Combien de députés ont vraiment quitté LREM depuis 2017 ?

Une vingtaine de députés environ ont quitté le groupe en deux ans et demi, dans des contextes et pour des raisons variées.

 Le groupe LREM ne compte plus que 302 membres (dont huit apparentés), contre 314 après les élections en juin 2017.
Le groupe LREM ne compte plus que 302 membres (dont huit apparentés), contre 314 après les élections en juin 2017. LP/Philippe Lavieille

    Une dizaine, 12, 13, 17, une vingtaine? À lire les articles et les commentaires publiés ces derniers jours, on s'y perd pour savoir précisément combien de députés La République en Marche (LREM) ont quitté le groupe parlementaire ou le parti depuis les élections législatives de juin 2017.

    On fait le point sur le nombre précis de départs, alors que certains évoquent déjà le risque pour LREM de perdre sa majorité absolue.

    Ceux qui ont quitté le groupe et le parti

    Au lendemain des élections législatives de juin 2007, le groupe de députés LREM comptait 314 membres, dont 5 « apparentés ». Ces derniers participent également à la vie parlementaire du groupe et disposent des mêmes droits, mais il n'ont pas le même statut et revendiquent une certaine distance avec le parti.

    Ce 4 mars janvier 2020, ils ne sont plus que 297 députés (dont 8 apparentés), en comptant le départ d'Albane Guillot annoncé ce mercredi et celui de Delphine Bagarry la veille. En deux ans et neuf mois, le groupe a donc perdu 17 députés élus sous l'étiquette LREM en juin 2017. Si ce rythme moyen d'un départ tous les deux mois se poursuit, le groupe LREM ne comptera plus que 285 députés à la fin de la législature en juin 2022, soit moins que la majorité absolue fixée à 289 membres.

    La majorité d'entre eux ont justifié leur départ pour des raisons de désaccords politiques, et ont rejoint le groupe Libertés et Territoires. Le premier d'eux, Jean-Michel Clément, n'avait pas supporté le contenu de la loi asile et immigration. La politique du gouvernement en matière d'immigration a aussi été la raison avancée, en novembre 2019, par Jennifer de Temmerman, partie rejoindre les non inscrits.

    Deux écologistes, François-Michel Lambert et Matthieu Orphelin, ont sauté le pas en raison notamment du manque d'ambitions du gouvernement pour le climat. Sandrine Josso, Paul Molac et Frédérique Dumas ont critiqué la « verticalité » du mouvement ou un manque d'attention des territoires. « J'ai noté des incohérences par rapport au projet initial et un manque de structure du mouvement, mais personne n'a pris mes remarques en considération », se désolait mardi Sandrine Josso auprès du Parisien.

    Joaquim Son Forget est, lui, parti après la polémique sur ses tweets insultants visant la sénatrice écologiste Esther Benbassa. Pour M'jid El Guerrab, c'est sa mise en examen qui l'a poussé à quitter de lui-même le groupe. Deux autres élus ont été carrément exclus : Sébastien Nadot, pour son vote contre le budget 2019, et Agnès Thill, pour ses propos polémiques sur la PMA pour toutes. M'jid El Guerrab est désormais membre du groupe Libertés et Territoires, les trois autres ont rejoint les rangs des députés non inscrits.

    Le mercredi 29 janvier, c'est Sabine Thillaye qui a été exclue du groupe parlementaire, après son refus de céder sa place de présidente de la commission des Affaires européennes.

    Si ce rythme moyen d'un départ tous les deux mois et demi se poursuit, le groupe LREM ne comptera plus que 289 députés à la fin de la législature en juin 2022, soit pile poil la majorité absolue. « Ça va se jouer à peu », pronostique Jean-Michel Clément, souhaitant « accueillir [dans son groupe Libertés et Territoire] celles et ceux qui auront manifesté une indépendance d'esprit proche de la nôtre ».

    Ceux qui ont quitté le parti… mais restent apparentés au groupe

    Une autre catégorie de députés LREM est composée de ceux qui ont quitté le parti, mais restent -au moins pour le moment- apparentés au groupe. Ils sont sept ans ce cas dans ce cas-là. Rien qu'en janvier 2020, Frédérique Lardet, Annie Chapelier et Valérie Petit ont tour à tour pris cette décision. En février, il y a eu Xavier Batut puis Hubert Julien-Laferrière. L'an dernier, il y avait eu Albane Gaillot, puis Pascale Fontenel-Personne.

    Ils sont restés apparentés au groupe, leurs critiques au moment de claquer la porte étaient extrêmement vives. Fin novembre, Pascale Fontenel-Personne avait dénoncé une « vieille politique opaque et calculatrice ». Deux mois plus tôt, Albane Gaillot avait jugé que « notre action n'est pas à la hauteur du réveil citoyen de ces derniers mois en matière d'environnement et de transition écologique ».

    Trois députés ont fait le chemin inverse, passant d'apparenté à membre à part entière : Annick Girardin, Sonia Krimi, et Laurence Maillart-Méhaignerie.

    Une autre élue, Marion Lenne, est dans un cas encore plus particulier : elle a annoncé le 28 novembre dernier sa décision de quitter le parti, tout en disant prendre le temps de réflexion quant à son avenir au sein du groupe. Ce mercredi, elle en est toujours membre à part entière, selon le site de l'Assemblée nationale.

    Ceux qui sont toujours membres du groupe, mais expriment des critiques

    D'autres députés sont toujours membres à part entière à la fois du parti et du groupe LREM, même s'ils ne se privent pas de critiquer la politique menée par l'exécutif, comme Sonia Krimi ou Jean-François Cesarini. « Je savais que j'aurais des gens très différents autour de moi, je ne découvre rien », indique la première, élue de la Manche et qui ne prévoit de quitter le groupe. À défaut, la députée a participé en juin dernier au lancement en son sein du Collectif social-démocrate, qui rassemble une vingtaine d'élus.

    Plusieurs dizaines de députés, toujours membres du groupe, sont par ailleurs très peu présents et actifs dans l'hémicycle.

    Bientôt de nouveaux exclus ?

    À cette liste, il faut ajouter le cas des autres députés LREM qui sont candidats dissidents aux élections municipales, comme Bruno Bonnell, ou de ceux qui les soutiennent. Seront-ils exclus à leur tour? Cette question n'est pas tranchée. Cédric Villani a été banni du parti mercredi soir en raison de sa candidature dissidente à Paris, mais il est resté membre du groupe..

    En résumé : depuis juin 2017, le groupe de députés LREM est passé de 314 à 297 membres, soit dix-sept de moins. Parmi eux, trois sont passés au statut, plus distant, d'apparentés. D'autres départs pourraient suivre, faisant planer sur le parti la menace de perdre la majorité absolue.