Les trottinettes en libre-service, (vraiment) pas si écolo que ça
Un récent rapport réalisé par Arcadis et portant sur l'impact environnemental des trottinettes électriques à Paris tend à démontrer que ce mode de transport très en vogue est loin d'être aussi "vert" qu'il n'y paraît.
- Publié le 10-12-2019 à 15h50
- Mis à jour le 10-01-2020 à 00h30
Un récent rapport réalisé par Arcadis et portant sur l'impact environnemental des trottinettes électriques à Paris tend à démontrer que ce mode de transport très en vogue est loin d'être aussi "vert" qu'il n'y paraît.
Une émission d'un peu plus de 105g de CO2 par kilomètre et par usager. Avec ce chiffre, auquel est parvenue la société d'ingénierie, de conseil et de gestion de projets Arcadis dans son étude sur l'impact environnemental des trottinettes à Paris depuis l'été 2019, le mode de déplacement apparaît comme bien plus polluant que les transports en commun (74,8 grammes de CO2/km/usager pour les bus hybrides de la capitale française et 21,7g de CO2/Km/usager pour les bus électriques).
Pire, les trottinettes - qui ont envahi l'espace public en quelques mois - font presque jeu égal avec l'automobile, à condition que celle-ci transporte au moins 3 personnes. Dans les cas où seul le conducteur se trouve à bord, Arcadis avance que les émissions de CO2 plafonnent à 253 grammes au kilomètre.
La trottinette à la place du vélo
Le rapport d'Arcadis avance, outre le fait que les opérateurs aient largement mis en avant l'aspect "décarboné" des trottinettes, que les pouvoirs publics, par manque de recul concernant les courts cycles de vie des trottinettes ou leurs réelles conditions d'exploitation, n'ont pas su évaluer à sa juste valeur le niveau de pollution des engins de chez Lime, Dott, Flash ou encore TIER.
Dans le détail, l'étude explique que " plus de la moitié de ce chiffre provient de la fabrication et du transport et plus d'un tiers l'exploitation (c'est à dire des moyens déployés pour aller récupérer les trottinettes sur l'espace public, les recharger et les réparer hors-site) ", tout en précisant que " les émissions de GES dues à la consommation électrique des batteries sont marginales ".
Au-delà des émissions pures de CO2, Arcadis s'est également penchée sur le profil type de l'usager qui y a recours. Et là, les résultats ne plaident pas en faveur des trottinettes. En effet, en se basant sur les conclusions d'une enquête menée auprès des usagers par le cabinet 6T, plus tôt dans l'année, il apparaît que les trottinettes se substituent davantage... aux piétons et aux vélos qu'aux voitures. Ce qui a donc pour principale conséquence d'accroître le bilan carbone global des déplacements.
Des solutions
Au chapitre des solutions pour contrer ce que certains militants considèrent déjà comme un désastre écologique, l'étude prône " une plus grande exigence dans le cahier des charges sur la localisation de fabrication, et/ou la présence d’un pourcentage minimum de matériaux recyclés dans les appareils ", ajoutant que " la fabrication d’aluminium recyclé émet 14 fois moins de CO2/kg que celui non recyclé ".
Autre piste privilégiée, et les nombreux cadavres de trottinettes qui jonchent les rues -et les pavés de notre capitale n'y échappent pas- en témoignent, l’allongement de la durée de vie des trottinettes. Au mois de mai, une enquête américaine assurait qu'un trottinette en libre-service ne survivait pas plus de 28 jours dans la rue.
" Les opérateurs ont fait sur les 6 derniers mois des efforts très importants en termes de maintenance et de réparation des pièces usagées – principalement pour des motifs économiques ", précise Arcadis, pour qui la solution passe également par l'optimisation de l'exploitation, via " la suppression ou la limitation de la collecte pour recharge (en rendant obligatoire ou en incitant la dépose sur des zones de recharges dédiées par exemple) ou encore par l’utilisation de véhicules électriques ou hybrides pour le ramassage ".
Le rapport sur l'impact environnemental rapporte que, dans l'éventualité où ces mesures seraient mises en place - débouchant sur une durée de vie minimale de 2 ans et des conditions de collecte optimales - les émissions pourraient tomber à 30 grammes de CO2 par kilomètre et par utilisateur. Un mal plus que nécessaire si les compagnies veulent convaincre les pouvoirs publics de maintenir leur autorisation d'exploitation.