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Boire de l’eau : conseils et idées reçues

Publié par Caroline Henry  |  Mis à jour le par Mathilde Pujol

En collaboration avec Dr Laurence Plumey (médecin nutritionniste)

L’eau représente 65 % de notre poids et possède un rôle essentiel dans notre organisme. Pour bien s’hydrater, il est temps de mettre fin aux préjugés sur cette boisson et de répondre à ces questions : faut-il boire de l’eau pendant les repas ? Peut-on boire de l’eau glacée ? Faut-il attendre la sensation de soif pour boire ? La Dre Laurence Plumey, médecin nutritionniste, nous donne les clés d’une bonne hydratation.

Boire de l’eau régulièrement au cours de la journée favorise l’hydratation et réduit l’appétit. Mais à quel moment la boire ? En quelle quantité ? Et à quelle température ? On répond à vos questions.

Peut-on boire de l’eau pendant les repas ?

Contrairement aux idées reçues, deux à trois verres pris à table ne perturbent pas la digestion.

Boire raisonnablement pendant les repas est même souhaitable, souligne la Dre Laurence Plumey, médecin nutritionniste. Cela augmente, en effet, les chances de couvrir ses besoins en eau – 1,5 l en moyenne par jour, soit six à huit grands verres – pour la plupart d’entre nous qui ne peuvent pas s’hydrater sur leur lieu de travail, ou n’y pensent pas. 

Oui, l’eau dilate l’estomac, mais pas plus que les aliments : elle a donc sa place à table et fait partie du menu sans risque de souffrir de troubles digestifs, à condition, bien sûr, de ne pas boire toute la carafe ! Elle permet même de réduire l’appétit, ce qui est intéressant pour les personnes désireuses de contrôler leur poids.

Faut-il attendre d’avoir soif pour boire de l’eau ?

Non, car ce signal se manifeste quand l’organisme est déjà déshydraté ! « Il se déclenche sous l’impulsion de mécanorécepteurs qui, situés sur la paroi des vaisseaux sanguins, surveillent la pression artérielle, explique la spécialiste. Lorsque le corps est en déficit d’eau, la pression artérielle baisse. Les récepteurs envoient alors un message au centre de régulation de la soif, situé sur l’hypothalamus, et déclenchent le besoin de boire ».

Comme le manifestent nos fréquents passages aux toilettes, la perte en eau s’étale tout au long de la journée. Pour être sûr de maintenir un bon niveau d’hydratation, il faut donc boire régulièrement, sans attendre la soif, au saut du lit, à table, entre les repas. « Le bon réflexe ? Un verre d’eau après chaque pause pipi », conseille la spécialiste.

Pourquoi vaut-il mieux boire en petites quantités que d’un seul coup ?

Pour le bon fonctionnement de l’organisme, un taux d’hydratation régulier est préférable à une alternance de phases de déshydratation/réhydratation.

« Toutes nos cellules ont besoin d’eau en permanence pour bien fonctionner », précise Laurence Plumey. « La soif n’est d’ailleurs pas le seul symptôme clinique d’une déshydratation : elle peut s’accompagner de maux de tête, de fatigue, de vertiges, voire de bourdonnements d’oreilles, et d’une baisse de la concentration et des performances intellectuelles et physiques. Et lorsque les urines deviennent trop concentrées, le risque de calculs et d’infection urinaire augmente ».

Il est donc préférable de boire régulièrement tout au long de la journée.

Boire chaud : quel effet sur la désaltération ? L’hydratation ?

Il ne faut pas confondre la désaltération qui correspond à une sensation en bouche, et l’hydratation qui correspond à un apport en eau. Pour ce qui est de la désaltération, il est vrai que l’on a davantage l’impression de calmer sa soif en buvant frais et pétillant qu’en buvant chaud. Pour ce qui est de l’hydratation, cela ne change rien. Boire chaud est une tradition dans les pays chauds : cela peut sembler paradoxal et pourtant, cela favorise la sudation, et donc le refroidissement du corps. Dre Plumey

Pourquoi boire très froid ou glacé n’est pas bon pour le corps ?

Cela fait mal aux dents, fragilise la gorge et agresse la sphère digestive. « C’est en particulier déconseillé aux personnes qui, opérés de l’estomac, ont un petit volume gastrique. Chez elles, l’eau arrive dans l’intestin grêle sans avoir eu le temps de se réchauffer dans l’estomac et provoque des troubles intestinaux (douleurs, diarrhées…) : c’est le dumping syndrom », explique la nutritionniste. Pour se rafraîchir par temps chaud, on préfère une eau à 8-12 °C.

Trop boire peut-il favoriser la rétention d’eau ?

Non, car à partir du moment où la fonction rénale est en bon état, le corps s’adapte aux apports hydriques pour maintenir le plus possible un capital d’eau constant dans l’organisme. Quand on boit beaucoup, on élimine beaucoup ; quand on boit peu, on élimine peu.

Le phénomène de rétention est lié à un début d’insuffisance veineuse, ou, plus rarement, à un début d’insuffisance cardiaque ou à un problème rénal, distingue la nutritionniste. Le liquide passe alors des vaisseaux sanguins dans les tissus où il stagne et génère de l’œdème. 

Les jus de fruits sont-ils moins sucrés que les sodas ?

La réponse est non : ils affichent approximativement les mêmes quantités de glucides et de calories.

Cependant, les jus de fruits (100 % pur jus et jus à base de concentré) contiennent uniquement les sucres naturels des fruits, à savoir le glucose et le fructose, contrairement aux sodas qui ne renferment que du sucre ajouté, le saccharose, souligne Laurence Plumey. De plus, comme les fruits dont ils sont issus, ils apportent des antioxydants, des vitamines ainsi que des minéraux. 

Mieux vaut donc boire un jus de fruit qu’un soda, mais en le comptant comme une des deux à trois portions de fruits qu’il est recommandé de consommer chaque jour.

Les boissons gazeuses sont-elles trop salées ?

Seules certaines d’entre elles sont déconseillées en cas de régime sans sel car elles contiennent effectivement des quantités non négligeables de sodium (plus d’1 g/l), sous la forme de bicarbonate de sodium. À l’inverse, elles sont recommandées pour lutter contre l’acidité en cas de troubles digestifs (acidité gastrique, reflux…) ou de sport intensif.

Les autres boissons gazeuses contiennent plus ou moins de sel, mais dans des proportions plus raisonnables. Quant à l’eau plate, elle n’en contient qu’à l’état de traces (moins de 20 mg de sodium par litre).

Les enfants et les personnes âgées doivent-elles boire plus d’eau ?

Non !

Leurs besoins hydriques sont les mêmes que ceux des adultes, à savoir 1,5 l par jour, note la Dre Plumey. Chez l’enfant de moins de 3-4 ans, ils sont même inférieurs : 1 l/jour. En revanche, ces populations sont beaucoup plus sensibles à la déshydratation

Chez le nourrisson dont le corps est composé à 75 % d’eau (65 % chez l’adulte), tout déficit hydrique peut entraîner en quelques heures une défaillance des organes vitaux. Chez la personne âgée, cela peut provoquer une chute brutale de la tension artérielle.

« Or, l’un comme l’autre sont davantage exposés, le bébé parce qu’il a du mal à s’exprimer, la personne âgée parce que son système d’alerte de déclenchement de la soif fonctionne moins bien. Il faut donc leur proposer régulièrement à boire, surtout s’il fait chaud ».

Combien de litres d’eau faut-il boire ? Quelle quantité par jour ?

Il est généralement conseillé de boire entre 1,5 litre et 2 litres d’eau par jour. Tout dépend de son poids et de son niveau d’activité dans la journée. Retrouvez ci-dessous les explications de la Dre Isabelle Tostivint, néphrologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris).

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