Jerry (deuxième à droite) avec les militants de Bascos / Arcolan. Crédits : Bascos / Arcolan
Jerry (deuxième à droite) avec les militants de Bascos / Arcolan. Crédits : Bascos / Arcolan

Un migrant nigérian homosexuel a été arrêté par la police et transféré vers le centre de rétention administrative de Bordeaux. Il risque d’être expulsé vers le Nigeria, où l’homosexualité est passible de 14 ans de prison.

Placé en centre de rétention administrative (CRA) à Bordeaux après avoir été arrêté par la police mercredi 3 octobre dans un bus entre Bayonne et Pau, un migrant homosexuel nigérian risque l’expulsion.

Jerry, 41 ans, avait fui le Nigeria il y a trois ans, après avoir été molesté à cause de son orientation sexuelle, dans un pays où l’homosexualité est passible de 14 ans de prison maximum. Au moment des faits, Jerry raconte qu’il se trouvait en compagnie de son petit ami, qui n’aurait pas survécu à ses blessures. Jerry, lui serait tombé dans le coma et aurait pris la fuite dès son réveil.

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"Au sein du CRA il est paniqué"

En France, le migrant s’était rapproché de l’association des Bascos / Arcolan qui vient en aide aux personnes LGBT . "Nous avons très peur que Jerry soit renvoyé au Nigéria et nous ne comprenons pas pourquoi l’État français considère ce pays comme sûr alors qu’il ne l’est pas pour les homosexuels", commente Benat Ghachen, président de Bascos / Arcolan.  

"Nous sommes en contact avec Jerry. Au sein du CRA il est paniqué", indique Benat Gachen. Habituellement, il est suivi par un psychiatre, à cause du traumatisme qu’il a vécu.

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"C’est compliqué de prouver que vous êtes homosexuel"

"Il y a 3 ou 4 ans nous avions vécu une situation similaire à Hendaye avec une jeune femme nigériane et homosexuelle qui était menacée d’expulsion. La préfecture avait fini par lui accorder une autorisation de rester en France pour des raisons humanitaires", se souvient Benat Gachen. Le militant espère un geste similaire de la part des autorités préfectorales pour le cas de Jerry, pour qui tous les recours ont été épuisés.

Débouté du droit d’asile par l’Ofpra , Jerry a essuyé un refus de la CNDA  en juin, à la suite de quoi il a reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

"L’Ofpra et la CNDA ne l’ont pas cru. C’est compliqué de prouver que vous êtes homosexuel, ça n’est pas écrit sur vos têtes ou votre corps. Sachant que l’homosexualité n’est pas toujours dite et vécue de la même manière en fonction des pays. Au Nigeria c’est prendre un risque que d’en parler, ça demande beaucoup de courage", fait valoir Benat Gachen.

L’association et son avocate ont déposé un recours auprès du tribunal administratif de Pau et celui-ci a été rejeté fin septembre. Ils envisagent désormais de s’adresser au tribunal administratif de Bordeaux, où se trouve le CRA dans lequel Jerry est retenu.

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