La méthodologie. L’étude, financée par la fondation Bertarelli et présentée lors de la Conférence Internationale des Journalistes Scientifiques à Lausanne, se concentre sur deux groupes d’îles de l’archipel des Chagos, dans l’océan Indien.
Un groupe d’île est envahi par les rats, l’autre non. Les chercheurs y ont examiné:
La présence d’oiseaux marins
L’état du récif corallien
Les algues poussant ou non dans la région
Les communautés de poissons qui y vivent
Les observations ont été réalisées une première fois en 2016. Elles ont été répétées en 2018, deux ans après un blanchiment des coraux.
Le blanchiment des coraux. Il s’agit d’un dépérissement des coraux lors de périodes de fort stress environnemental, par exemple dans le cas d’un réchauffement des températures océaniques. Dans ces conditions, les coraux expulsent les algues unicellulaires avec lesquelles ils sont en symbiose, ce qui entraîne une baisse de leur apport en nutriments.
Les résultats. En 2016, avant le blanchiment des coraux, les chercheurs constatent déjà des différences entre les deux groupes.
Sans surprise, les îles envahies de rats n’ont presque plus d’oiseaux marins, les premiers dévorant les œufs des seconds.
Quel que soit leur régime alimentaire, les poissons sont plus nombreux autour des îles sans rats.
En 2018, après le blanchiment des coraux, ils observent que:
Avec ou sans rats, la quantité de corail a chuté de 32%.
Les algues se sont fortement répandues. Cette progression a été plus importante autour des îles sur lesquelles il n’y a pas de rats et une plus forte présence d’oiseaux de mer.
Les communautés piscicoles ont mieux résisté au blanchiment des coraux autour des îles sur lesquelles il n’y pas de rats et une plus forte présence d’oiseaux de mer.
Comment expliquer ces résultats. Une étude précédente avait noté que la présence des rats, en faisant disparaître les oiseaux de mer de certaines îles, avait fait chuter les apports en azote et en phosphore, provenant principalement des déjections aviaires.
Pour les auteurs de la nouvelle étude, cette baisse en nutriments disponibles pour les communautés piscicoles, les algues et les coraux fragiliserait fortement l’ensemble de l’écosystème local, le rendant plus vulnérable à des bouleversements environnementaux comme le changement climatique.