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Des chercheurs démontrent que la pollution peut endommager la mémoire

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude menée sur des milliers de personnes en Angleterre indique que celles vivant dans les zones les plus polluées sont plus susceptibles de voir leur capacité de mémorisation décliner plus vite.

La pollution de l’air a des effets significatifs sur la santé, pour les personnes vulnérables (femmes enceintes, jeunes enfants, personnes souffrant de pathologies cardiovasculaires, insuffisants cardiaques...) mais aussi pour la population mondiale tant d'un point de vuecardiovasculaire que respiratoire. De nombreuses études récentes tendent à démontrer qu'un autre organe du corps est lui aussi impacté : le cerveau. Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université de Warwick montre que la mémoire des personnes vivant dans les régions d’Angleterre où les niveaux de dioxyde d’azote (NO2) etde particules fines (PM10) sont plus élevés serait particulièrement altérée.

Pour en venir à cette conclusion, les chercheurs ont fait appel à 34 000 citoyens répartis dans 18 zones géographiques anglaises, à qui il a été demandé de retenir dix mots. Le test a été ajusté pour tenir compte des facteurs ayant une influence sur la qualité de la mémoire, comme l'âge, la santé, le niveau d'éducation, l'origine ethnique, la situation familiale et le statut professionnel. Dans la revue Ecological Economics, ils affirment que la différence de qualité de la mémoire entre les zones les plus propres (districts de Devon et West Somerset) et les plus polluées (Kensington et Islington à Londres) d'Angleterre est équivalente à la perte de mémoire résultant d'un vieillissement supplémentaire de 10 ans.

Neuf personnes sur dix respirent un air pollué dans le monde

« Lorsqu'il s'agit de se souvenir d'une suite de mots, un cinquantenaire résidant à Chelsea, zone polluée, affiche le même score qu'un sexagénaire à Plymouth », expliquent les auteurs. Ces derniers affirment ne pas être mesure d'expliquer concrètement comment le dioxyde d'azote et les particules fines causent cet effet négatif. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le dioxyde d'azote et les particules fines sont reconnus pour leur incidence sur les affections bronchiques, les inflammations pulmonaires et l’altération des fonctions pulmonaires. Les concentrations de ces molécules sont généralement plus importantes dans les zones urbaines des pays à revenu faible ou intermédiaire.

« Il existe peu de preuves précédentes de l'association négative entre de forts niveaux de pollution et la mémoire sur des sujets âgés et sur les enfants. Mais la plupart de toutes les recherches menées sur l'homme sur ce sujet se fondaient sur des corrélations élémentaires et non pas sur des échantillons représentatifs de la population à l'échelle d'un pays. Nous avons essayé de résoudre ces deux problèmes avec notre étude », concluent les chercheurs. Or, l'OMS indique que neuf personnes sur dix respirent un air contenant des niveaux élevés de polluants. Ses estimations révèlent que 7 millions de personnes meurent chaque année à cause de la pollution de l’air ambiant et de l’air à l’intérieur des habitations.

L'organisme met en premier lieu en garde contre le risque de cardiopathies ischémiques, d’accidents vasculaires cérébraux, de bronchopneumopathies chroniques obstructives, d’infections aiguës des voies respiratoires inférieures ou encore de cancer du poumon. Mais à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement de 2019, ses experts ont fait savoir que « de nouveaux éléments de preuves mettent en évidence d’autres effets de la pollution, tels que le diabète, les problèmes de développement neurologique chez l’enfant et les maladies neurodégénératives chez l’adulte ».  Les secteurs qui contribuent le plus souvent à cette pollution sont ceux de l’agriculture, de l’énergie, des transports et de l’industrie.