Menu
Libération
Chronique «A l'heure arabe»

Les Soudanaises à l’avant-garde de la dernière révolution arabe

A l'heure arabedossier
Toutes les semaines, chronique de la vie quotidienne, sociale et culturelle dans les pays arabes.
par Hala Kodmani
publié le 7 septembre 2019 à 15h41

Asma Mohamad Abdallah, 73 ans, vient d’être nommée ministre des Affaires étrangères dans le nouveau gouvernement formé jeudi au Soudan, issu de l’accord de partage du pouvoir entre les civils et les militaires. Ce n’est pas tout à fait une première dans le monde arabe, puisqu’en Mauritanie une femme a occupé ce poste en 2015, pendant quelques mois seulement. Mais c’est un marqueur des avancées démocratiques accomplies depuis un an par une révolution soudanaise où les femmes ont pris une place remarquée.

Les images de la magique et dynamique jeune étudiante toute de blanc vêtue qui haranguait la foule en chantant et dansant sur le toit d'une voiture en avril avaient envahi les réseaux sociaux. La scène se déroulait devant le quartier général militaire de Khartoum où un sit-in de plusieurs semaines a réclamé et obtenu le renversement du dictateur islamiste Omar el-Béchir. Alaa Salah, 22 ans était devenue une icône des manifestants en déclamant un poème sur la liberté. Elle s'était présentée comme une héritière des «Kandaka», les souveraines nubiennes qui régnaient avant l'ère chrétienne. Une affiliation revendiquée également par une autre nouvelle figure féminine de la scène politique soudanaise, Raja Nicolas Abdel Massih, juriste sexagénaire et chrétienne. Elle est l'une des deux femmes membres du Conseil souverain du Soudan, l'instance agréée entre les militaires au pouvoir et «les forces de la liberté et du changement» (regroupement de l'opposition civile), pour gérer la transition vers la démocratie.

Les deux parties ont mené de longues et âpres négociations pour s'accorder sur la mise en place des instances de transition. Dans le nouveau projet de Constitution, le code de la famille a supprimé toute discrimination envers les femmes. Celles-ci doivent par ailleurs occuper 40% des sièges de l'Assemblée législative de 300 membres qui doit être mise en place d'ici le 15 novembre.

«Qui avance sur le bon chemin finit par arriver», dit la nouvelle ministre des Affaires étrangères en citant un proverbe soudanais. La diplomate de carrière qui avait été écartée depuis 1989 de toute fonction à la suite du coup d'Etat d'Omar el-Béchir, considérée comme peu compatible avec le nouveau pouvoir islamiste, fait un retour en force à l'âge de la retraite.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique