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Mères voilées lors de sorties scolaires : Blanquer s'oppose à la FCPE

Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a critiqué mardi matin une affiche de la FCPE défendant la présence de mères voilées lors des sorties scolaires.

Anne-Charlotte Dusseaulx , Mis à jour le
Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, dans une école de Créteil, le jour de la rentrée scolaire.
Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, dans une école de Créteil, le jour de la rentrée scolaire. © Sipa Press

"Je considère qu'ils ont fait une erreur, je leur demande de la corriger tout simplement." Les mots sont de Jean-Michel Blanquer . Mardi matin sur BFMTV, le ministre de l'Education nationale est revenu sur une affiche de la FCPE, montrant une femme voilée et sa fille, où l'on peut lire : "Oui, je vais en sortie scolaire, et alors?" Ce que ne cautionne donc pas Jean-Michel Blanquer : "Le fait que des organisations essaient de flatter le communautarisme pour avoir des voix n'est pas une bonne chose", a-t-il encore argumenté, rappelant que les élections de parents d'élèves se tenaient prochainement.

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La réaction du ministre a été jugée "scandaleuse" par Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE, interrogé par l'AFP. "Cette affiche a été envoyée en interne à toutes nos sections départementales, elle faisait partie d'un lot dans le cadre du matériel électoral en vue des élections", a-t-il expliqué, regrettant que cette affiche, "sortie de son contexte ait été instrumentalisée par des réseaux d'extrême droite et par Laurent Bouvet, fondateur du Printemps républicain et membre du conseil des sages de la laïcité, institué par M. Blanquer".

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Laurent Bouvet, qui promeut une laïcité stricte, a en effet détourné l'affiche sur ses comptes Facebook et Twitter, en remplaçant par exemple le visage de la femme par des visages de djihadistes. "Le manque d'humour terrifiant de ces gens n'a d'égal que la violence de leur haine", a écrit ce dernier en réaction sur les réseaux sociaux.

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La FCPE "assume"

L'affiche en question figure parmi une série de cinq posters destinés à la campagne FCPE pour les élections de la mi-octobre :

affichesOK

Cinq affiches ont été distribuées par la FCPE.

(Site de la FCPE)

"Nous assumons cette affiche car elle correspond à la réalité et nous n'avons pas d'injonction à recevoir ni d'un ministre, ni d'un gouvernement", a renchéri Rodrigo Arenas sur BFMTV, insistant sur le manque de parents bénévoles pour accompagner les sorties scolaires : "On est bien content de trouver ces mamans pour que les enfants puissent aller dans les musées…"

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Que dit la loi?

Le sujet des femmes voilées lors des sorties scolaires est régulièrement revenu sur le devant de l'actualité ces dernière années :

  • en mars 2012, Luc Chatel, alors ministre de l'Education, publie une circulaire où l'on peut lire, dans un chapitre consacré à la laïcité : "Ces principes permettent notamment d'empêcher que les parents d'élèves ou tout autre intervenant manifestent, par leur tenue ou leurs propos, leurs convictions religieuses, politiques ou philosophiques lorsqu'ils accompagnent les élèves lors des sorties et voyages scolaires."
  • en décembre 2013, interpellé par le Défenseur des droits, le Conseil d'Etat estime que les mères voilées accompagnant les sorties scolaires ne sont pas soumises aux "exigences de neutralité religieuse". Avec quelques nuances : "Les exigences liées au bon fonctionnement du service public de l'éducation peuvent conduire l'autorité compétente, s'agissant des parents qui participent à des déplacements ou des activités scolaires, à recommander de s'abstenir de manifester leur appartenance ou leurs croyances religieuses." La circulaire Chatel continue de s'appliquer.
  • en octobre 2014, la ministre Najat Vallaud-Belkacem, auditionnée par l'Observatoire de la laïcité, déclare : "Le principe, c'est que, dès lors que les mamans ne sont pas soumises à la neutralité religieuse […], l'acceptation de leur présence aux sorties scolaires doit être la règle et le refus l'exception."
  • en début d'année 2019, dans le cadre du projet de loi "sur l'école de la confiance" porté par Jean-Michel Blanquer, les sénateurs LR avaient déposé un amendement - adopté contre l'avis du gouvernement, mais retoqué par la suite en commission mixte paritaire - visant à interdire les signes religieux ostentatoires pour les parents accompagnateurs lors des sorties scolaires, auquel Jean-Michel Blanquer ne s'était pas montré hostile sur le fond. "C'est un débat, un serpent de mer, qui revient depuis des années. Quand on n'est pas dans l'école, on n'est pas dans l'école", avait pour sa part déclaré Gabriel Attal, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer.

Lire aussi - Projet de loi Blanquer : ces 4 sujets de crispation qui devraient disparaître du texte

En décembre 2017, invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, Jean-Michel Blanquer avait affirmé, évoquant son "approche personnelle", que "'toute personne qui accompagne les élèves est en situation d'être ce qu'on appelle un collaborateur bénévole du service public (...) qui doit se conformer à un certain nombre de devoirs".

Qu'en pense Emmanuel Macron?

"Je n'ai pas une réponse univoque sur ce point", avait répondu le chef de l'Etat en avril 2018, alors que Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel l'interrogeaient sur les propos de son ministre. Le Président faisait alors une distinction :

>"Si elles sont en responsabilité pour l'école, elles n'ont pas à porter le foulard parce qu'elles sont sous la laïcité de l'Etat, si elles sont en fonctionnaires, en quasi-fonctionnaires ou en collaborateurs occasionnelles du service public, elles ne peuvent pas porter le foulard."

> "Si elles sont dans un cadre qui est à côté de cela, elles sont citoyennes, elles ont leur identité, elles sont là et la société elle n'est pas laïque et leur permet d'avoir le voile."

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