une sihouette d'homme en train de courir réalisé en pixels de couleur

Aïe : notre temps d’attention a encore diminué !

© Lexx via Getty Image

Votre temps d’attention semble se réduire, même sur les sujets d’actualité importants ? Vous pouvez paniquer, c’est effectivement le cas !

Alerte ! Notre temps d’attention global est en chute libre. Et ce n'est pas une vue de l'esprit, c'est le résultat d'une étude à grande échelle menée par des chercheurs allemands et publiée dans la revue Nature.  Pour cela, ils se sont rendus sur les plateformes en ligne les plus utilisées afin d’analyser la rapidité avec laquelle les tendances se font et se défont.

Sur Twitter, plus de 43 millions de tweets postés entre 2013 et 2016 ont ainsi été analysés. L’objectif était d’identifier les 50 hashtags les plus populaires du moment. Alors qu’en 2013, ces derniers pouvaient rester près de 17,5 heures dans cette liste, trois ans plus tard, cette durée s’est raccourcie à 11,9 heures. Même constat d'accélération sur Google ou Reddit où ont été sélectionnées les tendances les plus fortes entre 2005 et 2015.

Le cinéma et la littérature sont aussi touchés

Pour les chercheurs, cette réduction du temps d’attention ne touche pas que le web. L’accélération du flux d’informations touche aussi le cinéma. Ainsi, le rythme des sorties de films a lui aussi beaucoup changé. Dans les années 80, un blockbuster était conçu pour engranger des entrées sur plusieurs semaines. Les sorties étaient donc espacées de quatre mois en moyenne. En 2018, ce temps « d’attente » est passé à... deux semaines.

Plus étonnant, certaines expressions écrites parues dans les livres ont, elles aussi, perdu en temps de vie. En comparant une centaine d’années de littérature à Google Book, les chercheurs ont constaté que certains termes particuliers étaient utilisés sur des périodes de 6 mois dans les livres du XIXe siècle. Au XXIe siècle, « les expressions à la mode » ne restent vivantes que pendant un mois.

Les infos « lentes » ont moins de place

Pour Sune Lehmann, chercheur à l’université technique du Danemark et co-auteur de cette étude, cette accélération peut jouer des tours aux médias et à ceux qui les consomment. « Je pense que de nombreuses personnes ressentent une forme de fatigue avec cette masse d’information, explique-t-il. Mais cette manière de consommer de plus en plus rapidement des médias reste excitante et exaltante pour beaucoup de gens. Si un site web décide de vendre de « l’information lente », il doit surmonter un plus grand challenge. Comprendre en profondeur un problème complexe est devenu quelque chose de difficile et d’un peu ennuyeux. » Ce constat rejoindrait les précédentes recherches sur le sujet de l’attention et de la mémoire qui alerte sur l’état de notre cerveau face aux réseaux sociaux.

Plus d’infos = plus de places pour tout le monde ?

Interrogé par le site OneZeroSebastián Valenzuela, un professeur en journalisme et communication de masse à l’université de Madisson (Wisconsin) considère que cette accélération du temps d’attention reste bénéfique. Pour lui, certains individus qui avaient plus de difficulté à contribuer au discours public, pourraient attirer plus facilement l’attention. « Les gardiens traditionnels de la culture, de l’information et de l’actualité sont en train de perdre du pouvoir », indique-t-il. Pour lui, cette question d’accélération peut être résolue avec plus de technologie et de moyens humains. « Les organisations doivent plus investir pour filtrer et digérer l’information, explique-t-il. La technologie est coupable de cette surcharge d’informations mais elle peut aussi être responsable de sa solution. »

De manière ironique, certains médias résistent mieux à cette accélération. Il s’agit des articles de Wikipédia et des papiers de recherches scientifiques. Comme quoi, il reste encore de l’espoir…

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David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.
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