C’est une magnifique victoire des islamistes. Au pays de Voltaire, de la République laïque et des Lumières, désormais une femme musulmane sur trois se promène voilée dans l’espace public. Voilà un des enseignements de l’enquête menée par l’IFOP pour la Fondation Jean-Jaurès publiée par Le Point. On peut rétorquer à juste titre que l’écrasante majorité (68 %) des femmes interrogées ne porte pas le foulard. Mais le sens de la courbe a de quoi inquiéter même les plus optimistes d’entre nous. En 2003, elles étaient 24 %, elles sont aujourd’hui 31 %. Combien seront-elles dans dix ans, quinze ans ? D’autant que ce sont les jeunes générations qui le portent. Celles de 18 à 45 ans. Par conviction religieuse (60 %) ou par affirmation identitaire (33 %). Ce qui nous fait un bloc islamique politico-religieux jeune, implanté et dynamique. Celui qui pense par ailleurs que la loi anti burqa était une mauvaise chose (70 % des musulmans de moins de 25 ans).
Les femmes voilées ne sont pas des victimes
Ceux qui les plaignaient d’être obligées de se soumettre par peur ou par obligation devront se faire une raison. Cette peur et cette obligation font loi dans les pays où règne la charia et celles qui l’enfreignent se mettent en danger. Ici, en France, c’est au nom d’une identité politico-religieuse qu’on affirme crânement sa différence, tant pis si ce bout de chiffon signifie la prison ou les coups de bâton, en Iran, en Arabie ou en Afrique sub-saharienne. On peut considérer que certaines femmes sont victimes de la pression sociale, de la norme qui règne désormais dans de nombreux quartiers. C’est exact. Un nombre non négligeable le porte pour « avoir la paix ». Mais la majorité s’en revendiquent. C’est un acte militant. De fierté identitaire.
Les femmes voilées sont parmi les plus éduquées
Nous avons cru que l’école éclairerait les ténèbres de l’obscurantisme et que plus elles auraient recours à l’éducation, moins les femmes seraient tentées par une religion qui les relègue au statut d’éternelles inférieures. Hélas, non. C’est au sein des « Bac + 5 » que l’on trouve la proportion la plus élevée de femmes voilées. Des têtes bien faites, sous un voile bien tiré. Qui théorisent leur émancipation comme un rejet de l’esprit français oppresseur, colonial et raciste… Tant pis pour le statut des femmes : l’essentiel est d’être « anti-laïcard » et anti-universaliste, les deux mamelles de la spécificité française.
« Grâce à tous les idiots utiles de l’islamo-gauchisme, de l’indigénisme et du décolonialisme présents dans la classe politique et les médias, on peut estimer que la bataille politique du voile a été gagnée par les islamistes. »
Prenons acte : la femme voilée fait désormais partie du paysage français. Au nom de sa liberté. Cette liberté pour laquelle tant de femmes dans ce pays se sont battues dans le cadre d’un chemin vers l’émancipation et l’égalité. Mais grâce à tous les idiots utiles de l’islamo-gauchisme, de l’indigénisme et du décolonialisme présents dans la classe politique et les médias, on peut estimer que la bataille politique du voile a été gagnée par les islamistes. Une musulmane sur trois, c’est une force politique, idéologique qui impressionne la société et toutes les musulmanes non-voilées…
Le combat se déplace désormais ailleurs, dans une orthopraxie de plus en plus visible : 82 % des musulmans pensent que les enfants devraient pouvoir manger halal dans les cantines scolaires. 54 % pensent qu’on devrait pouvoir affirmer son identité religieuse au travail. Et même si 43 % estiment que c’est à l’islam de s’adapter à la laïcité, 27 % pensent que la charia devrait s’imposer par rapport aux lois de la République. Glaçant.
« Lorsque les trois lycéennes de Creil ont lancé les hostilités en refusant d’ôter leur voile en 1989, rares sont ceux qui ont compris que l’enjeu dépassait largement le port d’un bout de tissu sur la tête. »
On peut une fois encore se rassurer en soulignant les 70 % qui sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle « la laïcité permet aux musulmans de pratiquer librement leur religion ». Mais quelle laïcité ont-ils en tête ? Celle prônée par les tenants d’une laïcité souple et inclusive qui souhaite faire de la France un système de tolérance religieuse proche du modèle anglo-saxon ? Ou celle des républicains attachés à loi de 1905 selon laquelle l’État ne reconnaît et ne subventionne aucun culte et protège la liberté de conscience ? Toutes les interprétations sont possibles.
L’islam politique est bel est bien en marche
Tout a commencé il y a trente ans avec la spectaculaire polémique autour du foulard, plaçant immédiatement la femme musulmane comme un enjeu, un trophée de guerre brandi par les islamistes. Lorsque les trois lycéennes de Creil ont lancé les hostilités en refusant d’ôter leur voile en 1989, rares sont ceux qui ont compris que l’enjeu dépassait largement le port d’un bout de tissu sur la tête. Que cette instrumentalisation habile du « droit » des jeunes musulmanes à aller en cours était en réalité un des premiers signaux de l’irruption en France d’un islam politique bien décidé à reprendre en main la communauté.
À droite, on défendait le voile à l’école par respect de la tradition religieuse : ce sera le cas de l’archevêque de Paris, des catholiques, de Philippe de Villiers… À gauche, on le défendait au nom du respect de l’autre, de ses valeurs, par peur d’avoir l’air discriminant. En première ligne, SOS Racisme et Harlem Désir, le MRAP, la Ligue des droits de l’Homme, l’extrême gauche (à l’exception d’Arlette Laguiller), une bonne partie des socialistes, Danièle Mitterrand.
Seuls parmi les ministres, Jean-Pierre Chevènement (Défense) et Jean Poperen (Relations avec le Parlement) résistent. Jack Lang (Culture) et Michel Rocard (Premier ministre) trouvaient le principe de laïcité dépassé… Claude Allègre était persuadé que l’affaire serait oubliée « aux vacances de la Toussaint ». Lionel Jospin, ministre de l’Éducation, préféra s’en laver les mains et s’en remettre au Conseil d’État… qui choisit de laisser les proviseurs trancher au cas par cas ! Une belle débandade. Et un compromis intenable jusqu’à ce que la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux à l’école vienne définitivement trancher la question.
« Trente ans après, le voile fleurit tranquillement partout. La bataille de l’école a peut-être été perdue avec la loi de 2004 mais pas la guerre de l’islam politique. »
Cinq intellectuels vont sauver l’honneur de la gauche républicaine en publiant un appel en novembre 1989 dans les colonnes du Nouvel Observateur : Élisabeth Badinter, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Élisabeth de Fontenay et Catherine Kintzler. Dans leur retentissant appel, « Profs, ne capitulons pas ! », ils écrivent : « Si l’on veut que l’école reste ce qu’elle est – un lieu d’émancipation – les appartenances ne doivent pas faire la loi à l’école. » Ils seront punis de leur audace : à partir de cet instant, les bien-pensants de gauche considèreront qu’ils ont sombré dans le camp de la réaction. Une façon de clore le débat lorsqu’il est gênant, qui ne cessera de se reproduire jusqu’à aujourd’hui.
Avec le recul, Alain Finkielkraut s’interroge aujourd’hui sur la forme de ce combat : « Je ne sais plus si je milite encore sous le drapeau de l’universel car la France ne peut pas se vanter d’en être le propriétaire. Je vois bien que la laïcité française n’est ni comprise ni partagée dans le monde anglo-saxon. J’en viens donc à défendre la particularité de la France en tant que telle. » Au nom de l’universel, la France a commis des crimes, c’est exact. Lorsqu’elle soumettait l’Europe sabre au clair à l’époque napoléonienne. Lorsqu’elle colonisait l’Afrique sous la IIIe République. Lorsqu’elle portait la guerre dans le monde arabo-musulman au nom de la démocratie et laissait derrière elle un champ de ruines.
Il a été dévoyé, c’est sûr. Mais faut-il renoncer à la promesse de liberté et d’égalité que contient l’universel des Lumières ? Faut-il renoncer à porter la liberté des femmes et leur égalité avec les hommes, comme des valeurs qu’aucune religion ou régime n’a le droit de piétiner sans nous piétiner tous ? Trente ans après, les « musulmanes » qui résistent chacune à leur manière, à la chape de plomb du fondamentalisme, ont peut-être envie qu’on ne l’oublie pas totalement.
Le laxisme,voilà notre erreur, mais ce n’est pas la seule il faudrait une grande feuille pour y inscrire ce chapelet d’erreurs. Il faudrait aussi du courage pour engager la sauvegarde de nos lois.
Si toutefois un réveil devait remplacer le cri du coq, il se fera certes mais en sourdine, avant combien de cris étouffés l’entendrons-nous.
Trente ans déjà, mais, quel était l’âge de ces élèves, étaient-elles majeurs, mais non, ceci ne fut jamais soulevé.
Le constat est si pessimiste que nulle envie de tweeter… pour claironner de tels chiffres. Pourtant cette réalité-là s’impose, avec plus de nuances peut-être en allant voir de plus près l’enquête IFOP ?
Le voile qu’il soit identitaire ou religieux, porté par des femmes instruites ou non, est un message contradictoire avec l’idée du vivre-ensemble. Il constitue un cri de mépris craché au visage de chaque citoyen et de chaque citoyenne qui: vit en union libre, ne pratique aucune religion, est homosexuel, s’est déjà fait avorté, pratique la contraception, pense que la femme est l’égale de l’homme et j’en passe… Le porter, c’est affirmer haut et fort quotidiennement à la face de ses concitoyens: voici ce que je crois! Votre mode de vie est mécréant et je le rejette! Dans une société civilisée et multiculturelle, cette affirmation est une agression et tolérer l’agression c’est, et ce sera toujours, un signe de faiblesse. Personne ne devrait avoir à supporter cela.
Bravo pour cet excellent article qu’il faudrait envoyer en copie à tous les membres du gouvernement, du Sénat et aux principaux médias français.
Notre bien-pensants de gauche sont responsables de cette situation catastrophique avec un retour en arrière de plus en plus difficile.
Faudra-t-il un jour en arriver à devoir défendre nos principes, nos valeurs et notre vision du monde arme au poing ?
Ceux qui nous gouvernent sont complètement inconscients et nous mènent droit dans le mur.
C’est ce qu’on dit – et ce qu’on vit – depuis belle lurette. Déjà à la fin des années 90 quand j’étais au lycée, on avait découvert que les familles musulmanes ne payaient pas la cantine pendant 1 mois parce que c’était le ramadan. Et nous on payait jusqu’au 30 juin alors que les cours s’arrêtaient début juin (pour laisser les salles libres aux épreuves du bac). Puis à l’université début des années 2000, les étudiantes musulmanes pouvaient assister aux cours voilées de la tête aux pieds et gantées. Quelle idiote j’étais ! Je croyais que la laïcité et la République s’appliquaient aux universités…
bientôt France nouvelle république islamique soumise à la charia
C’est bien cela : un des résultats de quarante ans de “déconstruction des bases sociales” s’étale sous nos yeux. Je dis bien quarante ans, car avant l’affaire des foulards de Creil, le petit peuple subissait déjà les inconvénients du “multiculturalisme” dans leur cité, et leurs enfants le subissait à l’école. Les menaces, les insultes, les coups installaient la domination de la racaille et les bases du rejet assumé qui ont servi le projet islamiste. Avant le problème politiqie, il n’y a eu qu’un problème d’ordre et de délinquance…
Ceux qui alertaient, ou simplement exprimaient ce malaise étaient à leur tour insultés (fachos !) par la bien-pensance de gauche et les relais de la clique socialiste, assisté de la start-up SOS Racisme. La déconstruction de la société érigée en but absolu est devenu la radicalité qui a créé l’indigénisme, le décolonialisme et l’islamo-gauchisme. Bon article !
Qui à été dévoyé ? Finkie ?!! Je ne le crois pas, tant qu’il disait vrai ! Pour une fois qu’il met des vérités historiques au clair. Pour ce qui est du problème de fond, je crois que le laxisme et un laisser-faire coupables en sont la source. Pareille situation en ce qui concerne la politique de l’immigration. On gère pas un problème de fond en faisant du clientélisme politiqye pendant des décennies; ce dernier étant un des maux français. Évident, mais personne n’ose l’évoquer. Les socialistes ont eu leur heure de gloire tout en sabotant les règles élémentaires de la République. Maintenant que le paysage social est en ruines, ils pleurent leurs privilèges perdus! Une constante demeure, même si la France serait gouvernée un jour par une créature extra-terrestre, elle demeurera toujours un Pays de Droite !
Le propos de cet article me semble provocateur et fumeux. Une occasion de plus de fustiger une communauté particulière sans grande influence, foulard sur la tête ou pas ! Quel Islam politique ?! Et quelle France universaliste ?! Allez regarder sur Arte.tv la Thématique d’hier ou la chaîne a exposé plusieurs documentaires sur l’Islam politique, ses moyens et ses sources de financement. Et surtout son incohérence. Prenez un peu de recul et aller voir les musulmans en Angleterre ou en Allemagne, avant de crier au loup. Essayez un peu de voir qui parlent en leur nom et quel est leur quotidien. Au moins, en Suède, en Allemagne et en Angleterre existent une politique et des lois qui sont respectés par tous , bon gré mal gré; ce qui n’est pas le cas en France. Que diriez-vous des filles de mon pays, l’Egypte, qui portent le foulard “par coquetterie” ?!!! Arrêtez de prendre les gens pour des cons. Montrez-moi un pays musulman ou tout se passe à merveille dans le meilleur des mondes ! Si les musulmans d’Europe sont en Europe, ce n’est pas une preuve flagrante de la faillite de leur propres systemes economico-sociaux (et politiques par dessus le marché) ?!!!
Raison de plus pour contenir l’expansion de l’islam si c’est un support catastrophique pour les économies des pays dans lesquels il a la parole
Danielle Mitterrand opposée à l’interdiction du voile, comme elle était opposée à l’interdiction de l’excision. S’opposer à la lutte contre le sexisme au nom de l’antiracisme et ce-faisant être raciste soi-même: je doute qu’elle aurait été d’accord d’être elle-même excisée, mais ce qui lui aurait paru intolérable pour elle, visiblement était tout à fait acceptable pour les femmes non-blanches.
Quand on confond universalisme-humanisme et racisme, qui est le raciste ?
je constate encore et toujours, cette confusion pernicieuse entre “musulmane” et “arabe” ! De grandes personnalités française d’origine arabe, ont mentionné haut et fort, leur athéisme (Madame Bougrab par exemple, ou Zineb El Rhazoui) afin de bien préciser qu’elles ne sont pas “françaises musulmanes” ! Quand je m’annonce, étant agnostique, je ne me définis en aucune manière comme “français chrétien” !
A Alex Caire : “Quel islam politique” dites-vous ? Mais de qui vous moquez-vous ? Les attentats, les égorgements de ces dernières années… les morts ne sont-ils pour vous qu’un “détail” de l’histoire récente ? La grande mosquée de Poitiers érigée, selon l”imam, en mémoire de la “bataille du Pavé des Martyrs” (732) n’est-elle pas une outrance de l’islam politique ? J’aimerais savoir si dans la Turquie des Frères musulmans, une simple stèle en mémoire du génocide arménien pourra être érigée un jour ?
Prenez donc du recul et ne craignez pas de suivre l’actualité du fondamentalisme musulman en France et dans toute l’Europe.
Merci Madame Breseghello pour votre commentaire. En effet, je ne suis pas aveugle devant les crimes ou la déviance de certains terroristes qui commettent des atrocités sous un prétexte religieux. Ces cas ressortent du terrorisme que nous stigmatisons tous. Et l’histoire humaine en regorge, hélas ! Quant à la mosquée de Poitiers, cette mention n’a pas lieu d’être, puisque les faits en 732 se sont déroulés lors d’une bataille sur une terre chrétienne; donc ces pertes humaines ont été subies lors d’un combat pour une conquête et non pas, à mon avis, lors d’une défense d’une terre musulmane ou celle d’un lieu sain.
Quant à la Turquie, je pense que l’opinion publique n’a pas encore tranché sur le problématique arménien ou ne veut pas l’admettre afin d’éviter un règlement politique gênant.
Le problème de l’Islam politique est bien plus sérieux qu’il ne faudrait l’agiter sous le prisme de la question du voile qui , elle, ressort du domaine social qui touche, à son tour, à la vie de tous les jours. La majorité des musulmans de France, c’est à dire les simples citoyens qui ont fui, d’une façon ou d’une autre, l’injustice dans leurs propres pays et qui ne sont pas représentés par des instances responsables sont, à mon avis, dépassés par cet Islam politique et n’aspirent qu’a vivre en paix. Aucun gouvernement français n’a osé aborder ces problèmes de face et mettre les instances chargés de représenter les musulmans de France devant leurs responsabilités. Ceci pour une raison de « public relation » et de « marketing politique ». Suivons de près les retombées du dernier discours d’Eric Zemmour qui ne tarderons pas à secouer l’opinion publique pour se rendre compte de la complexité de ce problème !
Merci beaucoup à Valérie Toranian pour cet article clair et courageux, que je qualifierais aussi volontiers de vivifiant si la réalité dont il parle n’était si triste.
Lislam en France a pris une trop grande place et il est tant que tous le monde se réveille, ce pays est la France, celui qui veut de ses règles et ses lois repartent chez lui . La France est un pays catholique et non mulsuman. Il est temps sérieusement que les français se réveille. Je n’ai pas envie de laisser un pays à mon enfant ou la loi de la charria sera omniprésente dans 10 ans. Français je vous appelle à vous réveiller maintenant.