L'épisode de la semaine passée sur l'avenir du Commerce extérieur avait posé la première pierre. Manuel Valls soutenait Arnaud Montebourg dans sa volonté de conserver la politique économique à l'international dans le giron de Bercy. Mais c'est François Hollande qui a donné des gages à la "diplomatie économique" de Laurent Fabius.

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Qu'à cela ne tienne, dans son discours de politique générale, le Premier ministre a envoyé de multiples messages à son ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique. Morceaux choisis.

Sur le made in France

"Si nous voulons que la France reste une nation maitresse de son destin, nous devons lui rendre la force économique qu'elle a perdue depuis 10 ans. Il faut donc produire en France, créer de la richesse en France, créer des emplois durables en France. Pour faire reculer le chômage de masse."

Sur l'euro fort

En gras dans la version écrite de son texte. "Les efforts que nous faisons sur la réduction de nos déficits, sur nos réformes structurelles, sur la compétitivité des entreprises, sur le coût du travail, ne doivent pas être balayés par un niveau trop élevé de l'euro. Il est aujourd'hui 10% plus cher qu'à l'été 2012; ce qui évidemment pèse sur nos exportations." Il reprend ainsi quasi mot pour mot une critique souvent formulée par Arnaud Montebourg.

Sur l'austérité

"Je ne suis pas pour l'austérité, pas pour la remise en cause de notre modèle", a assuré Manuel Valls. Le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, a alors opiné du chef.

Sur le numérique

A Bercy, depuis le départ de Fleur Pellerin, le point d'interrogation concerne toujours l'avenir du numérique. Manuel Valls: "Notre monde, c'est aussi l'ère du numérique qui relie les hommes et qui accélère l'échange des savoirs, des marchandises, des services. Et c'est pourquoi la fracture numérique est bien plus qu'une fracture technique, c'est une fracture économique, sociale et culturelle!" Le Premier ministre ne prend pas de risque et se contente d'évoquer les infrastructures et l'aménagement du territoire. En revanche, pas un mot sur les dossiers sensibles comme les Télécoms, les participations de l'Etat (Orange, Dailymotion...), ou le suivi des mesures engagées avec les entrepreneurs du Web.

Sur les entreprises

Justement, Manuel Valls a annoncé toute une série de réductions de charges et de simplifications administratives pour les entreprises. "Nous agirons pour encourager les entreprises, pour soutenir la recherche et l'innovation", des périmètres qui appartiennent là encore à Arnaud Montebourg.

Le Premier ministre a affiché "sans détour" son effort de séduction du patronat. "Nous avons besoin de nos entreprises, de toutes nos entreprises, de nos PME, de nos "start-up", de nos artisans, de nos associations et coopératives. Entreprendre, créer, prendre des risques, embaucher: c'est cette démarche positive que je veux encourager parce qu'elle fait du bien à notre pays. Sortons des défiances, des postures, des caricatures. Et c'est pourquoi je salue nos entreprises, nos PME-PMI, nos artisans, nos agriculteurs, nos commerçants qui travaillent dur, qui aiment leur métier et qui considèrent que le travail est une valeur."

De quoi caresser quelque peu dans le sens du poil le patronat. Et donner du temps à Arnaud Montebourg sur le front de la politique économique.