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Enquête vidéo : Iran, massacre à huis clos

Sur la photo de gauche, un officier de police iranien tire sur quelqu'un. Sur la vidéo de droite, les manifestants lancent des pierres.
Sur la photo de gauche, un officier de police iranien tire sur quelqu'un. Sur la vidéo de droite, les manifestants lancent des pierres.
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Entre le 15 et le 18 novembre 2019, des centaines de personnes ont été tuées lors de manifestations contre la hausse massive et subite des prix de l'essence en Iran. Cette répression, menée par les forces de l'ordre iranienne, s'est déroulée dans un vrai huis clos : les accès Internet et même les télécommunications avaient été coupées par les autorités. Mais au rétablissement des connexions, des centaines de vidéos sont apparues en ligne, montrant comment des manifestants non armés se sont fait abattre ou blesser par armes à feu. Notre rédaction a analysé plus de 750 vidéos et photos amateur, en se concentrant sur celles montrant des tirs et des blessures. Grâce à une enquête inédite en vidéo, nous avons pu reconstituer plusieurs scènes d'exactions commises par les forces du régime envers les manifestants.

23/12/2020 - Nous sommes fiers d'annoncer que le prix 2020 de la presse diplomatique française a été décerné à notre  journaliste Ershad Alijani pour cette enquête. Il a dédié le prix "aux courageux citoyens iraniens qui ont risqué leurs vies pour documenter ce qui se passait."

Alors que les manifestations s'étendaient dans des dizaines de villes le 16 novembre, le gouvernement a mis en place ce que l'ONG NetBlocks, qui surveille la cyber-sécurité et la gestion d'Internet dans le monde, a qualifié de "coupure nationale presque totale d'Internet."

Un homme, qui a pris part aux manifestations à Shahriar, une ville ouvrière dans la grande banlieue de Téhéran, explique à notre rédaction : "J'ai pris beaucoup de photos et de vidéos, mais Internet était coupé, donc je ne pouvais pas les partager en ligne. Au final, j'ai dû les effacer car la police arrêtait les gens dans la rue et regardait leur téléphone".

Mais malgré la volonté de contrôle du gouvernement, des milliers d'images sont sorties après la répression, notamment via la messagerie cryptée Telegram, très prisée des Iraniens.

Comme toujours sur les réseaux sociaux, les images circulaient avec très peu, voire pas d'information", explique Ershad Alijani, journaliste aux Observateurs de France 24 et co-auteur de l'enquête vidéo de notre rédaction. "Les gens ne savaient pas quand et où elles avaient été prises".

 

 

Capture d'écran d'une vidéo amateur qui montre une mitrailleuse, montée sur un pickup, dans un marais près de Chamran, en Iran, le 18 novembre.

 

 

 

Cette image montre la localisation du pickup, de l'appareil qui filme la scène, et du marais. Selon un article du 1er décembre dans le New York Times, des hommes des Gardiens de la Révolution ont ouvert le feu sur des manifestants qui s'étaient réfugiés dans ce marais, le 18 novembre, tuant entre 40 et 100 personnes selon les sources.

Nous avons mené notre enquête en nous concentrant sur quatre villes : Shahriar, près de Téhéran ; Sadra, près de Shiraz ; Marivan, à l'ouest du pays ; et Mahshahr, sur le Golfe Persique. En utilisant des techniques de géolocalisation mêlées avec des informations fournies par les comptes postant les vidéos, nous avons pu déterminer la localisation exacte d'une trentaine de vidéos, montrant des hommes en uniforme faire feu sur des civils, en blessant certaines, en tuant d'autres.

Dans son dernier rapport datant du 16 décembre, l'ONG Amnesty International a référencé 304 morts au cours de ces manifestations. Le 23 décembre, Reuters faisait état de 1 500 morts, un chiffre dont l'agence de presse affirme qu'il lui a été fourni par des officiels iraniens haut placés.

Regardez le reportage de 15 minutes sur ce sujet :

 

 

 

 

 

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