde dans les couloirs du Forum.
« Arrière-pensées »
Photos et selfies se multiplient. « Le nom et la marque Le Pen sont très connus en Russie », dit-elle dans un sourire. Régulièrement, elle croise et s’entretient avec Thierry Mariani.
L’ex-député (Les Républicains, LR) – de Vaucluse lui aussi –, qui a rejoint le Rassemblement national (RN, ex-Front national) pour sa liste aux élections européennes, est un habitué des voyages en Crimée. « Je viens ici non pas comme candidat, mais comme coprésident du dialogue franco-russe », insiste-t-il. Rencontré sur l’un des larges balcons du luxueux hôtel accueillant le Forum, avec vue magnifique au-dessus de la mer Noire, il reconnaît que « les Russes ont des arrière-pensées. Ils ont besoin de sympathisants. Mais nous ne sommes pas leurs pions pour autant sur l’échiquier politique européen. »
A Yalta se retrouvent bel et bien les deux extrémités de l’échiquier français. « Je ne suis pas d’accord avec Mariani et Maréchal sur de nombreux sujets. Mais sur la défense de la souveraineté nationale et sur la nécessité de s’allier à la Russie, je suis d’accord, explique ainsi Andréa Kotarac, élu régional de La France insoumise (LFI) qui, sur les dossiers internationaux, dit avoir l’oreille de Jean-Luc Mélenchon. Je suis venu pour dire qu’une partie de la gauche française ne considère pas la Russie en ennemi, bien au contraire. »
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