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Le chef de l'Etat islamique réapparaît dans une vidéo

Abou Bakr Al-Baghdadi avait été donné pour mort à plusieurs reprises. Sa dernière et unique vidéo remontait à 2014, lors de la proclamation du «califat» de l'EI.
par Luc Mathieu
publié le 29 avril 2019 à 20h27

Il a été donné plusieurs fois pour mort ou gravement blessé. Le chef de l'Etat islamique, Abou Bakr Al-Baghdadi, est vivant. Il est apparu, assis sur un coussin, barbe teintée et turban noir défait sur la tête, dans une vidéo de 18 minutes diffusée lundi soir par l'un des organes de propagande du groupe jihadiste. Preuve que l'enregistrement est récent, il énumère les noms de guerre de jihadistes tués, dont les Français Jean-Michel et Fabien Clain, à Al-Baghouz, la dernière enclave du «califat», reprise à la mi-mars par les Forces démocratiques syriennes. Il salue aussi la chute d'Abdelaziz Bouteflika en Algérie et celle d'Omar El-Béchir au Soudan tout en vantant «la voie du jihad». Il s'adresse à trois hommes au visage flouté.

La dernière et unique vidéo d’Al-Baghdadi remontait au 3 juillet 2014. Le «califat», territoire grand comme le Royaume-Uni entre Syrie et Irak, venait d’être proclamé et le chef de l’EI discourait sur le jihad depuis le minbar de la mosquée al-Nouri de Mossoul. L’édifice au minaret penché sera détruit en juin 2017, quelques semaines avant que les jihadistes ne soient chassés de la ville par les forces irakiennes.

Chute

Depuis juillet 2014, Al-Baghdadi avait disparu. Donné plusieurs fois pour mort ou gravement blessé, seuls quelques discours audio avaient été diffusés. Malgré une rançon de 25 millions de dollars pour sa capture, le chef de l’EI est resté libre. Il a réussi à échapper à l’érosion de son «califat» puis à son annihilation. Ces derniers mois, il aurait été vu dans la région d’Hajine puis d’Al-Baghouz, dans le sud-est syrien, au bord de l’Euphrate. Mais dès la mi-février, les commandants kurdes qui menaient les assauts assuraient qu’Al-Baghdadi s’était enfui.

L'Etat islamique avait anticipé sa chute. «Six mois avant, ils ont mis à l'abri plusieurs hauts cadres opérationnels pour recomposer des cellules en Syrie et en Irak. Ils ont également sécurisé des dizaines de millions d'euros de leur trésor de guerre», expliquait récemment une source sécuritaire française.

Les jihadistes continuent depuis à frapper en Syrie, surtout dans la région de Raqqa, et en Irak, dans les provinces de Diyala, Salaheddine, Anbar, Kirkuk et Ninive. Ses attaques vont des attentats en passant par des assassinats et des kidnappings. Sans territoire, le groupe est repassé à la clandestinité.

L'EI est aussi actif à l'étranger, entre autres en Afghanistan, au Nigeria, aux Philippines ou en Egypte. Dans sa vidéo, Al-Baghdadi se vante de cette présence hors de Syrie et d'Irak et évoque «92 opérations dans 8 pays pour venger le "Cham" ["la fin du califat"]». A la fin de l'enregistrement, il feuillette des dossiers bleu et blanc, où l'on peut lire «province de Somalie» et «province de Turquie».

Dans un message audio, Al-Baghdadi revendique enfin les attaques au Sri Lanka de dimanche, menées, selon lui, pour se venger des pertes de l'EI à Al-Baghouz. Plus de 250 personnes ont été tuées le jour Pâques dans des attentats contre des églises et des hôtels. Il avait fallu deux jours à l'organisation jihadiste pour les revendiquer. Les liens exacts entre le groupuscule (le National Thawheed Jamaat), donné pour responsable du massacre par les autorités sri-lankaises, et l'Etat islamique ne sont pas encore connus.

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