Derrière la démission de François de Rugy, un Emmanuel Macron fragilisé

François de Rugy, à la droite d'Emmanuel Macron ©Maxppp - LUDOVIC MARIN
François de Rugy, à la droite d'Emmanuel Macron ©Maxppp - LUDOVIC MARIN
François de Rugy, à la droite d'Emmanuel Macron ©Maxppp - LUDOVIC MARIN
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Les journaux étrangers analysent la démission du ministre français comme un revers pour Emmanuel Macron qui voit sa promesse de moraliser la vie politique "détruite". En Italie Matteo Salvini affirme que le groupuscule néo-nazi dont l'arsenal a été découvert lundi voulait s'en prendre à lui.

Dans la presse étrangère ce matin on commente la démission François de Rugy,  mais c'est en fait surtout d'Emmanuel Macron dont il est question.  

François de Rugy, c'était "un pilier de la Macronie", pose d'emblée The Wall Street Journal, et son départ sur fond d'argent public dilapidé en dépenses personnelles luxueuses, eh bien c'est "un revers", pour le président français. Et il arrive au pire moment : celui où "Emmanuel Macron semblait enfin arriver à faire oublier son image de président des riches". 

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Le mouvement des gilets jaunes a beau être "à bout de souffle", lit-on encore dans le Wall Street Journal, les récits des repas entre amis à l'hotel de Lassay, les images surtout des homards géants et des bouteilles de vin à 500 euro/pièce, tout ça ne fait que "remettre de l'essence sur les braises encore mal éteintes, de cette colère française contre une élite parisienne perçue comme arrogante et privilégiée".  

Vu d'Allemagne, ce qui frappe la Suddeutsche Zeitung c'est le décalage entre un François de Rugy qui s'était bâti une image de moralisateur de la vie parlementaire  et ce que Médiapart nous a appris sur son supposé train de vie aux frais du contribuable. "Sa démission, écrit Léo Klimm, est un signe de changement politique en France. Il n'y a pas que l'ex-ministre qui ne digère pas le homard : les citoyens eux non plus ne le supportent plus, comme ils n'acceptent plus ce qui a longtemps semblé naturel  dans la vie politique française, le luxe et les privilèges réservés à ceux qui les gouvernent".  

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Et voilà qui nous ramène à Emmanuel Macron dont le Financial Times nous rappelle qu'il a été hué, sifflé par quelques centaines de personnes, dimanche lors du défilé du 14 juillet sur les Champs Elysées. Signe que l'affaire ou plutôt les affaires Rugy n'étaient pas supportables pour le président français, lui qui "se voyait ces derniers mois en phase avancée de réconciliation avec son peuple". Et pourtant El Pais en Espagne rappelle que, publiquement en tout cas, Emmanuel Macron et l'exécutif ont maintenu leur soutien à François de Rugy à travers une éprouvante semaine de révélations quasi-quotidiennes. 

Le magazine britannique The New Statesman n'y va pas par quatre chemins : pour Pauline Bock, cette séquence restera comme particulièrement "destructrice", pour l'une des grandes promesses d'Emmanuel Macron : celle de moraliser la vie politique française, de faire le ménage dans les pratiques archaïques du "vieux monde". En celà François de Rugy et ses homards en étaient arrivés à "personnifier le décalage criant entre les attentes, réelles en la matière, de la population française, et les réticences de son élite à renoncer à son confort". 

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Enfin, un aspect peut-être secondaire à toute cette affaire, mais relevé par Richard Werly du Temps : avec la démission de François de Rugy, Emmanuel Macron perd une bataille importante, dans la "guerre qui s'est progressivement installée entre la Macronie et le journal en ligne Médiapart. La majorité présidentielle accuse souvent l'équipe d'Edwy Plenel de d'enquêter uniquement 'à charge', sur la base d'informations non vérifiées. Mais cette fois, Médiapart n'a pas été mis en défaut", note Richard Werly, qui relativise tout de même : en ce qu'elle n'implique pas directement le cercle présidentiel, l'affaire Rugy ne devrait pas causer à l'image d'Emmanuel Macron les mêmes ravages que ceux de l'affaire Benalla... il y a très précisément un an.

En Italie, Matteo Salvini se présente en victime de l'extrême-droite.  

C'est en rapport avec la découverte lundi d'un impressionnant arsenal appartenant à un groupuscule néo-nazi : des armes, des insignes du troisième reich, et même un missile air-air en parfait état de marche, retrouvés dans un hangar près de Pavie dans le nord de l'Italie.  

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Depuis vingt-quatre heures, on guettait la réaction du ministre et leader du parti lui-même de droite extrême la Lega, et cette réaction est donc arrivée hier, nous dit La Stampa : toujours prompt à surprendre son public, Matteo Salvini a expliqué à la presse que le réseau néo-nazi démantelé lundi voulait en fait s'en prendre à lui, qu'il avait reçu des menaces de mort et qu'il était donc la victime dans cette affaire.  

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Le soucis, poursuit Il Fatto Quotidiano, c'est , depuis ces déclaration du ministre, les enquêteurs ont expliqué qu'il n'y avait aucun élément permettant de confirmer cette théorie.  En fait, Matteo Salvini fait référence à cette enquête qui avait été lancée suite au témoignage d'un ancien agent des services secrets russes, lequel avait déclaré à ses homologues italiens avoir entendu des "ultra-nationalistes ukrainiens pro-nazi", en pleine guerre du Donbass, évoquer un projet de meurtre contre Matteo Salvini.  Cette piste, ajoute Il Manifesto, a bien été suivie par les enquêteurs italiens, elle ne s'est pas révélée concluante... mais c'est en espionnant des conversations en ligne de militants néo-nazis que les policiers ont pu remonter jusqu'à la cache d'armes de Pavie. 

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Vous l'aurez compris, l'affaire est encore nébuleuse, mais pas assez pour offrir à Matteo Salvini le statut de victime qu'il tentait de se donner. Et c'est d'autant plus surprenant de voir le ministre évoquer l'Ukraine et ses défenseurs soit-disant néo-nazis, quand on sait, avec les dernières révélations de La Repubblica, que les soupçons de financement russe pour son parti la Lega  n'ont pas fini de l'embarrasser dans l'opinion publique et dans l'enceinte du Parlement italien où le ministre va devoir se soumettre aujourd'hui aux questions des députés.

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